Invité(s) |
Présentation |
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Bouzar Dounia | |
Dounia Bouzar, est une ancienne éducatrice. Elle publie en 2001 « L'Islam des banlieues » (aux éditions Syros). En 2003, elle présente une thèse danthropologie sur les français de confession musulmane et publie, en collaboration avec Saïda Kada, « L'Une voilée, l'autre pas » chez Albin Michel. En 2004 elle écrit, « Monsieur islam n'existe pas » aux éditions Hachette. Aujourdhui anthropologue, chargée d'étude à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), elle était la seule femme du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) avant sa démission, le 4 janvier 2005. En ce début dannée 2006, elle publie aux éditions Dunod : « Quelle éducation face au radicalisme religieux ? » | |
Posté par anissa |
le 17-04-2006 à 12:04:14 | |
Question : Je profite de l'occasion pour vous dire que j'admire beaucoup votre travail. La femme musulmane n'est pas une femme passive et soumise, mais une femme active, impliquée, réfléchie et autonome. Elle a le sens des responsabilités...et elle sont nombreuses ses responsabilités. Concernant le sujet évoqué, je crois tout d'abord que le radicalisme religieux est parfois un refuge à la détresse et un piège pour ceux qui ne cherchent pas à comprendre. Le culturel et le cultuel se mélangent, à cela s'ajoute le sentiment d'exclusion du pays où l'on vit. Certains jeunes musulmans baissent les bras et se retournent vers l'Islam, mais n'en n'ont pas les connaissances nécessaires et n'ont pas reçu dans leur éducation la clé pour comprendre : la réflexion, l'étude personnelle d'un sujet et s'en remettent à d'autres personnes. Mais la religion est un cheminement personnel et ne peut se dévelloper que si cela suit une quête spirituelle et non pas uniquement une façon de vivre ostentatoire. La perception que l'on a de la vie et la façon dont notre cerveau est façonné tout au long de notre enfance va façonner notre rapport à la religion et donc à la vie de manière générale : la famille, les femmes ou les hommes, la différence, le respect... J'ai étudié les sciences de l'éducation et c'est un sujet qui me passionne. Je pense que tout radicalisme est une maladie qui a ses causes, ses conséquences et surtout ses remèdes. |
Réponse de Dounia Bouzar :
Bonjour Anissa. Merci pour vos encouragements. Oui, effectivement, le radicalisme peut être considéré comme une maladie. C'est ce qui ressort de notre long travail dans ce livre : il n'est pas en lien avec le phénomène religieux mais constitue un exutoire, une sorte de symptôme, de la part de jeunes en rupture. Les 2 facteurs principaux que nous relevons sont : des jeunes en rupture avec un territoire (qui se sentent de nulle part, ni du pays de leurs parents, ni de là où ils vivent)et en rupture avec leur histoire (qui ont grandi dans les trous de mémoire portées d'ailleurs par tout leurs interlocuteurs...) Les éducateurs retrouvent le même type de figures que l'on retrouvait chez certains toxicomanes avant : figure de père déchu et pas structurante (alcoolique, au chomage, invalide, mort ou absent), recherche de plaisir immédiat, pas d'intégration des limites, etc. Ces jeunes, souvent anciens délinquants ou toxicomanes, cherchent avant tout un moyen de contourner leur réalité, et de passer au-dessus. C'est la recherche de l'extase. cela n'a proprement rien à voir avec la recherche spirituelle. D'ailleurs l'imam qui a travaillé avec nous l'explique très bien : d'habitude, les croyants, quelle que soit leur religion, se soumette à l'autorité de la religion. Là, il y a une inversion. Ce type de jeunes s'approprient en leur nom propre l'autorité de la religion... Ils s'en servent aussi contre les imams et théologiens d'ailleurs... Bref, le livre tente de replacer le débat pour montrer que le radicalisme n'est pas un "produit de l'islam"... Bonne continuation à vous Ce n'est donc pas le théologique qui peut faire avancer |
Posté par internetional |
le 19-04-2006 à 21:04:41 | |
Question : Salam oualikem Peut on réellement parler de radicalisme religieux face à un système français en agonie et totalement dévastatrice pour les futur générations ? car je crains hélas que ce sont les fondements de la république qui posent un véritable problème pour construire une pensée musulmane sincère et authentique car les idéologies pronées par l'éducation laique est à l'opposé radicale de la véritable éducation islamique et je crains que vous être trop lié à ce système , c'est pour cela que votre discours risque d'être inaudible , car elle est stérile et vide pour une vraie réflexion spirituelle !!!!!!! Ne faites pas les mêmes erreurs que ces élites arabes des années 60 qui ont crus au idéologies occidentales et qui ont aboutis à un fiasco lamentable. Je crains que vous apportez de très mauvaises réponses car elles se fondent une conception des sciences humaines erronées et sur des institutions qui hélas sont en faillite et dont leur jour sont comptés. Prenez du recul et soyez patiente en prenant votre temps pour étudiez les sciences religieuses en profondeur ( car je crains que cela vous fait cruellement défaut et vous précipite vers des pensées fausses ) Salam oualikem |
Réponse de Dounia Bouzar :
Paix sur vous, Avez-vous lu le livre pour émettre un tel jugement sur ma pensée? Non, car si vous l'aviez lu, je pense que vous parleriez autrement. Vous sauriez que toutes les personnes qui ont travaillé avec moi - imam et aumonier compris - déconstruisent des idées reçues sur ce sujet, et montrent que les jeunes sur qui le discours radical fait autorité sont avant tout des jeunes sans éducation, savoir, repères et transmission religieuse justement. La radicalité n'a pas grand chose à voir avec le religieux. C'est pour cette raison que cela n'a rien à voir avec une réflexion spirituelle. C'est pour cette raison que c'est bien avec une réflexion sur les conditions sociales, économiques, historiques et familiales des jeunes que l'on peut avancer, et non pas avec un discours théologique. Mais puisque vous semblez connaitre LA VERITE (la "véritable éducation islamique"!!!) et que vous connaissez même mon degré de réflexion spirituelle (Comment? Que Dieu vous pardonne d'être aussi imbu de vous-même!), je vous laisse à vos certitudes. |
Posté par Isabelle |
le 20-04-2006 à 00:04:05 | |
Question : Bonjour madame Bouzar. On sait maintenant que la majorité des jeunes musulmans de France ne sont pas des radicaux. Comment expliquez-vous cet engouement des journaux et des chercheurs, dont vous faites partie, pour mettre ce sujet à la une de nos journaux. N'est-ce pas là une manière de nous éviter de nous intéresser à nos vrais problèmes? Merci |
Réponse de Dounia Bouzar :
Bonjour Isabelle, ALors vous aussi, je suppose que vous n'avez pas lu le livre, car sinon, vous sauriez que je ne me positionne pas du tout comme les gens que vous citez. AU contraire, ce long travail de recherche-action mené par 50 professionnels - comprenant des musulmans et des théologiens - passe 300 pages à montrer que le radicalisme n'est pas un produit de l'islam, mais un symptome... que l'on peut traiter en étudiant le rapport au territoire, à l'histoire, à la famille, à la société française notamment. Au départ, nous avions décidé de travailler sur la relation à l'islam de nos jeunes en difficulté (voir la chronique faite par Saphirnet). Et ensuite, comme nous nous sommes aperçus que nous avions affaire, dans nos fonctions éducatives, uniquement à des jeunes qui s'auto-excluent ou qui excluent les autres avec le religieux (car les éducateurs, psychologues et aumoniers ne rencontrent que des jeunes qui vont très mal!), nous avons décidé de mettre un titre clair afin d'éviter les amalgames justement : que les lecteurs ne pensent pas nous parlions "des musulmans"! Bref, si vous lisez le livre, vous serez surprise de voir à quel point nous ne parlons que des vrais problèmes, et jamais de l'islam... Attention aux jugements rapides... |
Posté par Rania |
le 20-04-2006 à 14:04:21 | |
Question : Dounia, je dois vous dire que je n'ai pas du tout, alors vraiment pas du tout aimé comment vous avez quitté le conseil des musulmans de France. Je suis muslima depuis sept ans et je ne porte pas de voile. je me suis convertie au Pakistan et je n'ai jamais vu que ça posait problème pour l'Islam. En plus je suis infirmière et je ne sais pas si j'aurais pu retrouver mon travail en rentrant en France. Ok. Bon je n'ai pas de question mais j'aimerais que vous demander de retourner dans le cffm parce que c'est important pour les muslima qui ne portent pas le voile de savoir que tu es là au plus haut niveau de l'islam. Jsk Khairan. Massalam. Rania M. |
Réponse de Dounia Bouzar :
salem Rania, Je te promets que si j'avais espéré servir à quelque chose, je serais restée... Mais j'avais vraiment le sentiment de servir d'alibi : de faire croire qu'on réfléchissait à des choses constructives, qu'on réfléchissait justement à la génération que j'étais censée représentée, née en France, en tous cas "jeune" (20-40 ans...... et en fait, que ce soit du côté du gouvernement ou du côté de mes collègues du CFCM, je crois que ce n'était pas encore le moment et que ce n'était qu'une question de places et de pouvoirs... Je ne veux pas être utilisée pour des questions politiques, je suis et j'essaye d'e^tre une technicienne, au sens de celle qui tente de poser des bonnes questions, même quand je n'ai pas toujours les réponses bien sur, pour faire avancer et repositionner les débats... Et crois mpoi, je suis plus efficace dehors que dedans... Bon courage à toi, QUe dieu nous guide... |
Posté par Allyha |
le 20-04-2006 à 15:04:33 | |
Question : Bonjour Dounia,on ne cesse de parler de radicalisme dans les banlieues à travers les médias. Je me pose la question à savoir quelle est la réalité sur le terrain. Par exemple, M6 à passer un reportage sur les islmamistes en France (il y a plusieurs mois), une personne avait été interpellée.....mais ce que M6 à "oublier" de signaler, c'est que cette même personne a été libéré car aucune charge ne pesait contre elle!!!!!!! on peut se demander si la réalité est faussé par les médias? qu'en pensez-vous? Salam à vous et aux saphiriens |
Réponse de Dounia Bouzar :
Bonjour et salam Je pense que le gros problème, et c'est ce qu'on soulève dans le bouquin, c'est que de nombreuses personnes ne savent pas faire la part des choses entre ce qui relève de la liberté de conscience et de culte et ce qui relève du dysfonctionnement... Cela mène à des contre-productions, car en faisant des amalgames, on créé un climat d'insécurité qui ne permet pas aux musulmans d'avancer. De plus, de nombreuses médias reprennent, lorsqu'elles parlent de l'islam, ni plus ni moins les définitions des intégristes eux-mêmes, elles valident sans le vouloir leur vision du monde en réduisant l'islam aux comportements intégristes... Non seulemnt cela ne permet pas de comprendre les réalités des interactions, mais en plus cela brouille le débat. Il y a un énorme travail à faire, c'est aussi pour cela que j'ai décidé de me pencher sur ce sujet, afin de tenter d'apporter un peu de complexité...et de repositionner le débat... Le travail du livre a duré trois ans, ce qui permet de prendre un peu de recul et de travailler en dehors de toute actualité... salem à vous |
Posté par professeur à paris |
le 20-04-2006 à 17:04:39 | |
Question : Salam Dounia, Je voudrai savoir quelles sont les motivations qui vous ont poussé à porter votre étude sur le radicalisme?une simple coincidence ou une convergence profonde avec l'actualité? Quand le cfcm etait d'actualité,vous en faisiez parti,quand le cfcm n'était plus d'actualité,vous démissionné? On remarque aussi de votre part la posture équivalente face à votre critique de Zarkozy qui etait completement absente lors de votre nomination première? Meme chose, on voit que vous vous rapprochez des theses de benzine pour ensuite les rejeter? ne pensez vous vous qu'1 chercheuse se doit de prendre du recul face à l'objet de recherche en question et de prime abord face à l'actualité ce qui pourrait vous éviter tergiversations,hésitations et rendre vos positions plus claires,sur le plan de la recherche et de l'éthique politique de l'engagement? |
Réponse de Dounia Bouzar :
