Tous les ans, le 23 janvier, l’anniversaire de sa disparition, est traditionnellement commémoré le « Vuslat Günü » (jour de l’union) sur sa tombe, à Konya, en Turquie. Exceptionnellement, cette année 2020, H. Nûr Artiran n’a pas pu s’y rendre à cause du Covid-19 mais l'hommage s'est bel et bien tenu en la mémoire de celui qui a endossé les responsabilités de Sertarik et de Mesnevihan. Sertarik signifie « le maître de la voie », grade le plus élevé dans la tariqa Mevlevi et Mesnevihan désigne l’autorité la plus reconnue pour lire et commenter le Mesnevî (ou Mathnawi) de Rûmî.
H. Şefik Can Dede naquit en 1909 à Tibricik dans la région d’Erzurum, dans une ancienne famille de notables, du côté maternel comme paternel. Il perd sa mère Gülşen Hanim, fille de Yusuf Ağa, étant encore enfant. C’est son père Tevfik Efendi, fils d’un grand lettré et enseignant en sciences religieuses d’Erzurum, qui se charge de son éducation. Lui-même enseignant d’histoire et mufti reconnu « religieux moderne éclairé » par Mustafa Kemal Atatürk, il donne à son fils une bonne éducation morale et spirituelle, malgré les difficultés dues à la guerre mondiale de 1914-1918, suivie de la guerre d’indépendance de la Turquie en 1922.
H. Şefik Can Dede naquit en 1909 à Tibricik dans la région d’Erzurum, dans une ancienne famille de notables, du côté maternel comme paternel. Il perd sa mère Gülşen Hanim, fille de Yusuf Ağa, étant encore enfant. C’est son père Tevfik Efendi, fils d’un grand lettré et enseignant en sciences religieuses d’Erzurum, qui se charge de son éducation. Lui-même enseignant d’histoire et mufti reconnu « religieux moderne éclairé » par Mustafa Kemal Atatürk, il donne à son fils une bonne éducation morale et spirituelle, malgré les difficultés dues à la guerre mondiale de 1914-1918, suivie de la guerre d’indépendance de la Turquie en 1922.
Un enseignant passé par la case militaire
C’est en 1916, dans un complet dénuement, que H. Şefik Can Dede entre à l’école primaire à Yildizeli (région de Sivas). Témoin à la fois de l’effondrement d’un grand Empire et des affres de la naissance d’une nouvelle République, à la demande de son père, il incorpore en 1923 l’école militaire de Tokat ; il étudie là, dans des conditions matérielles extrêmement dures, animé d’un amour inconditionnel pour son pays.
En 1926, il entre dans un cycle de quatre années d’études à la Grande école militaire Kuleli d’Istanbul et à l’Académie militaire Turque dont il sort diplômé en 1929 et 1931. Ce furent les plus inoubliables années de sa longue vie : ses liens d’amitié avec les camarades de sa promotion, parmi les plus influents militaires de son époque, dureront durant toutes leurs vies.
Epris de littérature, il publie dans des magazines culturels et artistiques. Animé du profond désir d’enseigner la littérature et l’histoire turque, il peaufine ses connaissances au Département de littérature et d’histoire de l’Université d’Istanbul. Nommé à Vize, au bord de la mer Noire, en tant qu’assistant de direction d’un entrepôt militaire, il ne cesse de postuler pour enseigner dans une école militaire. Devant son insistance, son vœu est accepté par le ministère de la Défense nationale.
En 1935, après un stage à la Grande école militaire Kuleli, sous la direction de H. Tahirü’l Mevlevi, il commence sa carrière d’enseignant. En 1941, il épouse la fille d’un grand amiral ottoman, Musfika Pasinler, qui lui donne deux filles.
Le colonel Şefik Can Dede a dédié sa vie entière à la connaissance, à l’éducation et à l’enseignement durant toute sa carrière militaire, et même au-delà. « Si j’avais mille vies, je voudrais toujours enseigner », disait-il. Sa rencontre avec le Mesnevîhan mevlevî H. Tahirü’l Mevlevi (m. 1951) fut déterminante. Deux âmes profondément éprises de H. Mevlânâ s’étaient rejointes. D’abord son étudiant, il devient son disciple pendant 16 ans, jusqu’à sa disparition.
Au tout début, venu lui emprunter un livre, son maître lui demande « d’entrer à l’intérieur » pour le lire. Dans son enfance, son père l’avait préparé à cette dimension spirituelle en lui faisant apprendre des vers de H. Mevlânâ, de Saadi et de Hafiz par cœur. Avec son maître, ce fut « seize années bénies de compagnonnage en tant que père et fils » dans le respect, l’affection et l’amour.
En 1926, il entre dans un cycle de quatre années d’études à la Grande école militaire Kuleli d’Istanbul et à l’Académie militaire Turque dont il sort diplômé en 1929 et 1931. Ce furent les plus inoubliables années de sa longue vie : ses liens d’amitié avec les camarades de sa promotion, parmi les plus influents militaires de son époque, dureront durant toutes leurs vies.
