Société

RAMF 2016 : ce qu'il faut retenir de ce 33e rendez-vous des musulmans de France

Rédigé par Hanan Ben Rhouma et Samba Doucouré | Mercredi 18 Mai 2016 à 13:00

Vitrine de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), la 33e édition du Salon du Bourget a pris fin lundi 16 mai. Quel bilan tirer de la RAMF ?



Les participants, intervenants et bénévoles ont été invités à rejoindre la scène sur le grand podium lors de la cérémonie de clôture de la RAMF. De g. à dr.: Ahmet Ogras, Anouar Kbibech, Abdallah Ben Mansour, Boubaker El Hadj Amor, Amar Lasfar, Makhlouf Mamèche, Dalil Boubakeur, Lhaj Thami Breze.
Paix, fraternité et unité, trois mots clés mis en exergue autour du slogan de la 33e Rencontre annuelle des musulmans de France (RAMF) « Ensemble, construisons l'avenir ». L'Union des organisations islamiques de France (UOIF), dans le viseur de nombre de personnalités politiques, y compris dans le gouvernement après une année 2015 marquée par les attentats, avance un discours citoyen face au public. « Nous n'arriverons jamais à convaincre nos détracteurs. Nous n'avons qu'un seul discours, avec plusieurs teintes mais ce n'est pas un double discours », a asséné son président Amar Lasfar lors d'un point presse en plein Salon du Bourget. « Ce qui est dit ici, nous le disons tous les vendredis à la mosquée. »

En quatre ans, avec l’émergence du forum Génér’action à l’initiative des jeunes membres de l’UOIF, les espaces de conférences et de débats se sont multipliés, grossissant le programme du Salon, qui a compté une centaine d’interventions. Celles-ci ont connu des affluences assez déséquilibrées, liées souvent à la popularité des conférenciers – avec un panel essentiellement français, insiste l’UOIF, mais qui gagnerait à être plus diversifié – plus qu'aux contenus et thèmes évoqués.

Parmi les têtes d’affiche, l’indétrônable Tariq Ramadan attire toujours autant de monde avec des interventions qui ont mobilisé les visiteurs du salon. « Partir, la solution ? », celle qui l'a réuni avec l'activiste Samia Hathroubi et le philosophe Ghaleb Bencheikh n'y a pas dérogé et fut une occasion pour tous de lancer un appel à l'investissement dans la société française.

Seul incident à noter, l’irruption des Femen sur scène lors du café-débat auquel l’intellectuel suisse participait avec la députée tunisienne Sayida Ounissi (Ennahdha) sur le thème de l'islam politique. Le service de sécurité a été très réactif, évacuant les militantes seins nus en moins de quinze secondes. Ce fut cependant suffisant pour que l'information fasse le buzz médiatique. Placées en garde à vue pour exhibition sexuelle, les quatre femmes se sont vues notifier un simple rappel à la loi.



Côté culture, on notera l'exposition « Sous-France », de Miloud Kerzazi. Le photographe a exposé ses portraits d'habitants des quartiers populaires, offrant une esthétique digne et noble aux lieux délabrés et délaissés de France.

Le rappeur Médine n'est pas monté sur scène cette année, mais Abderahmane, la jeune recrue du label Din Records, a fait une apparition remarquée. Chansons apaisantes sur fond de guitare acoustique, une formule simple qui a plu au public familial du salon.

Un bilan mitigé pour les exposants

A côté de ces animations, la Foire, entre commerces, associations et ONG, reste incontournable. Toutefois, « le retour des exposants est mitigé » avec « des allées plus aérées que les années précédentes », concède Karim Ouachek, responsable de l’espace, tout en soulignant l’existence de six autres cette année. Outre le chapiteau placé à l’extérieur et la mosquée, on retrouve le grand podium qui fut largement concurrencé cette année, en termes de présence, par les trois espaces de débats installés dans le pavillon jeunesse et famille,, signe d'une richesse des interventions. Mais « six, c’est trop ! Le public est éparpillé, tout le monde ne passera pas forcément par la Foire au même moment », indique-t-il.

Il a été toutefois compliqué, voire impossible pour des petites structures, dont un certain nombre ont bénéficié de tarifs préférentiels, de rentabiliser leurs investissements. Pour Karim Ouachek, celles-ci « ne rentrent pas toujours dans leurs frais mais on ne calcule pas les frais seulement sur quatre jours mais sur l’année ; et elles sont contentes car elles font connaitre leurs produits » grâce au Bourget. Par ailleurs, « le public a changé, il est très jeune et va plutôt assister aux activités. Ce n’est pas un public de consommateurs et les exposants ressentent cela dans les ventes », analyse-t-il, précisant que « la réussite du Salon tient à son maintien ».

A la clôture de la RAMF, l’UOIF avance, de son côté, le chiffre de plus de 150 000 visiteurs sur les quatre jours, alors même que les exposants et les visiteurs ont bel et bien constaté une baisse d'affluence de la RAMF, qui, globalement, manque encore d'audace. Selon un membre de la direction de l'UOIF, les Salon tunisien et marocain de l'immobilier (SITAP et SMAP), qui se sont tenus à la même période dans la région parisienne, ont fait de l'ombre au Salon du Bourget... Il n'en demeure pas moins la vitrine de l'UOIF vis-à-vis d'autres fédérations musulmanes, dont les responsables de la Grande Mosquée de Paris, du Rassemblement des musulmans de France (RMF) ou encore du CCMTF (Turcs de France) n'ont pas manqué le rendez-vous, à l'instar du Conseil français du culte musulman (CFCM) après duquel l'Union souhaite le retour.

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