« Allez voter ! Allez voter ! Allez votez ! » C’est l’unique consigne que s’est autorisée à donner Amar Lasfar, président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) – désormais Musulmans de France –, qui organisait, du 14 au 17 avril, la Rencontre annuelle des musulmans de France (RAMF). Voter « car vous êtes d’abord des citoyens », insiste-t-il, ajoutant, face au public venu l'écouter, que « ce serait vous prendre pour des enfants que de vous dire de voter pour untel ou untel ». Mais l'indécision finira-t-elle par avoir raison du vote ?
A une semaine de l’élection présidentielle, la presse était avide de sonder l’attitude que les citoyens de confession musulmane auront dans l’isoloir. Selon l'universitaire Vincent Geisser, qui donnait une conférence de décryptage de la présidentielle, les musulmans formeraient un corps électoral de 2 millions de citoyens, soit 5 % des électeurs. Avec quatre candidats au coude à coude dans les sondages, l’issue du scrutin pourrait basculer en cas de vote concentré sur un candidat. Mais stop aux fantasmes : « Le vote musulman est une construction politique, médiatique et scientifique » et il n’a pas de d’existence concrète, « pas plus que le vote juif, protestant, catholique ou franc-maçon ». « L'homo islamo-politicus » n’existe pas, ajoute-t-il.
« On aura certainement le taux d'abstention le plus élevé de la Ve République », annonçait le militant associatif Nabil Ennasri lors d'une conférence samedi 15 avril. La question de l'abstention revient régulièrement dans les échanges ; il l'explique davantage par « une forme de colère », « l'impopularité de François Hollande » ou encore « la déception » envers la classe politique. Interrogé sur « l'abstention active », préconisée entre autres par Tariq Ramadan – le grand absent de la RAMF –, il exprime son désaccord, estimant que « c'est un mauvais choix. (...) Quand tu votes tu pèses ; quand tu ne votes pas, tu ne représentes rien ». Une opinion partagée par Vincent Geisser, qui juge « irresponsable » d’appeler à l’abstention au regard du contexte politique actuel.
A une semaine de l’élection présidentielle, la presse était avide de sonder l’attitude que les citoyens de confession musulmane auront dans l’isoloir. Selon l'universitaire Vincent Geisser, qui donnait une conférence de décryptage de la présidentielle, les musulmans formeraient un corps électoral de 2 millions de citoyens, soit 5 % des électeurs. Avec quatre candidats au coude à coude dans les sondages, l’issue du scrutin pourrait basculer en cas de vote concentré sur un candidat. Mais stop aux fantasmes : « Le vote musulman est une construction politique, médiatique et scientifique » et il n’a pas de d’existence concrète, « pas plus que le vote juif, protestant, catholique ou franc-maçon ». « L'homo islamo-politicus » n’existe pas, ajoute-t-il.
« On aura certainement le taux d'abstention le plus élevé de la Ve République », annonçait le militant associatif Nabil Ennasri lors d'une conférence samedi 15 avril. La question de l'abstention revient régulièrement dans les échanges ; il l'explique davantage par « une forme de colère », « l'impopularité de François Hollande » ou encore « la déception » envers la classe politique. Interrogé sur « l'abstention active », préconisée entre autres par Tariq Ramadan – le grand absent de la RAMF –, il exprime son désaccord, estimant que « c'est un mauvais choix. (...) Quand tu votes tu pèses ; quand tu ne votes pas, tu ne représentes rien ». Une opinion partagée par Vincent Geisser, qui juge « irresponsable » d’appeler à l’abstention au regard du contexte politique actuel.
Des musulmans en pleine indécision
« Ceux qui s’abstiennent doivent s’abstenir de critiquer la politique pendant les cinq ans à venir parce qu’ils n’ont pas rempli leur devoir », juge sévèrement Mamadou, 22 ans et électricien. Visiteur du salon, il a tranché en faveur de Jean-Luc Mélenchon.
Imane, 38 ans et mère au foyer, penche, pour sa part, plutôt à droite mais n’a pas arrêté son choix : « Chaque candidat propose des choses qui m’intéressent, il faut encore que j’analyse les programmes. » Même son de cloche chez Samia, responsable de communication, qui revendique choisir son candidat par élimination, aussi « en fonction des positions des candidats sur la communauté musulmane ». Fabrice, 35 ans et brancardier, hésite encore. Selon lui, le vote est un acte responsable car « il faut protéger les plus faibles contre les extrêmes ».