Salam, Mr le professeur à Paris, Alors là, vous me demandez de me justifier, on y va. La recherche qui a abouti sur ce livre sur le radicalisme a commencé il y a trois ans, avec 50 professionnels de la jeunesse de plusieurs institutions et ministères, et du secteur associatif (y compris musulman) (voir introduction et liste des participants) Elle ne portait pas sur le radicalisme mais de la relation à l'islam des jeunes en rupture que les éducateurs fréquentent. QUand nous avons compris que nous ne traitions que des cas extremes, les membres de la recherche-action ont décidé de mettre un titre qui permette de ne pas faire d'amalgames et de comprendre que nous ne parlons pas "des musulmans". Ce livre ne parle pas d'islam, mais des conditions sociologiques, historiques, écnomiques et historiques des jeunes en rupture, qui les mènent à utiliser un support religiuex pour s'auto exclure ou exclure les autres, et dans tous les cas à échapper à leur réalité. Il ne s'agit nullemnet d'un livre d'actualité, c'est un livre de fond, avec plusieurs chercherus invités, des débats de professionnels qui échangent des points de vue différents (mettre autour d'une table un Proviseur, un imam, un aumonier et des travailleurs sociaux et psychologues, c'est très intéressant), et j'ai écrit le livre année après année après avoir enregistré tous ces débats, dans le cadre d'ailleurs de mon métier de fonctionnaire; Je n'ai pas écrit ce livre en tant qu'auteur, mais dans le cadre du service public. C'est d'ailleurs longuement expliqué dans l'introduction. Nous avons choisi une édition professionnelle justement parce c'est le premier ouvrage destiné aux professionnels sur ce sujet. SUr le CFCM, vous êtes mal informé. Je suis partie du CFCM alors qu'il était en pleine actualité, au contraire! C'est bien après qu'il y a eu des problèmes... Vous auriez préféré que je continue à servir d'alibi? pour qui et pour quoi? je ne connais pas votre position à ce sujet... QUant à Sarkosy, premièrement, je ne pouvais pas le critiquer sur sa gestion avant d'être à l'intérieur et de vivre les choses (d'ailleurs, son livre n'est sorti que peu avant ma démission, c'est là qu'il a mélangé le traitement social et religieux explicitement... et qu'il a parlé de "chefs de troupes"...). Deuxièmement, à ce que je sache, je ne vois pas en quoi l'actualité a changé à son égard. Il est chaque jour plus important et cela ne m'a justement pas empeché de dire ce que je pensais, tout comme je ne me prive pas de dire ce que je pense sur les positions de la gauche. bref... là je ne comprends pas du tout votre critique. Tous les gens qui connaissent mon travail et ont lu mes interviews verront combien c'est complètement injustifié! Dernière justification, j'aimerais bien savoir qui vous dit que je rejète les thèses de Benzine??? Ou plutôt, les thèses des penseurs que présente rachid Benzine dans son dernier ouvrage. Bien au contraire, je pense que ces penseurs sont formidablement riches, et je m'appuie dessus dans ma thèse. Quaud à la thèse de Rachid Benzine, je suis pressée qu'elle soit finie car je suis persuadée que cela va être un vrai tournant dans la réfléxion actuelle. Et il y en a bien besoin! Là non plus, je ne comprends pas d'où vous tenez et imaginez vos informations. Je vous conseille d'ailleurs de vous élever à son niveau de réfléxion car cela éviterait les petites mesquineries auxuelles vous vous réduisez petitement dans votre "question". |
Posté par Rachid |
le 20-04-2006 à 20:04:06 | |
Question : Salam Dounia, Que pensez vous du comportement des français et spécialement de l'élite française vis à vis des penseurs musulmans de France. En effet les autres pays reconnaissent ces penseurs, comme vous ou Tariq Ramadan (exemple le Time ou le gouvernement anglais) alors qu'en France au mieux on vous ignore. Merci pour votre franchise |
Réponse de Dounia Bouzar :
Salam Rachid, Je me pose aussi cette question assez souvent. POur ma part, je pense que le fait que je passe mon temps à déconfessionnaliser des problématiques n'arrange personne. Les gens sont plus habitués à des discours qui disent "ce que l'islam dit". C'est blanc ou c'est noir. L'islam gentil contre l'islam méchant. Mes ouvrages mettent mal à l'aise peut-être parce que souvent je montre que ce sont les conditions de vie qui conditionnent la nature de la relation à l'islam des jeunes... Pour les médias, cela ne les arrange pas car mes réponses renvoient toujours à la complexité. Or le temps-média est un temps rapide. Du coup, je ne suis invitée que dans des émisisons longues, intellectuelles. Cela ne peut pas être du "grand public". Je l'ai bien vu pendant les débats du foulard. le fait que j'étais "contre" le port du foulard en tant que musulmane mais "pour" la liberté de le porter en tant que citoyenne, et bien je sentais que mes interlocuteurs médiatiquent ne comprenaient rien à ce que je tentais de leur expliquer... Après, bien sur, je pense