Sur le vif

Pegida se radicalise avec l'accueil massif de migrants en Allemagne

Rédigé par La Rédaction | Mercredi 21 Octobre 2015 à 08:00



Le mouvement islamophobe Pegida a fêté lundi 19 octobre son premier anniversaire à Dresde, dans l’est de l’Allemagne. Selon les médias locaux, près de 20 000 personnes se sont rassemblées, soit près du double de la fréquentation des manifestations du mouvement ces deux dernières semaines.

En un an, le « mouvement des patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident » s’est nettement radicalisé, en particulier depuis l’accueil massif de migrants voulu par le gouvernement allemand en septembre. Une radicalisation qui a mené à l'agression d'une candidate aux municipales à Cologne, connue pour son engagement en faveur des réfugiés.

La scène a eu lieu au matin du samedi 17 octobre, sur le marché du quartier de Braunsfeld, à Cologne. Henriette Reker, affiliée à aucun parti, a rejoint ses soutiens la veille du vote lorsqu’un inconnu armé de deux couteaux s'est jeté sur elle, la blessant grièvement au cou. C’est sur son lit d’hôpital que Henriette Reker apprend son élection dimanche avec plus de 52 % des voix.

La radicalisation de Pegida inquiète

« Reker et Merkel nous inondent de réfugiés », avait justifié Frank S., chômeur de 44 ans au passé néo-nazi, après son geste. L’attaque de la candidate à la mairie de Cologne a provoqué un vif émoi en Allemagne. La chancelière Angela Merkel s’est dite « stupéfaite » tandis que son ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a dit être « profondément choqué »

Le mouvement Pegida, qui avait réussi à mobiliser jusqu’à 25 000 personnes en janvier 2014, s'était disloqué au printemps, ne rassemblant que 2 000 à 2 500 personnes. Mais voilà que le mouvement reprend de plus belle avec l'afflux des migrants en Europe. Mobilisant aussi la fibre islamophobe des sympathisants de l'extrême droite, les anti-migrants se radicalisent nettement.

Lors de la traditionnelle manifestation du lundi soir à Dresde, le 12 octobre, les membres de Pegida ont défilé avec des cordes destinées à la pendaison d’Angela Merkel et de son vice-chancelier, le président du SPD Sigmar Gabriel. La chancelière est accusée de faire de « l’Allemagne un gigantesque camp dans la jungle », lançait Tatjana Festerling aux quelque 10 000 personnes rassemblées contre l’accueil des réfugiés.

L’échafaud symbolique mis en scène par Pegida pourrait être qualifiée d’illégal. Le procureur de Dresde a ouvert une enquête contre X pour « incitation à la haine ». Si le mouvement n’est pas considéré comme une organisation d’extrême droite, les services de renseignement allemand suivent de près le mouvement islamophobe.

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