Cependant, ce discours a du mal à prendre auprès d'Ismaël, 31 ans, pour qui il faut cesser de faire culpabiliser ceux qui choisissent l'abstention. « Je n'ai jamais voté et je ne voterai pas encore cette fois. Personne n'est digne de représenter les Français » et encore moins, aux yeux du manutentionnaire, en 2017 où les affaires judiciaires ont pris un trop grande place dans le débat public. « Cela ne m'incite pas à voter, c'est sûr mais les pratiques scandaleuses des politiques doivent être connues pour qu'on ne tombe pas dans le piège », affirme Yunès, 26 ans.
Imane, 38 ans et mère au foyer, penche, pour sa part, plutôt à droite mais n’a pas arrêté son choix : « Chaque candidat propose des choses qui m’intéressent, il faut encore que j’analyse les programmes. » Même son de cloche chez Samia, responsable de communication, qui revendique choisir son candidat par élimination, aussi « en fonction des positions des candidats sur la communauté musulmane ». Fabrice, 35 ans et brancardier, hésite encore. Selon lui, le vote est un acte responsable car « il faut protéger les plus faibles contre les extrêmes ».
Cependant, ce discours a du mal à prendre auprès d'Ismaël, 31 ans, pour qui il faut cesser de faire culpabiliser ceux qui choisissent l'abstention. « Je n'ai jamais voté et je ne voterai pas encore cette fois. Personne n'est digne de représenter les Français » et encore moins, aux yeux du manutentionnaire, en 2017 où les affaires judiciaires ont pris un trop grande place dans le débat public. « Cela ne m'incite pas à voter, c'est sûr mais les pratiques scandaleuses des politiques doivent être connues pour qu'on ne tombe pas dans le piège », affirme Yunès, 26 ans.
Pas de consigne mais « susciter l'intérêt » du vote
« Nous interpellons les gens pour qu'ils s'expriment », racontent Amina et Youssra au stand de l'association Etudiants musulmans de France (EMF). Ses deux membres, la vingtaine, ont invité les passants, jeunes et moins jeunes, à participer à des ateliers et à laisser leur idées sur un post-it, sur une table ou sur le mur d'expression. « Nous essayons de diversifier (les publics), d'aller vers tout le monde, nous avons même interpellé des enfants », qui « ont les idées les plus créatives », racontent les jeunes étudiantes.
Chalal Hania est présidente de EMF Strasbourg et responsable du pôle citoyenneté au niveau national. Elle a participé à plusieurs tables rondes depuis le début de la RAMF et les avis sont mitigés par rapport au vote du 23 avril : « Certains renoncent complètement et d'autres s'y intéressent. » L'abstention, évoquée au cours de ses échanges, serait liée à « l'intérêt même du vote qui est remis en question, au-delà même de l'engagement politique ».
Pour autant, les thématiques évoquées lors des tables rondes étaient diverses mais ont principalement tourné autour des questions européennes – faut-il sortir ou non de l'Union européenne ? – et écologiques « car il y a une certaine relation entre l'écologie et la foi ». Aussi, la question de l'engagement dans des partis politiques est ressortie des échanges.
L'association EMF, par la voix des étudiantes, ne donne pas de consigne de vote, mais tente de « susciter l'intérêt » du vote et de l'importance de cet acte citoyen. Une chose qui n'est guère aisée face à la défiance croissante des Français envers la représentation politique.
Chalal Hania est présidente de EMF Strasbourg et responsable du pôle citoyenneté au niveau national. Elle a participé à plusieurs tables rondes depuis le début de la RAMF et les avis sont mitigés par rapport au vote du 23 avril : « Certains renoncent complètement et d'autres s'y intéressent. » L'abstention, évoquée au cours de ses échanges, serait liée à « l'intérêt même du vote qui est remis en question, au-delà même de l'engagement politique ».
Pour autant, les thématiques évoquées lors des tables rondes étaient diverses mais ont principalement tourné autour des questions européennes – faut-il sortir ou non de l'Union européenne ? – et écologiques « car il y a une certaine relation entre l'écologie et la foi ». Aussi, la question de l'engagement dans des partis politiques est ressortie des échanges.
L'association EMF, par la voix des étudiantes, ne donne pas de consigne de vote, mais tente de « susciter l'intérêt » du vote et de l'importance de cet acte citoyen. Une chose qui n'est guère aisée face à la défiance croissante des Français envers la représentation politique.