Quel visage prend l’illettrisme en France ? A l’occasion de la Journée internationale de l’alphabétisation le 8 septembre, l'Agence Nationale de Lutte contre l'Illettrisme (ANLCI) a publié, lundi 6 septembre, son premier Atlas de l’illettrisme (à télécharger plus bas) afin de documenter un phénomène invisible qui concerne aujourd’hui en France 2,5 millions de personnes. Des hommes et des femmes « qui parlent notre langue et ont fréquenté l’école (à la différence de l'analphabétisme, ndlr) mais qui ne maîtrisent pourtant pas cette première marche indispensable en lecture, écriture, calcul, numérique de base qui offre à celles et ceux qui la possèdent, les clés de l’autonomie ».
« Comment organiser leur accompagnement et leur prise en charge, si on ne dispose pas d’une vision claire sur les territoires où l’illettrisme est le plus présent ? » L’Atlas de l’ANLCI présente le profil des personnes concernées qui, pour moitié (53 %), ont plus de 45 ans. Sur les 2,5 millions d'illettrés, 9 % ont entre 18 et 25 ans. Un pourcentage qui s’élève à 15 % du côté des 26-35 ans. Près de 10 % des 18-35 ans en France sont touchés par l’illetrisme, contre 12 % des 56-65 ans.
Un bémol est toutefois à relever : les 2,5 millions évoqués par l'ANLCI est un chiffre qui n'a toujours pas été actualisé depuis 2012. En 2005, le nombre d'illettrés s'élevait à 3,1 millions de personnes en France. « Les résultats d’une nouvelle enquête en cours et publiée en 2022-2023, nous permettront de voir si les chiffres continuent à s’améliorer », a indiqué auprès de Ouest France le directeur adjoint de l’agence, Eric Nedelec.
« Comment organiser leur accompagnement et leur prise en charge, si on ne dispose pas d’une vision claire sur les territoires où l’illettrisme est le plus présent ? » L’Atlas de l’ANLCI présente le profil des personnes concernées qui, pour moitié (53 %), ont plus de 45 ans. Sur les 2,5 millions d'illettrés, 9 % ont entre 18 et 25 ans. Un pourcentage qui s’élève à 15 % du côté des 26-35 ans. Près de 10 % des 18-35 ans en France sont touchés par l’illetrisme, contre 12 % des 56-65 ans.
Un bémol est toutefois à relever : les 2,5 millions évoqués par l'ANLCI est un chiffre qui n'a toujours pas été actualisé depuis 2012. En 2005, le nombre d'illettrés s'élevait à 3,1 millions de personnes en France. « Les résultats d’une nouvelle enquête en cours et publiée en 2022-2023, nous permettront de voir si les chiffres continuent à s’améliorer », a indiqué auprès de Ouest France le directeur adjoint de l’agence, Eric Nedelec.
Une géographie précise de l’illetrisme
Conséquence, plus de 50 % des personnes qui ont du mal avec la lecture, le calcul ou l’écriture « expriment des freins à la connexion et à l’utilisation des outils numériques au quotidien » contre 35 % en moyenne dans la population française. L’illettrisme numérique, aussi appelé l’illectronisme.
Le taux d’illettrisme dans les quartiers couverts par la politique de la ville est deux fois supérieur à la moyenne nationale (14 % contre 7 %). Le phénomène est aussi plus présent en Normandie, dans le Centre-Val de Loire, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans les départements d’Outre-Mer). Si le taux oscille entre 4,5 et 10 % pour chacun des territoires métropolitains cités, elle oscille entre 10 et 15 % pour trois départements ultra-marins (Guadeloupe, Martinique, La Réunion) et dépasse les 15 % pour la Guyane et Mayotte, rappelant ainsi la disparité encore forte entre la métropole et les Outre-Mer.
L’illettrisme est un problème transversal qui peut toucher tout le monde, « mais majoritairement des personnes qui cumulent d’autres situations d’exclusion. Des convergences existent si l’on superpose la carte de la pauvreté et celle de l’illettrisme, même s’il ne faut pas en faire une relation directe de cause à effets. Mais des fragilités, même passagères, amplifient le phénomène. Elles s’accumulent, s’ancrent dans la durée et empêchent de consolider les connaissances pour être autonomes. Beaucoup de facteurs demeurent indépendants de l’école », souligne Eric Nedelec.
