Sur le vif

Quand Tariq Ramadan nous parlait de son « indépendance financière » du Qatar (vidéo)

Rédigé par | Vendredi 5 Avril 2019 à 18:01



Tariq Ramadan aurait perçu, en tant que « consultant », 35 000 euros par mois pendant des années du Qatar, à travers la Fondation du Qatar pour l'éducation, la science et le développement communautaire (Qatar Foundation), dirigée par la puissante mère de l'émir, Cheikha Mozah. C’est ce qu’affirment les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot dans l’ouvrage Qatar Papers, paru jeudi 4 avril chez Michel Lafon.

Celui qui dirigeait depuis 2012 le Centre de recherche sur la législation islamique et l'éthique (CILE), structure lancée par la fondation, assurait pourtant via Saphirnews qu'il n’avait « pas d’engagement financier » dans le travail mené avec le Qatar.

Ce qu'il disait sur ses liens avec le Qatar en 2013

Selon une note de Tracfin consultée par les auteurs de Qatar Papers puis par Libération, l’intellectuel suisse a rapatrié en juin 2017 en France la coquette somme de 590 000 euros, en provenance de son compte qatari alimenté par les versements mensuels de la fondation afin de financer, entre autres, l’achat de deux appartements parisiens. Une somme qu'il doit en grande partie grâce à la la Qatar Foundation qui lui versait 150 000 riyals par mois, soit l'équivalent de 35 000 euros, toujours selon les journalistes.

Il n’est pas préciser des journalistes depuis quand et jusqu’à quand Tariq Ramadan a bénéficié de ce généreux revenu mais ses deux mises en examen pour viols fin 2017, à la source de révélations sur sa vie privée, n’ont pas été sans conséquences pour sa réputation. Il est remplacé au CILE depuis quelques mois par un directeur intérimaire en la personne d’Emad El-Din Shahin, doyen de la Faculté d’études islamiques de l’Université Hamad Bin Khalifa au sein de la Qatar Foundation.

A son arrivée à la direction de ce centre en 2012, Tariq Ramadan a fait face à de nombreuses critiques mettant en cause son indépendance. Voici ce qu'il répondait à ses détracteurs dans une vidéo diffusée sur Saphirnews à son retour du Forum social mondial, à Tunis, en 2013. « La réalité de mon engagement, c’est que (le CILE) est un projet dans lequel j’ai posé dès le départ une indépendance intellectuelle et politique et une indépendance financière », déclarait-il, face caméra, comme en atteste cette vidéo, assurant ne percevoir qu'un salaire, celui de professeur d'études islamiques à Oxford.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur