Sur le vif

Propos de Blanquer sur « l'islamo-gauchisme » à la fac : les présidents d'universités et l'UNEF indignés

Rédigé par Lina Farelli | Samedi 24 Octobre 2020 à 08:00



Moins d’une semaine après l’assassinat de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, les propos de Jean-Michel Blanquer, qualifiant les universités de lieux où sévirait un « islamo-gauchisme » qui y « fait des ravages » ont suscité la stupéfaction de la Conférence des présidents d’université (CPU) qui a fait part, vendredi 23 octobre, de son émotion face aux accusations lancées la veille par le ministre de l’Éducation nationale sur Europe 1 et au Sénat.

« Non, les universités ne sont pas des lieux où se construirait une « idéologie » qui mène au pire. Non, les universités ne sont pas des lieux d’expression ou d’encouragement du fanatisme. Non, les universités ne sauraient être tenues pour complices du terrorisme », a signifié la CPU.

« La mission de diffusion de la culture scientifique et technique fait, au contraire, de nos établissements des institutions de démocratisation de la connaissance scientifique, indispensable dans la cité, à l’heure des désordres de l’information et du succès du complotisme, terreaux des extrémismes », a-t-elle indiqué.

« La recherche n’est pas responsable des maux de la société, elle les analyse. L’université est, par essence, un lieu de débats et de construction de l’esprit critique », a aussi rappelé la CPU. « En ces temps dramatiques, il est essentiel que l’unité soit de mise et que la cohésion nationale, appelée de ses vœux par le Président de la République, soit pour tous une invitation à éviter amalgames et raccourcis inutiles. »

L'UNEF indignée par les accusation du ministre

Lors de son passage à Europe 1, Jean-Michel Blanquer s’en est particulièrement pris à La France Insoumise et à l’UNEF, accusés de favoriser une idéologie qui, « de loin en loin, mène au pire ». « A l'éducation et l'unité, Jean-Michel Blanquer choisit l'ignorance et la haine », s’est indigné, jeudi 22 octobre, le syndicat étudiant, qui a été insupporté d’être accusé indirectement des attentats et y voit « une injure pour l'ensemble des étudlant-e-s ».

« L'ignorance, c'est penser que l'UNEF n'est pas une organisation laïque alors que nous nous sommes toujours levé-e-s pour défendre ce fondement de notre République. L'ignorance, c'est ne pas comprendre que l'on peut à la fois défendre la neutralité de l'État ainsi que du service public et lutter contre l'islamophobie, au même titre que lutter contre le racisme ou l'antisémitisme. (…) L'ignorance c'est ne pas savoir que faire de la place à tou-te-s, quelles que soient leurs convictions religieuses, ne signifie pas exclure certain-e-s et certainement pas faire du prosélytisme », a fait savoir l’UNEF dans un communiqué.

Le syndicat, qui refuse de « laisser se fracturer notre société avec d'un côté ceux/celles qui seraient prétendument défenseur/ses de la laïcité, et de l'autre ceux/celles qui défendraient les musulman-e-s, victimes de stigmatisation », a enjoint le ministre « à revenir sur ses déclarations » et a indiqué son intention de prendre « les mesures juridiques » à leur disposition.

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