Monde

Obama, toujours plébiscité par les Noirs et les Hispaniques

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Jeudi 6 Septembre 2012 à 01:00

L’échéance approche à grand pas pour Barack Obama. Le président américain sera-t-il réélu ? Dans deux mois, le 6 novembre, le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu. Pour l’heure, la campagne bat son plein. Alors que la convention démocrate s'est ouverte à Charlotte, en Caroline du Nord, mardi 4 septembre, Barack Obama peut compter sur le vote des minorités ethniques mais leur abstention pourrait lui coûter sa place à la Maison Blanche.



Le président Barack Obama, signant un autographe, sur le tarmac de l'aéroport Louis Armstrong, à la Nouvelle-Orléans, en juillet 2012. (Photo : © Official White House / Pete Souza)
« Nous devons une fois encore nous rassembler, et nous dresser pour l'homme en lequel nous pouvons croire pour faire avancer ce pays », a lancé à la foule Michelle Obama, lors du premier jour de la convention démocrate mardi 4 septembre. La femme de Barack Obama a dressé un portrait élogieux de son mari, en soulignant qu’il était toujours resté « le même homme », depuis son élection à la tête des Etats-Unis, il y a quatre ans.

Quelques jours après celle de son adversaire républicain Mitt Romney, la convention démocrate d’une durée de trois jours, va permettre au parti de nommer officiellement Barack Obama comme candidat à la présidentielle. Son discours d'investiture dans un stade de 73 000 places est prévu pour la soirée du jeudi 7 septembre. Un public multiethnique est attendu, car les premiers supporteurs du premier président noir des Etats-Unis sont les minorités ethniques du pays. En 2008, ils avaient permis à Barack Obama de faire une entrée historique à la Maison Blanche.

Les minorités ethniques majoritaires avant 2050

C’est un fait. Si la population américaine avait été uniquement blanche, Obama n’aurait pas été élu président des Etats-Unis en 2008. Alors que seulement 43 % des Blancs ont voté pour lui, 96 % des Noirs l’ont plébiscité comme les deux tiers des Hispaniques et une large majorité d’Asiatiques.

Ces minorités, qui représentent un tiers de la population américaine, sont clairement plus sensibles aux idées du Parti démocrate. En France, la communauté musulmane se positionne également majoritairement à gauche. Mais alors que les juifs votent plutôt à droite, aux Etats-Unis, ils se penchent à gauche et comme les musulmans affichent leur préférence pour Obama.

Au-delà de ces communautés religieuses, les minorités raciales des Etats-Unis devraient une fois encore se positionner du côté du président actuel. Dans un récent sondage Wall Street Journal/NBC, 94 % des Noirs disent avoir l’intention de voter pour Obama et 0 % pour Romney. Les 6 % restants se déclarent indécis.

Dans ce même sondage, 67 % des voix des Hispaniques vont à Obama contre 28 % à Romney. Leur poids est d’autant plus important qu’ils sont plus de 50 millions (soit 16,3 % de la population) et que leur croissance est extrêmement rapide. Selon les analystes, le candidat républicain, Mitt Romney ne pourra gagner que s'il arrive à recueillir 40 % du vote latino, comme l'avait fait George W. Bush en 2004, rapporte Le Monde.

D’ici à 2024, cette communauté va augmenter de 40 % pour dépasser 10 % des votants et beaucoup plus dans certains Etats comme le Nouveau-Mexique (35 %). Toutes les minorités qui penchent à gauche devraient d’ailleurs prendre du poids aux Etats-Unis.

Dernièrement, le Census Bureau, chargé des études démographiques, révélait qu’en 2011, les naissances de bébés non blancs avaient dépassé, pour la première fois, celle des bébés blancs. Hispaniques, Noirs, Asiatiques ou métisses : ces minorités ont constitué 50,4 % des naissances. Ces statistiques annoncent l’émergence du nouveau visage des Etats-Unis, où les minorités ethniques deviendront majoritaires avant 2050. Ces chiffres sont forcément un bon signe pour l’avenir du Parti démocrate, qui attire apparemment davantage ces populations.

Les républicains veulent empêcher les minorités de voter

Barack Obama devrait-il donc se réjouir ? N’allons pas trop vite, car il faudrait que les électeurs issus des minorités se mobilisent cette année. « L'élection de 2012 sera véritablement une bataille pour la participation, et son résultat dépendra largement de l'enthousiasme des minorités », estime ainsi une étude de l'institut indépendant Brookings, en mai.

En 2008, alors que les Noirs et les Blancs s’étaient mobilisés massivement (respectivement 65 % et 66 % de votants), moins d'un citoyen hispanique et asiatique sur deux s'étaient déplacés pour aller voter. Et les lois restrictives, adoptées dans les Etats conquis en 2010 par les républicains, entourant les formalités pour pouvoir voter ne vont pas arranger les choses.

Cinq millions de citoyens américains, jeunes, noirs et hispaniques, qui pourraient offrir leur voix à Obama, risquent de ne pas pouvoir participer à l'élection présidentielle du 6 novembre à cause de restrictions prises par les républicains.

A la mi-août, une cour fédérale avait estimé que la loi adoptée en Floride « rendrait matériellement plus difficile le vote de certains électeurs appartenant aux minorités ». Elle ramenait de 14 à 8 le nombre de jours d'ouverture des bureaux de vote précédant le jour officiel des élections et interdisait le vote du dimanche alors qu'en 2008 les Noirs avait été nombreux a voté en avance et sont habitués à voter le dimanche après la messe. Les juges ont donc interdit cette mesure mais seulement dans 5 comtés sur 67. Ailleurs, des lois contestées sont également mises en place pour contrer le vote des minorités.

Pas de vote hispanique ?

Le camp de Mitt Romney se protège de ce vote en leur défaveur. Mais les républicains ont-ils vraiment raison de craindre à coup sûr un vote des minorités en faveur d’Obama ? Ce n’est pas si sûr, d’après certains. En février, Courrier International reprenait l’article d’un journaliste chilien installé à New York,qui affirmait que le vote hispanique n’existait pas.

« La seule vérité c’est que ces 50 millions d’hispanos comptabilisés lors du dernier recensement sont tous différents : de par leur apparence, leur pays d’origine (…) leurs capacités linguistiques (23 % des immigrés de première génération parlent anglais, contre 88 % pour leurs enfants), leur niveau d’instruction et leurs revenus », avance José Manuel Simián, dans l’hebdomadaire chilien Qué Pasa, pour dénoncer ce mythe du vote hispanique.

Notons que, pour l’heure, les deux candidats, Barack Obama et Mitt Romney sont au coude à coude, tous deux crédités de 45 % d’intentions de vote, d’après un sondage Ipsos réalisé pour Reuters et publié le 2 septembre.

Vilipendés par le camp républicain, les musulmans devraient, une nouvelle fois, offrir leur voix à Barack Obama. Comme pour la communauté musulmane de France, lors de la dernière élection présidentielle, c’est une façon pour eux de se défendre par les urnes.