Congrès International féminin

Parole aux femmes musulmanes

Rédigé par Association Internationale Soufie Alâwiyya (AISA) | Jeudi 30 Octobre 2014 à 06:00



Aujourd’hui, la femme est souvent perçue comme la tentatrice, ne pouvant montrer ce que Dieu lui a donné : sa beauté, ses compétences, son opinion… Certains cherchent, dans les textes scripturaires et traditionnels, les interprétations permettant de limiter le plus possible son espace d’expression et de vie, dans le domaine public, au sein de la famille… À l’enterrer vivante en quelque sorte.

N’est-ce pas une façon de retourner à des pratiques qui prévalait avant l’avènement de l’islam ? Le Congrès International Féminin pour une Culture de Paix − Parole aux femmes, qui se déroule à Oran et Mostaganem (Algérie) du 28 au 31 octobre, vise à valoriser et à redonner à la femme musulmane la place qui est la sienne, et que le Prophète de l’islam lui a donnée.

Qu’en dit le Coran ?

L’islam met en valeur l’être. Il suffit de lire le Coran au féminin pour s’apercevoir que le Livre saint de l’islam est plus féminin que masculin. Il honore la femme, lorsqu’il parle de la procréation. C’est le féminin qui est mis en valeur lorsqu’il parle de la nafs (l’âme), lorsqu’il est question de la Création…

Le Coran interpelle l’être dans son intégralité. Il rappelle que les femmes occupent une place spirituelle équivalente à celle des hommes. La femme est ainsi tout autant que l’homme responsable devant Dieu. Au même titre que les commandements divins s’appliquent aux deux sans distinction. Rien ne justifie le catalogue d’interdictions en direction des femmes. En tout cas, pas le Livre saint de l’islam.

Qu’en dit le Prophète ?

Le Prophète avait attribué aux femmes une réelle place, leur accordant du temps, les chargeant d’importantes responsabilités. Les premières musulmanes ont joué un rôle décisif dans l’Histoire de l’islam. Témoins de la Révélation du Coran, elles ne tardèrent pas à se spécialiser dans l’étude du Livre saint. L’islam s’est ainsi caractérisé, à ses débuts, par une forte présence féminine dans la transmission du savoir.

Comment expliquer qu’au temps du Prophète, et aux premiers siècles de l’islam, plusieurs femmes ont pu atteindre un niveau d’érudition très élevé ? Le Prophète lui-même avait décidé de consacrer un jour spécifique à leur enseignement et afin de répondre à leurs préoccupations. Cela ne les empêchait pas, par ailleurs, d’assister aux cours qu’il dispensait à la mosquée les autres jours de la semaine.

Le Prophète incitait même les compagnons à aller s’instruire auprès de son épouse Sayyida Aïcha, dépositaire, selon ses propres termes, de la « moitié de la religion » et versée dans des sciences aussi variées que l’histoire, la généalogie, la poésie arabe, la médecine et l’astrologie.

Un bouc émissaire tout trouvé

La question de la place et du statut de la femme en islam a fait couler beaucoup d’encre et généré de nombreux de débat. Mais, le plus souvent, sans que la principale intéressée ait réellement la parole, ce qui a conduit la femme à n’être qu’une mineure à vie, une créature précieuse qu’il faut préserver en la maintenant dans un environnement domestique, une cage dorée.

Comment parler de la femme en échappant à la caricature, dans un monde où tabous et clichés sont tellement répandus ? La femme a toujours servi de bouc émissaire à toute la société.

Aujourd’hui, dans la plupart des pays musulmans, la femme intervient peu ou pas dans la vie sociale et politique, mais, plus encore, est rabaissée symboliquement. Elle est invoquée uniquement pour parler de sexe, de voile, de virginité, etc.

Une place légitime à revendiquer

La femme est porteuse de valeurs. C’est par elle que le monde pourra changer. Les organisateurs du Congrès International Féminin pour une Culture de Paix en sont intimement convaincus. Du matin au soir, nous entendons toute l’inhumanité qui se manifeste dans le monde. En grande majorité, ce sont des hommes qui gouvernent ce monde et le contrôlent soit politiquement, soit économiquement, soit religieusement. Ce sont souvent eux qui mènent d’autres hommes dans l’affrontement et dans des oppositions.

« Le Paradis est sous les pieds de la mère », a dit le Prophète de l’islam. Aujourd'hui, la place de la femme est une place déterminante quant à la gestion du monde, son équilibre et à la transmission de la culture de paix.

La femme doit revendiquer sa place, mais pas celle de l'homme : elle doit revendiquer ce qui lui revient de droit en tant qu’être portant la fécondité, la féminité et l’espérance. Celle qui porte la fécondité porte aussi l'espérance. La première préoccupation d’une mère qui donne vie à un enfant, est de le protéger, et que cet être puisse vivre et bénéficier d’une vie meilleure qu’elle.

Tant qu'il y aura des femmes et des mères, il y aura de l’espérance.

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L’Association Internationale Soufie Alâwiyya (AISA), fondée en 2001 par le cheikh Khaled Bentounes, a été reconnue ONG internationale par l’ONU en 2014 avec le statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC (Conseil économique et social de l’ONU).