qu'il reste une "suspiscion" de "non objectivité" lorsqu'on est musulmane soi-même... Comme si le fait d'être non musulman était une preuve d'objectivité... Ceci dit, je n'ai quand même pas l'impression que l'on nous ignore. Mon travail à moi est d'aider les institutions à comprendre ce qui se passe, comment les jeunes vivent les choses. Je pense pouvoir dire que dans ce cadre là, je suis régulièrement entendue. Mais on ne change pas des représentations vieilles de plusieurs siècles en un jour. Par ailleurs, je suis encore plus choquée d'être agressée par des musulmans qui me reprochent d'e^tre en relation avec ces institutions. Là aussi, parfois, leurs réactions sont parfois tellement décalées des réalités et fantasmagoriques que je ne sais même plus que répondre. Dans quelques années, tout cela sera terminé, en tous les cas je l'espère; Nos enfants sont en train de passer les concours des grandes écoles et il n'y aura plus besoin de personne pour faire courroie de transmission... Paix sur vous |
Posté par mina |
le 20-04-2006 à 20:04:58 | |
Question : Bonjour, mon petit frère se radicalise de plus en plus il a 19 ans et il ne parle que d'islam de femme, de Dieu en disant que tout est Haram etc... il faut baisser les yeux quand il passe, pas de musique à la maison etc... que puis je faire ? je ne peux rien lui dire il refuse tout en bloque ! que faire ? ma mère se desespère !! merci de votre aide |
Réponse de Dounia Bouzar :
Bonjour Mina, Ce n'est pas facile de parler de ça en quelques lignes. Est-ce que vous arrivez à situer le moment où votre frère a eu ce comportement? Y-t-il eu un problème dans sa vie, familiale, professionnelle, amoureuse? A-t-il vécu quelque chose de traumatisant? de décevant? Souvent, les jeunes s'enferment dans une bulle religieuse pour fuir leur réalité, pour se mettre "au dessus". Toute la difficulté pour ceux qui sont autour, c'est de tenter de garder le lien avec lui. Ceux qui suivent ce type de discours ont souvent besoin qu'on les prenne en charge de manière globale, tels qu'ils sont, avec leurs failles, leurs faiblesses, leurs ignorances. Ils recherchent une sorte de cocon. En même temps de garder le lien, il faut tenter de le mettre en situation de re "penser". Instaurer une faille dans la vision du monde dans laquelle il s'est enfermé. Le déstabiliser. Il n'y a pas de recette pour ça. Cela peut être une rencontre avec une imam, mais aussi une boutade ou une discussion entre amis. Le problème, c'est que certains groupuscules religieux radicaux ont un fonctionnement proche des sectes : habilement, ils coupent le jeune de tous ses liens sociaux, des non musulmans bien sur mais aussi des autres musulamns qui ne sont pas comme eux; Ils réduisent l'islam à un code et à une norme pour l'ériger en une frontière : soit on est dedans soit on est dehors. Je ne connais pas votre frère, mais ce qu'on a remarqué dans notre livre (on ne parle que de jeunes comme votre petit frère) , c'est que ce type de jeunes a souvent un papa qui va mal ou pas de papa du tout, que ce jeune ne se sent "de nulle part" (ni arabe ni français ni rien), et qu'il ne connait pas son histoire. En bref, ce type de jeunes a le sentiment de ne pas avoir de place. Et le discours radical lui propose un espace de substitution au dessus du reste de la terre, avec cette frontière de substitution qu'est soi disnat l'islam. AU lien de se sentir de nulle part, ces jeunes se sentent audessus de tous les autres êtres humains, (des arabes, des européens, des américains, etc). Est-ce que votre frère était pratiquant auparavant? Souvent ce n'est pas le cas. Il s'agit de jeunes qui "ont la haine", et les radicaux leur donnent des arguments religieux pour leur expliquer que tout ce qu'ils vivent c'est lié au fait qu'ils sont muslmans. Ensuite, ils leur donnent une idée de la religion tellement puissante et sublimée que la seule façon d'y entrer revient à ressembler à celui qui en parle... doù le processus de mimétisme. Comment faire pour rattacher votre frère à la réalité et à le faire sortir de son "extase"? Difficile en quelques phrases... Essayez de vous demander pourquoi, tout d'un coup, il a besoin de penser que l'islam dit ce genre de choses... QU'est-ce qui a provoqué ce changement? De nombreux parents musulmans vivent cet état de choses et sont désespérés. C'est très douloureux car vous devez avoir l'impression de "le perdre"... POurtant, Dieu merci, c'est souvent un passage, une crise... Tentez de le faire rencontrer des musulmans pratiquants, des gens qui connaissent la religion, pour qu'ils tentent de l'intérroger sur ces certitudes, qui lui mettent le doute. J'espère qu'il s'en sortira et je vous souhaite bon courage. |
