Politique

« Où va la France ? » Ce qu’a dit Macron sur les musulmans, la laïcité, le « grand remplacement »

Rédigé par | Jeudi 16 Décembre 2021 à 13:30



Emmanuel Macron était l'invité de TF1/LCI pour l'émission « Où va la France ? » diffusée mercredi 15 septembre au cours de laquelle le président a dressé le bilan de son quinquennat. Capture d'écran TF1/LCI
« Où va la France ? » L’émission, consacrée en large partie à laisser Emmanuel Macron dresser son bilan des cinq années passées à l’Elysée, a été suivie mercredi 15 décembre par quelque 3,8 millions de téléspectateurs sur TF1, captant 18,3 % de part d’audience. Loin d’être un carton d’audience, l’interview a été, en tous les cas, l’occasion pour le chef de l’Etat de s’offrir un satisfecit général avant le lancement officiel de sa candidature à sa réélection qui tarde à venir. Il a reconnu avoir « de l'ambition pour la France au-delà d'avril 2022 » mais n'a rien livré quant à la date d'annonce de son grand bain dans la campagne électorale.

Face à Audrey Crespo-Mara et Darius Rochebin, Emmanuel Macron a fait part de ses regrets d'avoir « blessé des gens » tout en l'attribuant à sa « volonté de bousculer ». Il a, par ailleurs, défendu ses décisions prises ces dernières années, notamment celle de repousser la réforme des retraites en raison de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Sur ce point, il a indiqué qu'il n'exclut pas de rendre la vaccination obligatoire pour les adultes mais pas pour les enfants (5-11 ans).

Revenant sur l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020, il a indiqué la nécessité de « poursuivre le combat » contre l’islamisme radical. « Je pense que la pulsion de vie gagne toujours sur la pulsion de mort. Au sein même de la société, il y a des femmes et des hommes qui, au nom d'un ressentiment, ont appris à leurs enfants à haïr notre pays. (…) Il faut convertir les esprits, c'est un combat culturel, civilisationnel », a déclaré le président, évoquant au passage des « milliers » de contrôles et des « centaines » de fermetures d’associations. « Là aussi de manière inédite, plusieurs (mosquées) ont été fermées. »

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« La pire des choses face aux peurs, c'est de les exalter. »

Néanmoins, a insisté le président, « il faut convaincre tous ces jeunes que leur avenir, c’est la France et la République » sans les « combattre avec de la haine ». « Il faut à tout prix éviter de faire l’amalgame entre ce projet de division, de séparatisme, et l’islam parce qu’il y a des millions de nos compatriotes qui sont des citoyens tranquilles, qui aiment la République, qui respectent les lois de la République, et qui croient dans une religion qui est l’islam. Il faut qu’on puisse les respecter et qu’ils vivent dignement dans la société. C'est ça la laïcité », a-t-il appuyé, rappelant que la laïcité « n'est pas l'effacement des religions, le combat des religions ».

« C'est le respect, chaque citoyen a le droit de croire mais chaque citoyen doit respecter les lois de la République et on ne peut pas invoquer sa religion pour dire qu'on ne veut pas respecter la République », détaille le chef de l’Etat. « Mon message pour nos compatriotes qui croient en l'islam, c'est seulement d'être pleinement des citoyens et citoyennes de la République. »

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Emmanuel Macron a taclé les idées d’Eric Zemmour, sans jamais le citer, réfutant la théorie complotiste du « grand remplacement » que le candidat d’extrême droite porte. « Nous sommes une nation d'immigration. D'abord européenne, ensuite africaine depuis les années 1970. Nous avons fait appel à elle, elle a aidé à bâtir notre pays. Donc, quand j'entends des absurdités comme immigration zéro, c'est impossible à mettre en place », a-t-il fait savoir.

« Le grand remplacement n'est pas là, mais ce qui est vrai c'est que nous n'avons pas suffisamment intégré. Nous avons construit des quartiers avec tout le monde au même endroit, nous avons ségréguer », a-t-il de nouveau reconnu. « La pire des choses face aux peurs, c'est de jouer sur les ressentiments et de les exalter. »

Ses opposants politiques, tous partis confondus, n'ont pas attendu pour tacler le chef de l'Etat, accusé de faire de « la propagande » face aux Français. Plusieurs candidats en ont appelé au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour que l'intervention télévisée du président, qui aura duré deux heures, puisse être prise en compte dans le décompte du temps de parole dans les médias au nom de l'égalité entre les prétendants à l'Elysée. Le CSA a fait savoir qu’il « procédera à l'analyse du programme afin de déterminer la part du temps de parole du président de la République susceptible d'être décomptée au titre du débat politique national ».

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur