Ce 11 février 2003 est une date de fête pour la communauté musulmane. Dans le monde entier, chacun fête l’Aïd comme il se doit. En Arabie saoudite, ce n’est pas tant le sacrifice du mouton qui importe mais principalement le début du pèlerinage et de ces rites.
Lakhdar Bouali nous raconte les débuts du Haj, en compagnie de son groupe de français.
Les dix premiers jours, Lakhdar et son groupe les ont passés à Médine( Madinat an-nabi soit la ville du Prophète). Des visites de nombreux sites de l’histoire musulmane étaient au programme : le tombeau du Prophète, Al Baqi’ (cimetière ou sont enterrés de nombreux compagnons), Al Jabal Uhud, la fameuse montagne où s’est déroulée la bataille de Badr et où Hamza ( oncle du prophète) est enterré.
En route pour la ville Sainte…Puis le 2 février, ils ont roulé pendant 415 kilomètres en direction de la Mecque où ils sont arrivés le soir même, à leur hôtel à seulement 100 mètres de la Ka’ba. Lakhdar est très content, car ça sera plus facile vu le nombre élevé de personnes à sa charge. Il est vrai qu’il n’est pas rare de voir des personnes qui se perdent, la proximité de la Kaa’ba est donc la bienvenue. Les badges sont donc de mises, où le nom et le numéro du groupe sont inscrit.. Aussitôt arrivés à la Mecque, ils ont commencé par faire leur procession de circumambulation sept fois autour de la Ka’ba en commencant chaque tour par la pierre noire sacrée. A la fin des sept tours, ils ont fait une prière de deux rak’ates derrière la station d’Ibrahim ( Maquâme ibrahim). Les pèlerins ont avoué n’avoir saisi le but de leur voyage qu’à ce moment précis. Ils se sont ensuite sereinement dirigés vers le monticule d’Al-Safa où des invocations étaient récitées d’une seule, à l’unisson. Puis, ils sont allés au monticule d’Al Marwâ avec les mêmes invocations. Ils ont du faire sept trajets pour achever leur Saï (procession) entre Al-Safa et Al Marwâ.
Après cette journée de Oumra ( préalable au haj mais pas obligatoire), ils ont eu 6 jours à leur disposition où ils géraient totalement leurs occupations. Alors que certains se concentraient dans les prières et les invocations, d’autres préféraient faire des emplettes ou d’autres encore conjugaient les deux. Mais pour tout le monde, l'exaltation était là, même pour Lakhdar qui s’y rend pour la onzième fois.
…pour effectuer le Haj
Le 10 février ( 8éme jour de Doul Hija des mois de l’année lunaire), ils on revêtis les habits rituels d’Ihram (état de sacralisation, deux étoffes de tissus blancs non cousus pour les hommes) en prononçant leur vœu du Haj dite Talbiya : « Je réponds à votre appel Allah, pour le Hajj, oui je réponds à votre appel… ». Le groupe s’est ensuite dirigé vers Minnâ à 17 kilomètres de la Mecque.
Sitôt le soleil du neuvième jour levé, Lakhdar les a conduit à Arafat calmement. C’est le véritable commencement du Haj : « ouakafa al ‘arafa » (stationnement à ‘Arafa)..
Tous les pèlerins du monde entier s’y retrouvent. Les bousculades y sont fréquentes. Ils y célèbrent les 2 prières de Midi et de l’Après-midi conjointement avec un seul appel à la prière (Adhane). Lakhdar Bouali préconise à son groupe de faire beaucoup d’invocations et d’implorations possibles, en faisant face à la Ka’ba. Chacun se recueille seul dans ses prières mais tous avec le même état d’esprit, se rapprocher de Dieu. Le sentiment des pèlerins est confus : « ils n’arrivent pas à l’exprimer, ils sont soulagés, se sentent légers et proche d ‘Allah. » nous confie Lakhdar.
Au coucher du soleil, ils se sont dirigés à Muzdalifah (10 kilomètres de Arafat) avec calme et dignité respectueuse en récitant la Talbiya. Encore une fois, ils y établissent conjointement la prière du Coucher du soleil et du Soir et là aussi avec un seul Adhane et deux Ikamâh. Ils y ont passé la nuit. Les pèlerins ont l’air inépuisables et même la nuit, ils multiplient les invocations.
Après la prière de l’Aube, ils reprennent la direction de Minnâ en répétant la Talbiya munis de sept petits cailloux seulement pour les lancer sur le socle (Jamarat) d’Al Akaba.
Une fois arrivés, les fidèles ont lancé successivement un à un, les sept cailloux sur la grande Jamarat Al Akaba (stèles).
Sacrifice du Mouton délégué aux autorités saoudiennes
Ensuite, ils ont procédé à l’immolation de l’offrande. .
Mais il faut savoir, qu’à la Mecque, ce n’est pas que la « fête du mouton », comme on la surnomme en France. Tandis que partout ailleurs, le sacrifice du mouton est un acte primordial pour les musulmans, les pèlerins, eux, en général, délèguent cette tache aux autorités saoudiennes. En effet, sur place, les pèlerins, se contentent d’acheter un mouton qu’ils ne verront certainement pas, même si quelques personne tiennent à faire le sacrifice eux-mêmes.
Le gouvernement saoudien a installé une structure qui vise à redistribuer la viande à des pauvres. Elle dessert également les pays alentours, notamment, le Yémen.
Par la suite, les pèlerins se trouvent en état de désacralisation et peuvent porter leurs habits « civils ».
En écoutant Lakhdar nous relater tous ces évènements, on a pu constater une fatigue, mais une fatigue agréable. Il a comparé les pèlerins à des enfants émerveillés dans un parc d’attractions, « mais là, les attractions sont gratifiantes pour l’au-delà » a-t-il ajouté.
Le retour est pour bientôt et le groupe de pèlerins commence déjà à être nostalgique, mais avant, ils ont encore quelques rites à effectuer. Le voyage n’est donc pas totalement terminé.