Je vous contacte car je ne sais pas à qui parler de mes TCA (troubles des conduites alimentaires), je n’en parle à personne de mon entourage. Ça devient très difficile psychologiquement, je me permets alors de vous contacter pour vous expliquer un peu ma situation.
J'ai une vingtaine d'années et je viens d’être maman d’une petite fille. J’ai toujours été une grande gourmande. Je pesais aux environ de 57 kilos pour 160 cm il y a deux ans. Je n’ai jamais été en surpoids ou vraiment grosse mais j’ai toujours été légèrement enrobée ou, du moins, c’est comme ça que je me percevais. Je n’ai jamais ressenti de problèmes physiquement même si, comme toutes les filles, j’avais quelques complexes mais, pour moi, l’apparence physique n’avait jamais eu de réelle importance tant que ce qu’on est à l’intérieur nous convient et que l’on est en bonne santé.
Tout a débuté l’année dernière lorsque, après mon mariage, je me sentais mal dans ma peau, un peu trop grosse à mon goût. Je m’ennuyais aussi beaucoup car je ne travaillais plus donc je m’analysais plus souvent. J’ai débuté un régime pour maigrir mais, gourmande comme j’étais, je n’avais pas assez de motivation et j’ai vite abandonné.
Néanmoins, je me sentais de plus en plus mal dans ma peau alors j’ai décidé de recommencer, pas avec un régime mais plutôt avec un rééquilibrage de mon alimentation, tout en commençant le sport. J’ai vu des résultats sur ma silhouette et mon poids. Je suis passée de 58 à 52 kilos en quelques mois et mon physique devenait de plus en plus « musclé » grâce au sport.
Je lisais des centaines d’articles sur l’alimentation, la santé... jusqu’à en être obsédée. En effet, plus je maigrissais, plus je voulais être mince, encore et toujours, et j’ai fini par être obsédée par la nourriture, les calories, etc. Je me pesais chaque jour, tous les matins, et c’est à partir de là que je suis tombée dans les TCA sans m’en rendre compte.
Je suis tombée enceinte, mais j’avais cette peur de grossir qui m’obsédait de plus en plus. Je me disais que tous les efforts que j’avais effectués pour obtenir un corps qui me convenait enfin allaient s’effondrer avec la grossesse. Les trois premiers mois furent difficiles à cause de mes nausées mais je m’alimentais correctement en faisant attention à ne pas grossir. Au second trimestre de ma grossesse, je suis tombée dans l’anorexie, j’ai refusé de grossir et je voulais même maigrir. Je ne m’autorisais pas plus de 700 kcal par jour, sans glucides ni lipides, avec juste un jour par semaine où je m’autorisais un gros repas… qui me faisait culpabiliser et que je compensais ensuite par un jeûne ou de l’activité physique malgré ma grossesse.
J’étais « heureuse » car je maigrissais tout en étant enceinte et mon bébé allait bien. C’est juste que mon ventre grossissait tandis que tout le reste de mon corps s’amincissait. Je devenais maigre mais on le voyait moins grâce au ventre arrondi. J’ai accouché dans de bonnes conditions, mais en étant maigre et satisfaite d’avoir perdu du poids durant ma grossesse.
Aujourd’hui, je ne suis plus vraiment anorexique mais je fais trop attention à ce que je mange, je refuse de grossir je me pèse tous les jours et je suis pourtant très maigre. Je pèse 40 kilos pour 160 cm. Tout le monde se demande pourquoi je suis aussi mince. Je dis que je mange suffisamment mais je sais que c’est faux, je mens malgré moi et j’en suis consciente mais j’en ai honte.
Je suis musulmane, croyante et pratiquante. La nourriture est un bienfait d’Allah et j’ai honte d’en disposer suffisamment alors que d’autres meurent de faim. Je sais que je suis malade psychologiquement, je veux m’en sortir. J’allaite ma fille donc je mange suffisamment pour ça mais pas assez pour grossir. Je fais aussi du jeûne intermittent, je ne mange pas durant une durée de 14h environ (de 21h jusqu’au lendemain, à 12h environ). Malgré cela, mes analyses sanguines et médicales sont bonnes et, malheureusement, je n’ai pas le déclic psychologique pour vouloir grossir.
J’ai envie de m’en sortir vraiment mais j’ai toujours cette obsession permanente du poids, et de la nourriture, j’ai du mal à me détacher de ce chiffre quotidiennement qui est tant important pour moi sans que je ne sache pourquoi car, malgré tout, je n’aime pas mon corps mais je ne veux pas grossir... cette situation est pourtant si paradoxale.
