Sur le vif

Palestine : la mairie de Lyon renonce à organiser la table-ronde avec Salah Hamouri

Rédigé par Lionel Lemonier | Lundi 30 Janvier 2023 à 12:45



© Wikimedia/CC BY-SA 3.0
La pression a fini par l'emporter. Prévue à Lyon pour mercredi 1er février, la conférence qui devait se tenir en présence de Salah Hamouri sous l'égide de la municipalité a été annulée. Au lendemain d'une cérémonie du souvenir au cours de laquelle le nom du maire de Lyon a été huée par des représentants de la communauté juive, Grégory Doucet a renoncé à inviter l’avocat franco-palestinien. Revenu en France après son expulsion d’Israël en décembre 2022, celui-ci devait participer à une table-ronde à l'occasion des 30 ans des accords d’Oslo.

Dimanche 29 janvier, Florence Delaunay, adjointe au maire de Lyon, a été huée place Bellecourt où la communauté juive de Lyon était réunie devant le Veilleur de Pierre pour commémorer la libération du camp d’Auschwitz. Une partie de la foule a réclamé la démission du maire, absent. Deux jours plus tôt, le Grand Rabbin de Lyon avait décidé de quitter Concorde et Solidarité, une instance locale de dialogue interreligieux créée en 2002.

Daniel Dahan avait en effet annoncé se retirer du groupe interconfessionnel créé par la mairie de Lyon à la suite de l’attentat contre la synagogue du quartier de La Duchère. Il rassemble les représentants des cultes chrétiens, juif et musulman. Avec cette annonce, Daniel Dahan entendait protester contre l’invitation par la municipalité de l’avocat franco-palestinien. « Je ne peux donner ma caution morale à des personnes qui, au lieu de promouvoir la paix dans la cité, vont bien au contraire attiser les tensions communautaires », explique le rabbin dans un communiqué, qualifiant Salah Hamouri comme un « sympathisant de mouvements terroristes ».

« Il nous faut avoir le courage de la nuance »

Après une semaine de polémiques nourries, la préfecture du Rhône a mis la ville de Lyon en demeure de prendre une décision, compte tenu des risques de troubles à l’ordre public. « Au regard de la situation au Proche-Orient, des postures irresponsables d’appel à manifestation haineuses et de mon rôle d’assurer la sécurité de tous, j’ai décidé avec mon équipe et les personnes participant à cette conférence de surseoir à sa venue », a fait savoir, lundi 30 janvier, Grégory Doucet dans une lettre adressée au groupe Concorde et Solidarité.

Mais le maire de Lyon n’en démord pas et prévient qu’il organisera d’autres rencontres sur cette thématique en lien avec des universitaires reconnus et pour certains, vivant en Israël, relève LyonMag. « Nous donnerons la parole au camp de la paix’ et aux personnalités courageuses qui souhaitent porter un regard juste sur la situation au Proche-Orient. Comme le dit Jean Birnbaum dans son dernier ouvrage, il nous faut avoir le courage de la nuance, pour aborder des problèmes complexes avec rigueur, plutôt que de se jeter des anathèmes définitifs, des propos accusatoires, ou encore des invectives virtuelles », déclare le maire, qui dénonce « tout procès en antisémitisme (à son encontre), notamment de la part d’adversaires politiques héritiers de partis jadis collaborationnistes ».

Le comité de soutien de Salah Hamouri dénonce

« Nous adressons notre sympathie à Monsieur Gégrory Doucet, ainsi qu’à ses adjoints, qui ont fait face à des méthodes inadmissibles et violentes pour faire annuler coûte que coûte la conférence », a fait savoir le comité de soutien de Salah Hamouri. « L’énergie mise par les défenseurs d’Israël pour diffamer Salah Hamouri et à faire pression sur celles et ceux qui le soutiennent ou lui donnent la possibilité de témoigner est révélatrice de leur volonté fébrile de censurer la réalité de l’occupation. »

« Alors qu’il a été contraint de vivre uniquement en France, les défenseurs d’Israël souhaitent maintenant le condamner au silence », dénoncent ses soutiens, qui rappellent qu'à chacune des incarcérations de l’avocat, « la diplomatie et les présidents français sont intervenus pour obtenir sa libération ou pour dénoncer le caractère arbitraire de sa détention ». Avant de conclure qu’« au-delà du contexte d'aujourd'hui, il serait vain de penser, une seule seconde, nous faire taire. La liberté guide nos pas. »

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