Ramadan

Peut-on jeûner quand on est séropositif?

Rédigé par Rachida Douadi | Mardi 2 Septembre 2008 à 15:31

A l'occasion du Ramadan, l'association Survivre au sida a rediffusé sur son site, une émission qui donne des réponses aux personnes atteinte par le VIH et qui souhaitent observer ce mois jeûne. Une approche à la fois pratique et déculpabilisante pour vivre sereinement ce moment de solidarité et de fraternité.



Peut-on jeûner lorsqu’on est séropositif ou sous traitement aintiretroviral? Est-il possible d’arrêter sa prise de médicaments pendant un mois ? Quelles en seraient les conséquences ? Mobilisée depuis près de quatorze ans auprès des personnes infectées par le VIH et de leurs proches, l’association Survivre au sida a rediffusé, vendredi 26 août sur son site, une émission consacrée à la pratique du Ramadan. Interrogé par la rédaction de l’association, le docteur Alioune Blondin Diop, spécialiste du Sida à l’assistance publique des hôpitaux de Paris, répond aux questions que se posent les malades très désireux de partager ce moment de solidarité communautaire.

D’autant plus que « la pathologie VIH est particulièrement excluante », observe le docteur Diop. Selon lui, la solidarité qui est « particulière aux communautés maghrébines et africaines », « fait défaut » dans ces moments de communion, vis-à-vis « des personnes atteintes ». Car le sida est une maladie encore largement perçue comme honteuse. « Etre exclu par la société, c’est pire que la maladie » estime Omar, l’un des invités de l‘émission. Le message de l’Islam est un message social rappelle-t-il : « Il y a une maladie qui est là, et il faut la combattre » tous ensemble. Au téléphone, Nordine, un auditeur, se confie : « le ramadan est un évènement qui compte pour moi », mais sa situation l’empêche de respecter, seul, cette pratique.

Dans ses réponses, Alioune Blondin Diop insiste sur le fait que toute interruption de traitement doit se faire « avec l’accord de son médecin ». Et même si l’observance du jeûne n’est pas catégoriquement contre-indiquée, elle peut l’être pour certains malades. Tout particulièrement lorsque les défenses immunitaires et le poids sont faibles, mais également en cas de risque de maladie opportuniste. De façon générale, rappelle-t-il, si le fait de ne pas manger risque d’affaiblir le malade, le jeûne est déconseillé. Et pour déculpabiliser ceux qui tiennent à le respecter, il rappelle justement que la religion musulmane ne l’impose pas à ceux qui sont dans l’impossibilité de le faire. En échange, « ils peuvent donner une aumône » ou « partager un repas avec d’autres personnes ».

A découvrir aussi dans cette émission, un reportage à l’hôpital Avicenne de Bobigny. Depuis six ans maintenant, l’association partage la chorba, soupe traditionnelle algérienne, et beaucoup de chaleur humaine avec les personnes séropositives hospitalisées à Paris et sa banlieue. Une initiative encouragée par le docteur Diop. Et selon lui, si cela contribue à atténuer le sentiment d’exclusion, la soupe partagée est très appréciée des malades. Les repas qu’ils reçoivent dans les hôpitaux sont, bien sûr, adaptés mais pas très goûteux, avoue-t-il.

Info :
Mardi 2 septembre à 19h, l'association organise une rencontre
avec une médiatrice de santé qui répondra aux questions
des malades et leurs proches.
Pour tout renseignement contacter Sarah au 06 79 78 59 23

Reprise des émissions le 9 septembre,
diffusées sur Fréquence Paris Pluriel 106.3
les mardi à 17h, rediffusion le mercredi à 11h.
Disponibles sur le site www.survivreausida.net