J'ai une vingtaine d'années et je viens d’être maman d’une petite fille. J’ai toujours été une grande gourmande. Je pesais aux environ de 57 kilos pour 160 cm il y a deux ans. Je n’ai jamais été en surpoids ou vraiment grosse mais j’ai toujours été légèrement enrobée ou, du moins, c’est comme ça que je me percevais. Je n’ai jamais ressenti de problèmes physiquement même si, comme toutes les filles, j’avais quelques complexes mais, pour moi, l’apparence physique n’avait jamais eu de réelle importance tant que ce qu’on est à l’intérieur nous convient et que l’on est en bonne santé.
Tout a débuté l’année dernière lorsque, après mon mariage, je me sentais mal dans ma peau, un peu trop grosse à mon goût. Je m’ennuyais aussi beaucoup car je ne travaillais plus donc je m’analysais plus souvent. J’ai débuté un régime pour maigrir mais, gourmande comme j’étais, je n’avais pas assez de motivation et j’ai vite abandonné.
Néanmoins, je me sentais de plus en plus mal dans ma peau alors j’ai décidé de recommencer, pas avec un régime mais plutôt avec un rééquilibrage de mon alimentation, tout en commençant le sport. J’ai vu des résultats sur ma silhouette et mon poids. Je suis passée de 58 à 52 kilos en quelques mois et mon physique devenait de plus en plus « musclé » grâce au sport.
Je lisais des centaines d’articles sur l’alimentation, la santé... jusqu’à en être obsédée. En effet, plus je maigrissais, plus je voulais être mince, encore et toujours, et j’ai fini par être obsédée par la nourriture, les calories, etc. Je me pesais chaque jour, tous les matins, et c’est à partir de là que je suis tombée dans les TCA sans m’en rendre compte.
Je suis tombée enceinte, mais j’avais cette peur de grossir qui m’obsédait de plus en plus. Je me disais que tous les efforts que j’avais effectués pour obtenir un corps qui me convenait enfin allaient s’effondrer avec la grossesse. Les trois premiers mois furent difficiles à cause de mes nausées mais je m’alimentais correctement en faisant attention à ne pas grossir. Au second trimestre de ma grossesse, je suis tombée dans l’anorexie, j’ai refusé de grossir et je voulais même maigrir. Je ne m’autorisais pas plus de 700 kcal par jour, sans glucides ni lipides, avec juste un jour par semaine où je m’autorisais un gros repas… qui me faisait culpabiliser et que je compensais ensuite par un jeûne ou de l’activité physique malgré ma grossesse.
J’étais « heureuse » car je maigrissais tout en étant enceinte et mon bébé allait bien. C’est juste que mon ventre grossissait tandis que tout le reste de mon corps s’amincissait. Je devenais maigre mais on le voyait moins grâce au ventre arrondi. J’ai accouché dans de bonnes conditions, mais en étant maigre et satisfaite d’avoir perdu du poids durant ma grossesse.
Aujourd’hui, je ne suis plus vraiment anorexique mais je fais trop attention à ce que je mange, je refuse de grossir je me pèse tous les jours et je suis pourtant très maigre. Je pèse 40 kilos pour 160 cm. Tout le monde se demande pourquoi je suis aussi mince. Je dis que je mange suffisamment mais je sais que c’est faux, je mens malgré moi et j’en suis consciente mais j’en ai honte.
Je suis musulmane, croyante et pratiquante. La nourriture est un bienfait d’Allah et j’ai honte d’en disposer suffisamment alors que d’autres meurent de faim. Je sais que je suis malade psychologiquement, je veux m’en sortir. J’allaite ma fille donc je mange suffisamment pour ça mais pas assez pour grossir. Je fais aussi du jeûne intermittent, je ne mange pas durant une durée de 14h environ (de 21h jusqu’au lendemain, à 12h environ). Malgré cela, mes analyses sanguines et médicales sont bonnes et, malheureusement, je n’ai pas le déclic psychologique pour vouloir grossir.
J’ai envie de m’en sortir vraiment mais j’ai toujours cette obsession permanente du poids, et de la nourriture, j’ai du mal à me détacher de ce chiffre quotidiennement qui est tant important pour moi sans que je ne sache pourquoi car, malgré tout, je n’aime pas mon corps mais je ne veux pas grossir... cette situation est pourtant si paradoxale.
Sabah Babelmin, psychanalyste
Chère Rahma,
Vous soulevez là un problème très important, une pathologie reconnue par le corps médical et psychiatrique et qui peut mener à la mort si elle n’est pas prise sérieusement en compte.
Apparemment, vous vous en sortez pas mal car vous mangez encore un peu, vos analyses sanguines restent bonnes, vous allaitez même votre fille, à qui vous devez dire merci, car c’est certainement grâce à elle que vous ne vous êtes pas enfoncée dans l’anorexie !
