S’il est bien une condition fondatrice pour la vie en société, le vivre ensemble permet de construire du lien entre les êtres humains et, dans le même temps, promeut la paix sociale. Aujourd’hui plus qu’hier, dans une France en crise, les tensions sociales et les crispations identitaires qui en découlent creusent le fossé entre les citoyens mêmes et, plus que jamais, entre les politiques et ceux qu’ils sont sensés représenter. Il est d’ailleurs le thème récurrent du débat politique national, posé non pas en termes positifs mais par la division que suscite le débat sur la laïcité alors même que son idée originelle définit ce qu’est le vivre ensemble, dans un cadre de respect et de tolérance d’autrui.
Dans ce contexte social tendu, comme le démontrent plusieurs études sociologiques, le discours politique sur l’immigration et l’instrumentalisation de la laïcité servent de façon significative à stigmatiser une religion (l’islam) ou plus récemment une ethnie particulière (les Roms) et mettent à mal la cohésion sociale. Les difficultés à vivre ensemble seraient ainsi inhérentes à des populations particulières qui ne seraient pas à même de partager des idées communes ou un espace commun.
Le débat ainsi posé nous amène à la question qu’Alain Touraine pose dans son livre (2) : pourrons-nous vivre ensemble, égaux et différents ? En plus de respecter les règles de vie sociales de base, il propose deux transformations fondamentales : celle de l’individu en devenant Sujet de son histoire et, dans un second temps, celle des institutions pour initier un changement de vie social sur le mode de la société multiculturelle.
Dans ce contexte social tendu, comme le démontrent plusieurs études sociologiques, le discours politique sur l’immigration et l’instrumentalisation de la laïcité servent de façon significative à stigmatiser une religion (l’islam) ou plus récemment une ethnie particulière (les Roms) et mettent à mal la cohésion sociale. Les difficultés à vivre ensemble seraient ainsi inhérentes à des populations particulières qui ne seraient pas à même de partager des idées communes ou un espace commun.
Le débat ainsi posé nous amène à la question qu’Alain Touraine pose dans son livre (2) : pourrons-nous vivre ensemble, égaux et différents ? En plus de respecter les règles de vie sociales de base, il propose deux transformations fondamentales : celle de l’individu en devenant Sujet de son histoire et, dans un second temps, celle des institutions pour initier un changement de vie social sur le mode de la société multiculturelle.
Comment peut-on « vivre ensemble » ?
Ainsi, de sa valeur « symbolique » aux réelles conditions de sa mise en implication, il existe plusieurs façons d’instaurer le vivre ensemble. Car il n’est pas inné, il s’apprend et se construit. Face au renforcement de l’individualisme et l’affaiblissement du lien social dans la société moderne, Edgar Morin (3) évoque une « crise des fondements éthiques » et propose de redéfinir le monde dans lequel nous souhaitons vivre.
La coordination « par le bas » permet de reconstituer le tissu social, les défis communs à l’échelle de l’individu comme de la société nous appellent à promouvoir des valeurs telles que la solidarité, le dialogue et la compréhension mutuelle.
Dans l’esprit du respect des cultures et des religions, il nous faut apprendre à (ré)organiser notre vie commune, et ceci passe inexorablement par la citoyenneté comme étant la prise de conscience individuelle et collective d’implications pour une refonte totale de notre société.
La coordination « par le bas » permet de reconstituer le tissu social, les défis communs à l’échelle de l’individu comme de la société nous appellent à promouvoir des valeurs telles que la solidarité, le dialogue et la compréhension mutuelle.
Dans l’esprit du respect des cultures et des religions, il nous faut apprendre à (ré)organiser notre vie commune, et ceci passe inexorablement par la citoyenneté comme étant la prise de conscience individuelle et collective d’implications pour une refonte totale de notre société.
Vers une société multiculturelle ?
Le constat de certains politiques établirait que les Français connaissent des difficultés quant à leur capacité à vivre ensemble en se basant sur la thèse du « choc des civilisations ». Le modèle français actuel connaît des limites (échec des politiques d’immigration, augmentation des discriminations envers les minorités…). Cependant, nous pouvons explorer le multiculturalisme comme solution qui prendrait en compte la préservation de l’identité nationale et l’affirmation de la diversité culturelle propre aux individus qui composent la société française.
Il serait tout à fait judicieux de gérer les différences culturelles, ethniques et religieuses au-delà du prisme de l’assimilationnisme. Pour se faire, les politiques doivent impérativement repenser cette question de la multiculturalité car le multiculturalisme, c'est respecter les différences sans faire de différence finalement. Ces prérogatives sont fondamentales et doivent commencer par la reconnaissance de l’égalité et également de la justice sociale comme vecteurs principaux afin de donner naissance à une société (plus) inclusive.
En prenant l’exemple des pays anglo-saxons (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Canada), la France pourrait parvenir à proposer cette alternative pour l’instauration d’une société ouverte aux différences et au pluralisme. Cette perspective serait un atout majeur pour notre société afin de partager réellement les valeurs démocratiques tels la liberté de conscience, de croyance et d’expression, d’égalité des droits, de citoyenneté ouverte à tous...
A l’heure de la mondialisation, le cosmopolitisme culturel a toute sa place en France à tous les niveaux (économie, éducation…) sans pour autant sombrer dans l’utopie. La France doit pouvoir se réconcilier avec son Histoire et s’ouvrir vers un horizon pluriel né de cette même Histoire.
Il serait tout à fait judicieux de gérer les différences culturelles, ethniques et religieuses au-delà du prisme de l’assimilationnisme. Pour se faire, les politiques doivent impérativement repenser cette question de la multiculturalité car le multiculturalisme, c'est respecter les différences sans faire de différence finalement. Ces prérogatives sont fondamentales et doivent commencer par la reconnaissance de l’égalité et également de la justice sociale comme vecteurs principaux afin de donner naissance à une société (plus) inclusive.
En prenant l’exemple des pays anglo-saxons (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Canada), la France pourrait parvenir à proposer cette alternative pour l’instauration d’une société ouverte aux différences et au pluralisme. Cette perspective serait un atout majeur pour notre société afin de partager réellement les valeurs démocratiques tels la liberté de conscience, de croyance et d’expression, d’égalité des droits, de citoyenneté ouverte à tous...
A l’heure de la mondialisation, le cosmopolitisme culturel a toute sa place en France à tous les niveaux (économie, éducation…) sans pour autant sombrer dans l’utopie. La France doit pouvoir se réconcilier avec son Histoire et s’ouvrir vers un horizon pluriel né de cette même Histoire.
(1) Thomas Deltombe, L’islam Imaginaire : la construction médiatique de l’islamophobie en France, 2005, Editions La Découverte ; Raphaël Liogier, Le mythe de l’islamisation, essai sur une obsession collective, 2012, Broché ; Abdellali Hajjat, Marwan Mohammed, Islamophobie, Comment l’élite française fabrique le « problème musulman », 2013, Broché
(2) Alain Touraine, Pourrons-nous vivre ensemble ? Egaux et différents, 1997, Fayard
(3) Edgar Morin, Patrick Viveret, Comment vivre en temps de crise ?, 2010, Bayard Jeunesse
* Safiya Meziani est citoyenne française de confession musulmane et militante associative.
Du même auteur :
« Engageons-nous ! » : l’engagement au féminin pluriel
Non à l’islamophobie : lettre ouverte au ministre de l’Intérieur, Manuel Valls
Et lire aussi :
Safiya Meziani : lilloise, militante et musulmane
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* Safiya Meziani est citoyenne française de confession musulmane et militante associative.
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