Monde

Obama, de l'Égypte à la Normandie

Le discours fondateur si attendu

Rédigé par Anissa Ammoura | Vendredi 5 Juin 2009 à 11:36

Après le discours du Caire adressé au monde arabo-musulman – plutôt réussi selon les observateurs –, Barack Obama poursuit sa tournée internationale en Allemagne, avant de se rendre en Normandie samedi 6 juin, pour la commémoration du 65e anniversaire du débarquement.



« As salam alaykum », tels étaient les premiers mots de Barack Obama lors de son discours prononcé le 4 juin au Caire, retransmis, selon l'AFP, par plus de 30 télévisions de la région, mais aussi sur toutes les télévisions du monde. Naïveté, simple communication ou nouvelle ère diplomatique ? Toujours est-il que le président américain a enterré la hache de guerre bushienne et vient de poser les bases d'un nouveau dialogue, entre les États-Unis et le monde arabo-musulman. « Je suis venu pour marquer le début d'une nouvelle ère fondée sur le respect mutuel », a-t-il notamment déclaré, ponctuant son discours, long de presque 50 minutes, de quelques citations de versets du Coran.

Ses propos ont globalement bien été accueillis malgré le manque d'un plan détaillé d'actions concrètes et certaines réactions mitigées. Pour Issandr El Amrani, commentateur politique égyptien, « le point le plus fort est probablement que la situation des Palestiniens est intolérable. J'aurais aimé entendre une approche plus précise de la question de Gaza, du blocus persistant et de la pénurie de matériaux de construction ».

Pour le porte-parole du président de l'Autorité palestinienne, Nabil Abou Rdaïnah, « son appel à l'arrêt de la colonisation et à la création d'un État palestinien, ainsi que ses propos sur les souffrances des Palestiniens (...) signifient clairement à Israël qu'un État palestinien avec Jérusalem pour capitale est le fondement d'une paix juste (...) Le discours du président Obama est un bon début et un pas important vers une nouvelle politique américaine ».

Dans un communiqué officiel, le gouvernement israélien exprime « l'espoir que l'important discours prononcé au Caire par le président Obama conduira vraiment à une nouvelle ère de réconciliation entre le monde arabo-musulman et Israël ».

Pour Ali Al Dabbagh, le porte-parole du gouvernement irakien, « ce discours historique et important illustre l'approche positive de la nouvelle administration et marque un nouveau départ. L'usage de versets du Coran contribue largement au changement positif de l'image, mais des actes sont nécessaires. Le gouvernement irakien est satisfait que le président s'engage sans équivoque à respecter ses engagements envers l'Irak et le calendrier de retrait mentionné dans le pacte de sécurité. Je crois qu'il y a un engagement clair en faveur de la création d'un État pour les Palestiniens et de leur droit à la vie, mais les Arabes souhaitent que des pressions s'exercent sur Israël pour qu'il cesse ses exactions à Gaza et en Cisjordanie ».

Pour Hassan Fadlallah, député du Hezbollah libanais, « le monde musulman n'a pas besoin de leçon de morale ni de sermon politique. Il a besoin d'un changement fondamental de la politique américaine, à commencer par l'arrêt complet du soutien à l'agression israélienne dans la région, en particulier celle des Libanais et des Palestiniens, le retrait américain d'Irak et d'Afghanistan et la fin de son ingérence dans les affaires des pays musulmans. L'administration américaine porte la responsabilité des problèmes évoqués par Obama. (...) Nous n'avons constaté aucun changement de la politique (américaine) à l'égard de la cause palestinienne ».

Deuxième tour d'Europe

Du côté français, le discours du Caire a été perçu comme une déclaration « majeure » tant du point de vue « symbolique » que « politique ». Selon le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Éric Chevallier, « il montre des États-Unis d'Amérique résolument tournés vers le dialogue, la tolérance, le respect mutuel, le refus de toute perspective de tensions entre cultures, entre civilisations ».

Barack Obama doit justement terminer sa deuxième tournée européenne – express – par la France, pour la commémoration du 65e anniversaire du débarquement allié. Son séjour éclair en Allemagne lui a permis de rencontrer la veille, à Dresde, la chancelière Angela Merkel, où celle-ci a grandi. Le président américain devait également visiter ce même jour le camp de concentration nazi de Buchenwald : un passage important puisque le grand-oncle de Barack Obama, Charlie Payne, 84 ans, a participé à la libération de camp en 1945 comme soldat de la 89e division d'infanterie américaine. Dernière étape : la visite de l'hôpital militaire américain de Landstuhl, où sont soignés les GI blessés en Afghanistan ou en Irak.

Barack Obama est ensuite attendu à Caen, ce samedi 6 juin, par son homologue français, Nicolas Sarkozy, pour les cérémonies du débarquement. En compagnie de nombreux invités, personnalités politiques et vétérans, ils se rendront ensemble sur les plages normandes du débarquement et dans le cimetière américain de Colleville-sur-Mer. Au-delà de la célébration et de la représentation, cette rencontre est l'occasion pour les chefs d'État de s'entretenir sur plusieurs dossiers complexes, allant (selon Les echos.fr) du bilan des engagements pris au sommet du G20 au nucléaire iranien, en passant par la situation de l'Afghanistan.



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