Posté par Nacéra H |
le 20-04-2006 à 20:04:49 | |
Question : bonjour Dounia Ne penses-tu pas qu'il faut d'abord poser la question de la problématique familiale,de parents totalement exclus du monde du travail, sans aucune politique de valorisation avant d'aborder la question relative aux jeunes. Des pères, des mères souffrent affreusement, leur dignité bafouée,ne leur permettant pas de remplir leur devoir de parents responsables.... A bientôt, inch Allah |
Réponse de Dounia Bouzar :
Bonjour, En fait, oui, c'est la question des pères qui est au centre de nos conclusions dans le livre. Que l'on prenne le fait que ces jeunes se sentent de nulle part, le fait qu'ils aient grandi dans les trous de mémoire, ou leur rapport à l'autorité (intégration des limites), la question du père est toujours au croisement de tous ces dysfonctionnements. Je suis profondément persuadée qu'on a loupé quelque chose de très important sur les pères, leurs places, leur dignité, etc. Oui, les parents ont au centre du débat, mais maintenant, c'est un peu tard et il va falloir aider les jeunes qui ont grandi avec ce manque... à bientôt |
Posté par lucie |
le 20-04-2006 à 20:04:06 | |
Question : Moi je voulais vous remercier, je n'ai pas lu votre livre et je vais m'y mettre car je trouve ce sujet très intéressant car très mal connu. je ne suis pas musulmane et je pense qu'on n'en parle pas bien de ce radicalisme, on participe à la radicalisation des jeunes en les stigmatisant. Bravo. merci. Vous êtes, je pense, bien placé pour parlé de tout ceci. voila g pas de question en fait je voulais vous remercier pour tenter d'éclairer nos esprits malinformé ! bonne soirée. |
Réponse de Dounia Bouzar :
Merci à vous, je pense que ce livre a le mérite de ne pas être dans la pensée unique et de croiser plein de regards différents (proviseur de lycée, imam, aumonier, psychologue, historien, travailleurs sociaux, politologue). Ce qui est sympa, c'est que les gens avancent tout au long des débats. Et vous pouvez commencer par n'importe quel chapitre. C'est un livre qui tente de déconstruire, point par point. Les premiers lecteurs disent qu'effectivement, cela change leur regard sur le sujet et leur a permis d'énormément avancer dans leur réflexion. J'espère de tout coeur que vous ne serez pas décue. Bien à vous |
Posté par Mustapha |
le 20-04-2006 à 21:04:17 | |
Question : Assalam Madame Bouzar. Vous avez dit dans une interview que deux associations avec lesquelles vous travailliez ont quitté votre projet de livre. Peut-on savoir pourquoi ces assos ont quitté le navire? |
Réponse de Dounia Bouzar :
salem, c'est le dernier chapitre qui a posé problème à ces deux associations. Celui sur "islam et politique", apèrs l'intervention de Olivier Roy. Personnellemnet, je n'ai pas compris pourquoi exactement? Olivier Roy se situe, tout comme je tente de le faire, sur un terrain anthropologique et historique, jamais théologique; Je pense que ce chapitre a fait violence parce que ces deux musulmans ont eu l'impression qu'il se plaçait sur un plan théologique. De toutes façons, en règle générale, de nombreux frères et soeurs sont à vif et sont plus dans la réaction affective que dans la pensée. Cela se comprend mais c'est dommageable poru le débat. Je le regrette. Heureusement qu'il y a eu des gens très actifs ettrès intéressants qui ont beaucoup apporté au livre, comme Salim Amara de l'Association des Musulmans de Rosny, Abdellack Eddouk des Musulmans de Grigny2, Brahim El Hadi des JMF de Tourcoing, Ahmed Miktar de Lille sud, Fatima Berrichi du Collectif Interculturel des Femmes de l'Essonne, et Hamza Gharbi du CRCM du nord; J'espère que je n'en oublie pas... Leurs approches ont fait avancé les professionnels, qui ont fait avancé les associatifs... et moi j'ai énormément appris... Toutes ces personnes interviennet directement dans l'ouvrage. |
Posté par Aïcha |
le 20-04-2006 à 21:04:49 | |
Question : Ma soeur, excusez-moi mais je trouve qu'il y a un vrai problème avec vous. Vous dites partout que vous ne faites pas de politique et pourtant vous ne faites que ça. On vous a vu au Conseil musulman du culte, on vous voit sur les plateaux de télé avec des ministres et j'ai lu votre livre ça suffit que j'ai adoré mais je n'y ai vu que des positionnement politiques et rien qui soit de la religieux. Alors excusez-moi de dire ça, ne prenez pas les gens pour des imbéciles. Moi je trouve que vous faites de la politique tout en clamant que vous ne faite pas de Politique. Je n'ai rien contre la politique. Mais quand j'ai pris ma carte de parti, je l'ai fait en tant que citoyenne et pas en tant que musulmane. C'est ça que je voulais dire. Merci pour saphir. C'est ma fille qui m'a dit qu'il y avait un chat ce soir mais je trouve qu'il faudrait faire plus de publicité pour ça. Bonne soirée à tous. Assalamou Aleikoum. Aïcha K. |
Réponse de Dounia Bouzar :
salam, Vous avez réussi à me faire rire, cela me détend... C'est une vraie question, pour moi, mon positionnement politique... C'est vrai que quand on tente de repositionner des débats, on fait forcément de la politique. Beaucoup de gens me disent la même chose que vous. Mais ce que je veux dire, c'est que je trouve que la gauche comme la droite ne traitent pas ces sujets comme elles pourraient le faire. DOnc j'aime garder ma liberté et déconstruire de tous les côtés. QUelques fois, je me demande, parce qu'on me le demande de plus en plus, s'il ne faudrait plus s'engager en pure politique, mais tout de suite après je me dis : avec qui ? Où? il n'y a personne avec qui je pourrais m'engager. Et je perdrai ma liberté de "chercheuse". Bon, vous mettez le doigt sur une vraie question, mais comme vous le constatez, je ne suis effectivement pas très claire sur ce point. Je vais attendre la retraite, et là, j'espère que j'y verrais plus clair sur ce que je peux apporter et avec qui je peux le faire... Mais ne vous inquiétez pas, s'il y a besoin de faire une révolution, je laisserai tomber mes nébuleuses questions et j'en serai... fraternellement |
Posté par Idriss |
le 20-04-2006 à 21:04:12 | |
Question : Mon observation de simple musulman me conduit à penser que paradoxalement le radicalisme se développe sur l'absence de discours religieux éclairé dans les milieux populaires. Les acteurs sociaux suspecte toute association musulmane organisé portant un discours cohérent. |
Réponse de Dounia Bouzar :
C'est aussi une de nos observation... le radicalisme n'est pas lié au phénomène religieux proprement dit. Le religieux est pris en otage par le radicalisme. |
Posté par Hakim |
le 20-04-2006 à 21:04:43 | |
Question : Bonjour madame BOUZAR. Je vais être un peu hors sujet c'est pourquoi je demande à tout le monde de m'excuser mais il faut dir eles choses au moment où on a l'occasion sinon on les oublie et on reste avec sa rancoeur. Madame bouzar vous avez quitté le CFCM je ne sais plus quand déjà et depuis, vous n'avez rien fait comme association et comme réaction pour contrer le CFCM et l'aider à s'améliorer. Je trouve ça un peu facile de discréditer les gens ainsi sans se soucier. Nous dans les régions avec les CRCM, nous essayons de changer les choses de l'intérieur et vous à Paris vous mettez cela par terre et sans suite. Sachez ma soeur qu'en démissionnant vous nous avez fait prendre du retard. C'est tout ce que je voulais vouis dire. Continuez quand même vos recherches, on a besoin des gens sincères qui travaillent sur l'islam sinon on ne sait plus souvent où on va. Dieu vous garde, votre famille, amine |
Réponse de Dounia Bouzar :
salem Hakim et merci de votre sincérité, A vrai dire, je ne sais pas trop ce que je pourrais faire pour "améliorer les choses". Je n'ai pas le sentiment d'avoir ce pouvoir... il me semblait que mon travail de recherche faisait mieux avancer que toute autre chose. Je ne peux pas aider le CFCM qui m'en veut, fonder une autre association, avec qui? comment? Oui, vous dans les régions, à mon avis, vous êtes le vrai avenir concret de l'organisation du culte musulman. Il faut continuer car vous êtes la locomotive. is vous avez des idées de comment je peux vous aider, je suis à votre disposition. DIeu vous garde aussi, paix sur vous |
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