Points de vue

Pour l'égalité dans l'assiette, les bienfaits du végétarisme

Rédigé par Mohamed Ben Yakhlef et Imene Guedda | Jeudi 18 Juin 2015 à 18:27



« Maman, j’ai très faim. Papa, je n’ai pas assez mangé à la cantine… » Tels sont les commentaires que certains parents entendent en fin de journée à la sortie de l’école, quand la restauration scolaire est censée répondre à une double exigence : maintenir la qualité nutritionnelle des repas et mieux informer les parents.

C’est parce que la question de la restauration scolaire est fondamentale et qu’elle est sujet à de nombreux débats que le mouvement Ensemble, en partenariat avec l’Association Végétarienne de France (AVF), a tenu à s’emparer de la question.

Egalité et alimentation à travers le prisme du végétarisme, tel fut le sujet traité lors de la conférence qui s’est déroulée en mai au foyer Jean Cocteau dans la commune de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). En présence d’une cinquantaine d’invités dont des élus, des délégués de parents d’élèves, des instituteurs et des représentants de cultes, Ludovic Ringot, diététicien et bénévole au sein de l’AVF, a commencé par présenter le végétarisme pour terminer par un temps d’échange, de questions avec le public.

Ensemble autour de la table républicaine

La question de l’alimentation est intrinsèquement liée aux habitudes de la société dans laquelle nous vivons. Ainsi, dans nos sociétés contemporaines, la viande est l’élément principal de l’assiette quand elle devrait être reléguée à la place d’accompagnement au profit des légumes. Notre société se définit par la consommation systématique de viandes et de produits laitiers midi et soir, la surconsommation de produits d’origine animale, la consommation de nouveaux produits (huile de palme, aspartam…), la consommation de produits hors saisons, la disponibilité et l’accessibilité des aliments, le temps de repas diminués, repas pris sur le pouce et l’utilisation de plats préparés, surgelés.

La restauration scolaire, qui est un service public facultatif, est à la charge des municipalités. Elles assurent elles-mêmes le service de cantine scolaire ou le délèguent à des sociétés de restauration privée. Les principaux aliments servis à la cantine sont en principe décomposés de la manière suivante : pour les entrées, 30 % de crudités, 17 % de salades composées, 8,5 % de charcuterie, 7,7 % de pizzas, quiches et feuilletés ; pour le plat principal, 20,6 % de viandes, 16 % de poissons, 14,6 % de plats composés ou en sauces, 12,4 % de volailles, 5,8 % de charcuterie (souvent du jambon), 4,9 % de beignets, cordons bleus et crêpes.

Pour les garnitures, les légumes sont présents à hauteur de 43,5%, les pommes de terre à 16,3 %, le riz et la semoule à 10,7 % et les pâtes à 5,5 %. Et enfin les desserts : entremets et mousses à 32,9 %, pâtisseries et beignets à 21,7 %, compotes et fruits en sirop à 16,6 %, biscuits à 7,8 % et glaces à 6 %. L’eau est à disposition sans restriction.

Comme tout service public ; le principe d’égalité s’impose et doit être respecté. Etant un principe à valeur constitutionnelle, il est l’application à ce domaine du principe général d’égalité de tous devant la loi, proclamé par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Il signifie que toute personne a un droit égal à l’accès au service, participe de manière égale aux charges financières résultant du service (égalité tarifaire sauf pour les services facultatifs, tels que les écoles de musique, par exemple), et enfin doit être traitée de la même façon que tout autre usager du service.

Le végétarisme semble être la meilleure solution pour garantir de manière effective l’égalité entre les enfants et une alimentation saine.

Le végétarisme, pour quels bienfaits ?

Lors de l’exposé, de nombreux et multiples avantages liés à l’alimentation végétarienne ont été mis en avant :

- Le respect de la vie, une meilleure éthique. Il est essentiel et urgent de promouvoir une consommation responsable. Il est possible de mieux manger tout en dépensant moins : bien manger de manière plus économique en luttant contre les gaspillages économiques induits par la production de calories animales.

- Lutter contre la faim dans le monde. Un bœuf fournit 1 500 repas, les céréales avec lesquelles on l’a nourri en auraient fourni 18 000. Avec la seule consommation annuelle du bétail américain, il serait possible de nourrir plus de 1 milliard de personnes souffrant de malnutrition.

- Un impact écologique réduit. La production d’un kilo de veau rejette environ la même quantité de gaz à effet de serre qu’un trajet automobile de 220 kilomètres.

- Une meilleure santé. « Rien ne peut être aussi bénéfique à la santé humaine et augmenter les chances de survie de la vie sur terre que d’opter pour une diète végétarienne », disait Albert Einstein. De cette manière, d’un point de vue médical, un végétarien a moins de risque d’être atteint de diabètes, de cancers, de maladies cardio-vasculaires et le cout de sa prise en charge en cas d’hospitalisation est moins onéreuse.

Adopter l’assiette végétarienne, c’est promouvoir le vivre ensemble, la cohésion sociale mais plus encore sauvegarder le principe que tous les enfants recevant l’enseignement publique puissent s’asseoir à la table républicaine. C’est pour cela que nous appelons l’ensemble des dirigeants politiques, les associations et les parents d’élèves à soutenir cette alternative dans chaque cantine scolaire.

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Mohamed Ben Yakhlef et Imene Guedda sont des conseillers municipaux de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne).