Les rues de Gaza sont maintenant désertes. Elles se sont vidées de l'immense cortège qui a accompagné, lundi 22 mars, la dépouille d'Ahmed Yassine au cimetière des martyrs, dans le quartier Cheikh Radounane.
Partout, les rideaux de fer des magasins ont été tirés. Le deuil de trois jours, décrété par Yasser Arafat, est respecté à la lettre. En milieu de journée, des centaines de milliers de Palestiniens se sont données rendez-vous dans le
Centre-ville pour suivre le convoi funèbre.
Réactions après le choc
Le Premier ministre palestinien, Ahmad Qoreï, a dénoncé mardi le 'terrorisme d'Etat' d'Israël en présentant à Gaza ses condoléances aux dirigeants du Hamas. Il a également déploré un acte 'ouvrant grand la porte au chaos'. Des milliers de Palestiniens affluent depuis lundi soir dans le stade pour présenter leurs condoléances pour la mort de cheikh Yassine, qui était très populaire dans la bande de Gaza.
Toutes les organisations palestiniennes, islamiques et laïques ainsi que les partis politiques présent dans la ville ont participé à la manifestation solidaire face à cet acte de barbarie cet attentat contre le Cheikh Ahmed Yassine.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, en dénonçant un 'terrorisme d'Etat sous sa forme la plus hideuse', a exprimé avec le plus de clarté l'indignation et la crainte du pire.
Le roi Abdallah II de Jordanie, qui, quatre jours avant l'assassinat, avait effectué une visite éclair en Israël, n'a pu lundi qu'exprimer sa 'colère' et sa 'douleur' après l'assassinat du cheikh Yassine. 'Ce crime, a-t-il dit, ne conduira qu'à plus d'escalade, de violences et d'instabilité.'
Le Hamas a désigné Abdelaziz Rantissi comme successeur du Cheikh Yassine comme nouveau chef spirituel du Mouvement de la résistance palestinienne. Agé de 56 ans Rantissi, porte-parole du Mouvement de la résistance « le Hamas »avait été le cofondateur avec Cheikh Yassine. Emprisonné à plusieurs reprises par Israël pour incitation à l'insurrection, déporté au Sud-Liban en 1992 durant la première Intifada, Rantissi a échappé de peu en juin dernier à des tirs de missiles israéliens contre sa voiture.
La riposte du mouvement Hamas 'atteindra des sionistes dans et hors d'Israël', a affirmé mardi un membre du bureau politique, Mohammad Nazzal. 'La riposte sera rapide. Ce sera un tremblement de terre qui atteindra des sionistes dans et hors d'Israël, quelle que soit leur importance', ces déclarations devant une foule de 15 000 personnes qui manifestait à Tripoli.
Sharon soutenu par son gouvernement et les Etats-Unis pour un 'meurtre légitimé'
Le ministre israélien de la sécurité intérieure, Tzahi Hanegbi, a indiqué mardi qu'Israël allait poursuivre sa politique de liquidation des chefs du Hamas. 'Nous sommes passés de la défensive à l'offensive et dans cette bataille, tous les membres de la direction du Hamas constituent des cibles légitimes', a affirmé ce ministre à la radio militaire. Le ministre de la défense, Shaul Mofaz, a pour sa part décrété le Hamas 'ennemi stratégique d'Israël'.
Le chef d'état-major de l'armée israélienne, Moshé Yaalon, a appelé mardi le mouvement chiite libanais du Hezbollah à 'ne pas jouer avec le feu' à la suite des tirs d'artillerie de la veille qui ont suivi l'assassinat du cheikh Yassine. 'Israël réagira à toute attaque sur sa frontière nord',de plus Sharon a présenté la victime comme 'le chef le plus éminent des assassins terroristes palestiniens'.
La Maison Blanche a commenté l'événement en recourant au balancement ordinaire entre le droit qu'a Israël de se défendre et la nécessité, mais bizarrement un changement s’est effectué en provenance du département d'Etat, dont le porte-parole, Richard Boucher, a exprimé, au cours de son point de presse quotidien, le 'trouble' américain. Il a souligné que 'toutes les parties' doivent se concentrer sur les mesures de nature à diminuer la violence et 'éviter les actions susceptibles d'augmenter la tension et de nuire aux efforts de paix.
Les porte-parole américains se sont donnés beaucoup de mal pour démentir toute complicité, active ou passive, dans l'assassinat. Les dirigeants de Washington aient préféré prendre leurs distances par rapport à l'opération israélienne. D'autre part, la colère provoquée par les événements de Gaza, dans le monde arabe, embarrasse M. Bush et son équipe.
Bilan de cet attentat, huit personnes ont été tuées au côté du fondateur du Mouvement de la résistance.