Société

Quel avenir au SNU ? Sa généralisation en question, ce qu'en dit Sarah El Haïry

Rédigé par Lionel Lemonier | Mardi 4 Avril 2023 à 10:30

Le flou règne sur l'avenir du Service national universel (SNU). Alors que sa généralisation est officiellement reportée, la secrétaire d'Etat en charge du dossier Sarah El Haïry fait une mise au point auprès de Saphirnews. L'occasion d'un zoom ici sur un dispositif sujet à moultes interrogations et critiques.



Le Service national universel (SNU) en questions. © École polytechnique/J.Barande/CC BY-SA 2.0
Le Service national universel (SNU) sera-t-il généralisé un jour ? Lancé en 2019 sous forme de volontariat, ce dispositif était censé devenir obligatoire à terme, pour tous les jeunes de 15 à 17 ans. Ce « projet éducatif d’émancipation et de responsabilisation des jeunes » vise à « les impliquer pleinement dans la vie de la Nation et à nourrir le creuset républicain », dixit le ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse.

Le SNU, présenté par Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle de 2017 comme un « véritable projet républicain, qui doit permettre à notre démocratie d’être plus unie et d’accroître la résilience de notre société », devait accueillir à terme les 800 000 jeunes d’une classe d’âge par an. Il est pour le moment découpé en deux phases : un « séjour de cohésion » obligatoire de deux semaines en internat dans des centres SNU. Les jeunes sont répartis en compagnie d’une centaine d’individus, mais l’hébergement est organisé en maisonnées, avec filles et garçons séparés et encadrés par un tuteur ou une tutrice.

Chaque jour, des activités sportives et culturelles sont proposées un peu comme dans une colonie de vacances. A cette différence près que la journée commence par un « lever des couleurs », un moment de rassemblement au cours duquel le drapeau français est hissé sur son mât pendant que les jeunes chantent l’hymne national. Une cérémonie qui lui confère des ressemblances avec le service militaire, suspendu en 1997 avant d'être définitivement abandonné par décret en 2001. Pour le syndicat lycéen FIDL, aujourd'hui engagé dans « une lutte totale contre la généralisation et l’obligation du SNU », le SNU est même « l’antichambre du service militaire ». Ce que réfute le gouvernement, en peinant encore à convaincre.

La deuxième phase consiste en une mission d’intérêt général qui dure 84 heures, sur deux semaines, hors du temps scolaire, en lien avec un service de l’armée, d'un autre corps en uniforme, d'une administration ou d'une association. Obligatoire aussi, cette deuxième phase s’inscrit dans « une logique d’accompagnement et d’individualisation des parcours » et doit s’effectuer dans l’année qui suit le séjour de cohésion.

Des interrogations à dissiper

Pour ceux et celles qui souhaitent aller plus loin, une troisième phase d’engagement, cette fois volontaire, est ouverte. D'une durée d’au moins trois mois, elle pourra être réalisée entre 16 et 25 ans, avec une mise en œuvre qui s’appuie principalement sur les dispositifs de volontariat civil et en uniforme existants.

En 2019, le SNU a rassemblé 2 000 volontaires. L’année suivante, la crise sanitaire a obligé à annuler l’opération. Mais en 2021, 15 000 jeunes ont participé, puis 32 000 en 2022. Une montée en puissance qui cache tout de même quelques difficultés puisque 50 000 étaient espérés cette année-là. En 2023, le gouvernement affiche cette fois un objectif de 64 000 participants.

Fin février, un document de l’Education nationale était révélé par l’hebdomadaire Politis, indiquant que le dispositif devait être progressivement obligatoire. Mais le volontarisme gouvernemental ne peut cacher les problèmes d’intendance. « Comment assurer toute la logistique nécessaire à l’accueil de plus de 800 000 jeunes par an ? La France manque de structures adaptées pour les faire manger, dormir, bouger, etc. Il manque aussi les adultes indispensables pour les encadrer », estime le syndicat Unsa Education.

En pleine contestation contre la réforme des retraites à laquelle un pan de la jeunesse s'est engagée, l’Elysée a renoncé à presenter le SNU obligatoire, ce mardi 4 avril en Conseil des ministres à l'occasion de la loi de la programmation militaire, Mais le renoncement n'est que temporaire, affirment les défenseurs du projet, à commencer par Sarah El Haïry qui ne cesse de marteler que l’idée d’une généralisation du dispositif n’est pas abandonnée. La secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées chargée de la Jeunesse et du SNU estime que plusieurs hypothèses coexistent, mais lesquels ? Elle en parle lors d'un entretien exclusif sur Saphirnews au cours duquel il est question du dispositif mais aussi des politiques envers la jeunesse.

Lire l'interview de Sarah El Haïry sur Saphirnews ici : « Je continue à travailler au déploiement du Service national universel »