Votre revue de presse

Obama et la fin du mirage de l’Afrikamérique

Rédigé par pouf.badaboum@gmail.com | Jeudi 30 Juillet 2009 à 01:27

Barack Obama n’a pas choisi au hasard le Ghana pour son premier pas en Afrique : il s’agit pour lui de rendre hommage aux grands aînés tout en sonnant officiellement le glas du fantasme, longtemps entretenu dans la communauté noire américaine, d’un retour au pays natal.



Le discours de Barack Obama lors de son premier voyage en Afrique subsaharienne il y a quelques semaines, marqué par sa fermeté à l’endroit des complaisances africaines en matière de corruption, d’irresponsabilité sanitaire, de bellicisme et de posture tiers-mondiste, a été salué pour son éthique de responsabilité.

On était loin de l’hystérie qui avait accompagné le voyage du président Clinton en 1998 ; habillé en kente (l’habit traditionnel), ce dernier avait salué avec lyrisme la nation ghanéenne, fer de lance d’une « Renaissance africaine ». Les commentateurs s’accordent pour voir dans ce ton nouveau vis-à-vis de l’Afrique la liberté de parole permise à un président d’origine kenyane qui parlerait « aux siens » et leur dirait donc les choses sans fioritures, comme on se parle en famille. Sauf qu’Obama n’est pas vraiment africain, et que le Ghana n’est pas complètement l’Afrique.

Première nation d’Afrique noire à se libérer du joug britannique en 1957, l’ancienne Gold Coast est devenue un symbole d’émancipation pour les Noirs du monde entier et singulièrement pour les Africains-américains. Kwame N’Krumah, père de l’indépendance et héros panafricain, offrit en effet à une Amérique noire qui entamait sa lutte pour la reconnaissance de ses droits une lueur d’espoir et une justification de leur engagement : le peuple noir pouvait défaire ses oppresseurs.


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Auteure : Sylvie Laurent, maître de conférences Sciences-Po Paris, en histoire politique et littéraire des Africains-Américains.