Points de vue

Obnubilés par l’antisémitisme, certains en deviendraient même islamophobes...

Rédigé par Musulmans progressistes | Jeudi 31 Juillet 2014 à 11:00



Manifestation contre l'antisémitisme et l'islamophobie, à Avignon, en 2010.
« Morts aux Arabes ! », « Qu’ils périssent ces serviteurs d’Allah », etc. Une nouvelle vague de haine envahit la Toile et celle-ci vient renforcer l’islamophobie habituelle dont sont victimes les musulmans de façon quasi quotidienne aussi bien sur les réseaux sociaux que dans la vie de tous les jours.

En effet, depuis le début du massacre de Gaza, plusieurs pro-Israéliens n’hésitent plus à cracher leur haine sur tous ceux qui auraient le malheur de ne pas adhérer favorablement à ce qu’Israël est en train de perpétrer dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Le plus paradoxal, c’est que cette haine émane des mêmes qui se scandalisent lorsque des faits antisémites ont lieu et qui donc pensent judicieux la généralisation ainsi que l’incitation à la haine.

S’il est important de rappeler que l’antisémitisme est un délit, il est tout aussi important de ne pas oublier que le racisme et l’incitation à la haine à l’égard des musulmans l’est également. Or, à ne lutter que contre une seule forme de racisme, certains en oublient l’existence d’autres. Pire encore, d’aucuns en arrivent même jusqu’à hiérarchiser les formes de racisme justifiant ainsi la priorité de la lutte contre l’antisémitisme au détriment de la déferlante islamophobe.

Non, il n’y a pas un racisme plus scandaleux qu’un autre et la haine doit être combattue avec la même virulence qu’importe qui elle cible. Une justice sélective n’est plus une justice et on ne peut revendiquer le droit au respect sans l’accorder aux autres.

Néanmoins, s’il y a eu des amalgames entre la légitime lutte antisioniste et l’illicite antisémitisme, cela doit, en partie, être imputé à diverses organisations qui se disent communautaires juives et qui ne cessent de crier sur les toits qu’elles soutiennent Israël allant jusqu’à manifester avec des drapeaux israéliens en hommage à des soldats sanguinaires. Puis, à croire l’un des représentants d’une association représentative : « La communauté juive dans sa très grande majorité soutient Israël, plus particulièrement à ce moment. » Le fait même que ce responsable associe la majorité de la communauté juive à Israël par son prétendu soutien peut donc contribuer à l’amalgame.

Car s’il est indéniable qu’il ne faille pas faire l’amalgame entre un juif en Belgique et la politique d’Israël, pourquoi le plus haut responsable communautaire dit dans un journal national : « La communauté juive dans sa très grande majorité soutient Israël » ? Si ce qui se passe au Proche-Orient n’est pas un conflit religieux ou ethnique, alors pourquoi évoquer la communauté juive de notre pays et son soutien majoritaire dans ce conflit ? Si l’importation du conflit nuit à la cohésion dans notre pays alors pourquoi des organisations qui se disent représentatives communautaires prennent position dans ce conflit de façon répétitive ?

La Belgique n’est pas atteinte par la violence de certains groupes extrémistes sionistes du type LDJ et autres qui n’hésitent pas à agresser d’éminents professeurs d’universités, des militants, des citoyens pour le seul tort d’avoir été pro-palestiniens.

Afin que ce genre de groupes ne voit pas le jour, un discours clair et en faveur de la paix doit être tenu par les responsables associatifs. Et en particulier dans ces moments de conflits, ce que l’on attend des responsables communautaires, c’est qu’ils soient justement responsables. Comment peut-on être légitime en minimisant ou en étant dans le déni de l’islamophobie et d’en même temps réclamer que l’on condamne l’antisémitisme ? Les valeurs de notre démocratie sont universelles et elles transcendent les communautés.

L’antisémitisme et l’islamophobie sont deux facettes d’une même pièce, ce qui importe, c’est de s’indigner et de condamner l’injustice, quelle qu’en soit la cible, par souci de cohérence et de justice !