Sur le vif

Présidentielles en Turquie : l'ex-secrétaire de l'OCI face à Erdogan

Rédigé par La Rédaction | Mercredi 2 Juillet 2014 à 16:00



Ekmeleddin Ihsanoglu a été désigné, dimanche 29 juin, candidat à l’élection présidentielle turque par les deux principaux partis d’opposition, face à Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier a officiellement annoncé sa candidature mardi 1er juillet. Le scrutin des 10 et 24 août se disputera pour la première fois au suffrage universel, le président étant jusque là élu par les députés.

Premier candidat officiellement déclaré, M. Ihsanoglu, candidat commun du Parti républicain du peuple (CHP), social-démocrate, héritier du parti fondé par Atatürk, et du Parti de l'action nationaliste (MHP), tentera de disputer la victoire annoncée du Premier ministre, largement en tête dans les sondages.

Ekmeleddin Ihsanoglu, 70 ans, physicien de formation et spécialiste de l'histoire des sciences, est peu connu du grand public et n’est pas issu du sérail politique. Seule mais importante expérience en la matière, le poste de secrétaire général l'Organisation de la conférence islamique (OCI), qu’il a occupé entre 2004 et janvier de cette année. Il avait été élu avec le soutien de M. Erdogan.

Une nomination surprise

Sa nomination a nécessité d’intenses discussions entre le CHP et le MHP. Choix de compromis, la désignation d’un érudit musulman a suscité la controverse parmi la frange la plus séculaire du CHP. Mais Ekmeleddin Ihsanoglu, musulman conservateur qualifié de « moderne et intellectuel », s’est clairement prononcé pour « tenir la religion en dehors de la politique ».

Il n’empêche que sa désignation par les deux partis d’opposition semble avoir désarçonné les dirigeants de l’AKP. Selon le politologue Samim Akgönül qui s'est exprimé sur L'Express, le parti au pouvoir ne pourra pas faire campagne sur le clivage laïcs-religieux comme ils ont l’habitude de le faire, ne pouvant se présenter comme les seuls défenseurs.

Mais les chances de M. Ihsanoglu semblent bien minces et peu d’observateurs estiment qu’il pourrait sérieusement mettre M. Erdogan en difficulté. L’homme fort de la Turquie, « qui s'auto-qualifie de musulman démocrate, mais qui est, aux yeux d'opposants et d'observateurs externes, de plus en plus musulman et de moins en moins démocrate » selon Samim Akgönül, devrait selon toute vraisemblance être élu pour un mandat de cinq ans à la tête de la Turquie. Il deviendrait alors le dirigeant qui a régné le plus longtemps sur la Turquie moderne depuis son fondateur, Atatürk.

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