Le taux d’illettrisme dans les quartiers couverts par la politique de la ville est deux fois supérieur à la moyenne nationale (14 % contre 7 %). Le phénomène est aussi plus présent en Normandie, dans le Centre-Val de Loire, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans les départements d’Outre-Mer). Si le taux oscille entre 4,5 et 10 % pour chacun des territoires métropolitains cités, elle oscille entre 10 et 15 % pour trois départements ultra-marins (Guadeloupe, Martinique, La Réunion) et dépasse les 15 % pour la Guyane et Mayotte, rappelant ainsi la disparité encore forte entre la métropole et les Outre-Mer.
L’illettrisme est un problème transversal qui peut toucher tout le monde, « mais majoritairement des personnes qui cumulent d’autres situations d’exclusion. Des convergences existent si l’on superpose la carte de la pauvreté et celle de l’illettrisme, même s’il ne faut pas en faire une relation directe de cause à effets. Mais des fragilités, même passagères, amplifient le phénomène. Elles s’accumulent, s’ancrent dans la durée et empêchent de consolider les connaissances pour être autonomes. Beaucoup de facteurs demeurent indépendants de l’école », souligne Eric Nedelec.
« Apprendre, c’est réapprendre à rêver »
Quatre des huit affiches de la campagne 2021 de l'ANLCI. Montage Saphirnews.com
« De manière très concrète, il existe un lien entre les difficultés de lecture et les difficultés économiques et sociales des parents », note aussi l’ANLCI qui, pour la 8e édition des Journées nationales d’action contre l’illettrisme (JNAI) organisées du 6 au 12 septembre, porte cette année 2021 encore, « dans le contexte de sortie de la crise sanitaire, un nécessaire coup de projecteur sur la réalité de l’illettrisme et sur les moyens d’agir collectivement, face à l’isolement des personnes qui y sont confrontées ».
Avec « Apprendre, c’est réapprendre à rêver », la nouvelle campagne nationale des JNAI s’appuie « sur des témoignages qui illustrent ce qui est rendu possible avec l’accès aux compétences de base ». « Leurs messages expriment des rêves, des premiers pas essentiels, l’ouverture du champ des possibles, les déclics pour un nouveau départ », plaide l’ANLCI, qui invite les apprenants à s’emparer de la campagne en déclinant les possibilités de « Et puis » (« Et puis j’ai passé le permis de conduite », « Et puis j’ai ouvert un blog », « Et puis je me suis débrouillée toute seule », « Et puis j’ai osé me lancer »…) de la manière que les phrases exprimées dans les affiches.
L'analphabétisme touche 773 millions de personnes dans le monde, principalement en Asie et en Afrique, selon l'UNESCO, pour qui la pandémie de la Covid-19 a rappelé « le rôle essentiel de l’alphabétisation ». « Au-delà de son importance inhérente en tant qu’élément du droit à l’éducation, l’alphabétisation permet d’émanciper les individus et d’améliorer leur vie en leur procurant plus de capacités à choisir un type de vie qui peut leur convenir », note l'organisation internationale. « C’est aussi un facteur du développement durable. »
Avec « Apprendre, c’est réapprendre à rêver », la nouvelle campagne nationale des JNAI s’appuie « sur des témoignages qui illustrent ce qui est rendu possible avec l’accès aux compétences de base ». « Leurs messages expriment des rêves, des premiers pas essentiels, l’ouverture du champ des possibles, les déclics pour un nouveau départ », plaide l’ANLCI, qui invite les apprenants à s’emparer de la campagne en déclinant les possibilités de « Et puis » (« Et puis j’ai passé le permis de conduite », « Et puis j’ai ouvert un blog », « Et puis je me suis débrouillée toute seule », « Et puis j’ai osé me lancer »…) de la manière que les phrases exprimées dans les affiches.
L'analphabétisme touche 773 millions de personnes dans le monde, principalement en Asie et en Afrique, selon l'UNESCO, pour qui la pandémie de la Covid-19 a rappelé « le rôle essentiel de l’alphabétisation ». « Au-delà de son importance inhérente en tant qu’élément du droit à l’éducation, l’alphabétisation permet d’émanciper les individus et d’améliorer leur vie en leur procurant plus de capacités à choisir un type de vie qui peut leur convenir », note l'organisation internationale. « C’est aussi un facteur du développement durable. »