Sur le vif

Racisme : des agences immobilières épinglées pour accéder aux exigences discriminatoires des propriétaires

Rédigé par Lionel Lemonier | Lundi 21 Mars 2022 à 13:00



Trois ans après une opération similaire, SOS Racisme a de nouveau mené une opération de testing centrée sur les agences immobilières. Les résultats ont été dévoilés lundi 21 mars, Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, instaurée par l’ONU. Les résultats montrent que les discriminations à la location les personnes originaires du Maghreb et d’Afrique sub-saharienne ne baissent pas.

Elles sont 136 agences, situées dans différentes villes de France, à avoir reçu un appel téléphonique de militants de SOS Racisme qui se sont fait passer pour des propriétaires réclamant des discriminations à la location pour leur bien. Près de la moitié des agences (48,5 %) ont accédé aux exigences des pseudo-propriétaires, rapporte France info. Les personnes d’origine maghrébine ou subsaharienne « ont une chance sur deux de contacter une agence qui accepterait de pratiquer ou de laisser pratiquer une discrimination à leur endroit », déplore l'association antiraciste.

La loi punit pourtant la discrimination à la location de logement par des peines pouvant aller jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. Mais les pratiques n’ont pas évolué de manière significative ces dernières années.

SOS Racisme exige la « mise en place d'un ordre disciplinaire »

Dans le détail, une agence sur quatre refuse de faire la sélection elle-même, mais laisse le propriétaire choisir ses futurs locataires. « Les profils dits arabes ou noirs ne sont pas retenus pour éviter les problèmes de voisinage » dans 32 agences sur 136. La même proportion (34 agences sur 136) accepte d’effectuer directement une sélection des potentiels locataires en fonction d’un critère racial.

Si 70 agences ont refusé de pratiquer une sélection sur la base de critères discriminatoires raciaux, une directrice d’agence a admis pratiquer elle-même ce genre de discriminations : « On est dans un quartier assez aisé. Et on ne peut pas placer n’importe qui… Voilà, je comprends complètement ce que vous voulez dire. »

Les trois quarts des agences testées rappellent aux propriétaires que la loi interdit toutes formes de discriminations. Une façon, pour certaines d’entre elles, de tenter de se dédouaner. Certaines agences épinglées, avaient déjà été dénoncées en 2019, dans une opération similaire. Un décret est notamment entré en vigueur pour obliger les agences immobilières à suivre une formation de lutte contre les discriminations.

SOS Racisme réclame donc un « renforcement des sanctions pénales en cas de discriminations », mais aussi la « mise en place d'un ordre disciplinaire » en rétablissant « la fonction disciplinaire du Conseil national de la transaction et de la gestion immobilière, supprimée par la loi Elan de 2018 ».

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