Epris de littérature, il publie dans des magazines culturels et artistiques. Animé du profond désir d’enseigner la littérature et l’histoire turque, il peaufine ses connaissances au Département de littérature et d’histoire de l’Université d’Istanbul. Nommé à Vize, au bord de la mer Noire, en tant qu’assistant de direction d’un entrepôt militaire, il ne cesse de postuler pour enseigner dans une école militaire. Devant son insistance, son vœu est accepté par le ministère de la Défense nationale.
En 1935, après un stage à la Grande école militaire Kuleli, sous la direction de H. Tahirü’l Mevlevi, il commence sa carrière d’enseignant. En 1941, il épouse la fille d’un grand amiral ottoman, Musfika Pasinler, qui lui donne deux filles.
Le colonel Şefik Can Dede a dédié sa vie entière à la connaissance, à l’éducation et à l’enseignement durant toute sa carrière militaire, et même au-delà. « Si j’avais mille vies, je voudrais toujours enseigner », disait-il. Sa rencontre avec le Mesnevîhan mevlevî H. Tahirü’l Mevlevi (m. 1951) fut déterminante. Deux âmes profondément éprises de H. Mevlânâ s’étaient rejointes. D’abord son étudiant, il devient son disciple pendant 16 ans, jusqu’à sa disparition.
Au tout début, venu lui emprunter un livre, son maître lui demande « d’entrer à l’intérieur » pour le lire. Dans son enfance, son père l’avait préparé à cette dimension spirituelle en lui faisant apprendre des vers de H. Mevlânâ, de Saadi et de Hafiz par cœur. Avec son maître, ce fut « seize années bénies de compagnonnage en tant que père et fils » dans le respect, l’affection et l’amour.
Une étoile brillante pour ses disciples
Porté par les lumières et l’amour de H. Tahirü’l Mevlevi, H. Şefik Can Dede a consacré le reste de sa vie à faire connaître H. Mevlânâ et à diffuser son enseignement, avec l’autorisation de son maître, qui lui confère le titre de Mesnivîhan.
En 1960, il donne sa première « Mesnevi class » chez Seniha Bedri Göknil, qui sera suivie de beaucoup d’autres jusqu’à la fin de sa vie. Dans ses causeries, ce grand érudit mystique s’efforçait de rendre accessible à tous, en toute humilité et en toute clarté, les subtilités du Mathnâwî de Rûmî. En 2001, il reçut de l’Assemblée nationale de Turquie le prix du Suprême Service « Yüksek Hizmet ödülü » pour ses travaux littéraires remarquables concernant Mevlânâ et ses œuvres.
H. Nûr Artiran, qui est restée à ses côtés jusqu’à son départ, nous confie : « Durant près d’un siècle, notre Bien-Aimé maître fut une source claire, abondante et intarissable de pur Amour. C’était une étoile brillante dans le ciel de Mevlânâ. »
Parlant couramment l’arabe, le persan, l’anglais, le français et le russe, et doué d’une vaste connaissance littéraire, historique, philosophique et mystique, il était particulièrement épris de poésie authentique, d’où qu’elle vienne, dont son âme était le reflet. « La culture, la poésie et la croyance n’ont pas d’appartenance », disait-il.
Calme et serein, excellent dans son comportement, de sa belle voix douce, intuitif et attentif au moindre détail, il mettait sa vaste connaissance au service de tous. Là était son ambition et sa passion. Avec sa haute valeur morale et ses beaux traits de caractère, il reflétait de la plus belle manière la personnalité de H. Mevlânâ.
*****
L'article est rédigé par Clara Murner d’après la biographie de Sefik Can Dede, par H. Nûr Artiran.
Lire aussi :
L’épreuve de l’amour, une initiation à la pensée de Rûmî avec Nur Artiran
En 1960, il donne sa première « Mesnevi class » chez Seniha Bedri Göknil, qui sera suivie de beaucoup d’autres jusqu’à la fin de sa vie. Dans ses causeries, ce grand érudit mystique s’efforçait de rendre accessible à tous, en toute humilité et en toute clarté, les subtilités du Mathnâwî de Rûmî. En 2001, il reçut de l’Assemblée nationale de Turquie le prix du Suprême Service « Yüksek Hizmet ödülü » pour ses travaux littéraires remarquables concernant Mevlânâ et ses œuvres.
H. Nûr Artiran, qui est restée à ses côtés jusqu’à son départ, nous confie : « Durant près d’un siècle, notre Bien-Aimé maître fut une source claire, abondante et intarissable de pur Amour. C’était une étoile brillante dans le ciel de Mevlânâ. »
Parlant couramment l’arabe, le persan, l’anglais, le français et le russe, et doué d’une vaste connaissance littéraire, historique, philosophique et mystique, il était particulièrement épris de poésie authentique, d’où qu’elle vienne, dont son âme était le reflet. « La culture, la poésie et la croyance n’ont pas d’appartenance », disait-il.
Calme et serein, excellent dans son comportement, de sa belle voix douce, intuitif et attentif au moindre détail, il mettait sa vaste connaissance au service de tous. Là était son ambition et sa passion. Avec sa haute valeur morale et ses beaux traits de caractère, il reflétait de la plus belle manière la personnalité de H. Mevlânâ.
*****
L'article est rédigé par Clara Murner d’après la biographie de Sefik Can Dede, par H. Nûr Artiran.
Lire aussi :
L’épreuve de l’amour, une initiation à la pensée de Rûmî avec Nur Artiran