Sur le vif

Pourquoi le vice-président de l'Exécutif des musulmans de Belgique démissionne

Rédigé par | Mercredi 16 Décembre 2020 à 11:55



Salah Echallaoui n'est plus vice-président de l'Exécutif des musulmans de Belgique (EMB). Il a remis sa démission de son poste, à l'heure où un sérieux bras de fer oppose le ministère de la Justice et l’instance musulmane au sujet de la Grande Mosquée de Bruxelles.

Début décembre, le ministre, Vincent Van Quickenborne, avait suspendu le processus de reconnaissance du lieu de culte, soupçonnant ses dirigeants d’espionnage pour le compte du Maroc. Il avait, en outre, fait part de sa volonté de voir les instances de l'EMB totalement renouvelées, appelant les musulmans belges à se lever à se faire entendre. « Levez-vous et faites-vous entendre. Montrez que vous pouvez faire une différence, parce que nous ne pouvons vraiment pas continuer comme ça », avait-il lancé.

Pour Salah Echallaoui, « les propos diffusés par les différents canaux de la presse révèlent une rupture radicale du ministère de la Justice avec une certaine tradition de notre pays ». « D’autres allégations relayées par la presse associent mon nom à ce qui s’apparente à un véritable lynchage public », écrit-il dans un courrier consulté par plusieurs titres de la presse belge.

« Les dossiers se gèrent dans la plus grande neutralité et la transparence indépendamment de toute influence étrangère. Aujourd’hui, en défendant un islam en phase avec nos valeurs démocratiques, je subis tous les jours des pressions et de sérieuses menaces », fait-il savoir.

Un recours judiciaire en vue pour l'EMB

Au lendemain de l'annonce de sa démission, l’EMB s'est s’exprimé pour apporter son soutien à son ancien vice-président. « Nous avions appris avec regret la décision du ministre de la Justice quant à la suspension du processus de reconnaissance de la Grande Mosquée de Bruxelles qui s’accompagnait de déclarations et d’accusations d’une pseudo ingérence des pays étrangers. Nous avons contesté ces propos qui n’ont été étayés par aucune preuve », indique l’organisation mardi 15 décembre.

« Cependant, après mûre réflexion et dans le seul but de préserver les intérêts de notre communauté et de nos institutions, le vice-président de l’EMB, Salah Echallaoui, a exprimé sa volonté de se retirer de manière préventive et sans reconnaissance de ces accusations infondées. À contrecœur, nous nous rallions à sa décision de quitter ses fonctions », a-t-elle signifié, exprimant leur « conviction en l’intégrité et la sincérité » de leur nouveau ex-vice-président.

Malgré cette démission, l’association informe qu’elle compte entamer des poursuites judiciaires pour se défendre. « Par la même occasion, nous annonçons que Monsieur Echallaoui et nos institutions agiront par toutes les voies légales face à ces accusations inacceptables », a fait savoir l'EMB. « Nous tenons également à rappeler aux politiques et à nos interlocuteurs des pouvoirs publics que nous n’accepterons aucune tentative d’ingérence dans les affaires de notre culte par certains qui s’aviseraient de profiter de cette actualité », conclut-elle.

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