Ce qui me frappe, c’est votre solitude. Vous dites que vous n’en parlez à personne, même pas à votre mari ? Il n’a rien remarqué alors qu’il vit à vos côtés, qu’il vous fait l’amour et voit votre corps ?
L’anorexie trouve souvent ses origines dans le lien précoce à la mère ? Vous a-t-elle allaitée ? Est-elle tombée malade à votre naissance ? Était- elle assez tactile, contenante pour vous ou plutôt critiquante, intrusive ?
Vous n’en dites rien du tout. D’ailleurs, vous ne parlez de personne comme si vous étiez seule au monde, juste votre fille et votre corps auquel vous livrez un combat sans fin, au point que ça devient obsessionnel.
Vos lectures, vos pesées, votre image du corps est défigurée tellement vous avez perdu la notion de réalité. Et puis vous dites que vous en avez honte !
« Après mon mariage, je me sentais mal dans ma peau, un peu trop grosse à mon goût. Je m’ennuyais aussi beaucoup car je ne travaillais plus donc je m’analysais plus souvent. J’ai débuté un régime pour maigrir. » Vous écrivez que c’est l’ennui et l’inactivité qui vous ont poussé dans cette galère, mais moi je pense que le mariage n’a fait que raviver une blessure ancienne. Est-ce que votre mari est présent pour vous ? Est- il assez tactile, tendre ou maladroit ? Pudique ? Voire violent ?
Le couple fait beaucoup revivre des situations anciennes, mal cicatrisées, peut être est-ce votre cas ? Qu’en pensez-vous ?
Quel rapport à la nourriture y avait-il dans votre famille ? Y avait il des personnes grosses ou en surpoids ? Y avait-il assez à manger ?
Pour vous en sortir, il est important de vous faire aider, faites-le pour vous mais aussi pour votre petite fille qui risque de tomber également dans l’anorexie si vous ne faites rien. C’est une pathologie sournoise mais, avec du travail et un bon accompagnement, vous pourrez vous en sortir. Bon courage.
Lire aussi : Anorexie, hyperphagie : le Ramadan vécu par des femmes souffrant de troubles alimentaires
Vous soulevez là un problème très important, une pathologie reconnue par le corps médical et psychiatrique et qui peut mener à la mort si elle n’est pas prise sérieusement en compte.
Apparemment, vous vous en sortez pas mal car vous mangez encore un peu, vos analyses sanguines restent bonnes, vous allaitez même votre fille, à qui vous devez dire merci, car c’est certainement grâce à elle que vous ne vous êtes pas enfoncée dans l’anorexie !
Ce qui me frappe, c’est votre solitude. Vous dites que vous n’en parlez à personne, même pas à votre mari ? Il n’a rien remarqué alors qu’il vit à vos côtés, qu’il vous fait l’amour et voit votre corps ?
L’anorexie trouve souvent ses origines dans le lien précoce à la mère ? Vous a-t-elle allaitée ? Est-elle tombée malade à votre naissance ? Était- elle assez tactile, contenante pour vous ou plutôt critiquante, intrusive ?
Vous n’en dites rien du tout. D’ailleurs, vous ne parlez de personne comme si vous étiez seule au monde, juste votre fille et votre corps auquel vous livrez un combat sans fin, au point que ça devient obsessionnel.
Vos lectures, vos pesées, votre image du corps est défigurée tellement vous avez perdu la notion de réalité. Et puis vous dites que vous en avez honte !
« Après mon mariage, je me sentais mal dans ma peau, un peu trop grosse à mon goût. Je m’ennuyais aussi beaucoup car je ne travaillais plus donc je m’analysais plus souvent. J’ai débuté un régime pour maigrir. » Vous écrivez que c’est l’ennui et l’inactivité qui vous ont poussé dans cette galère, mais moi je pense que le mariage n’a fait que raviver une blessure ancienne. Est-ce que votre mari est présent pour vous ? Est- il assez tactile, tendre ou maladroit ? Pudique ? Voire violent ?
Le couple fait beaucoup revivre des situations anciennes, mal cicatrisées, peut être est-ce votre cas ? Qu’en pensez-vous ?
Quel rapport à la nourriture y avait-il dans votre famille ? Y avait il des personnes grosses ou en surpoids ? Y avait-il assez à manger ?
Pour vous en sortir, il est important de vous faire aider, faites-le pour vous mais aussi pour votre petite fille qui risque de tomber également dans l’anorexie si vous ne faites rien. C’est une pathologie sournoise mais, avec du travail et un bon accompagnement, vous pourrez vous en sortir. Bon courage.
Lire aussi : Anorexie, hyperphagie : le Ramadan vécu par des femmes souffrant de troubles alimentaires
La rubrique « Psycho », qu’est-ce que c’est ?
Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme », mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
Contactez-les (anonymat préservé) : psycho@saphirnews.com
Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme », mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
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