En France, les ménages jettent l’équivalent de 400 à 1 000 € de nourriture par an. Ainsi, chaque ménage français travaille l’équivalent de 15 jours par an pour acheter des denrées qui iront à la poubelle ! (Source : FAO)
Selon l'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le gaspillage alimentaire représente entre 95 à 115 kg par individu et par an en Europe et en Amérique du Nord, tandis qu’il atteint 6 à 11 kg en Afrique et en Asie.
Si la prise de conscience se fait tardive à l’échelle mondiale, elle est plus lente encore s’agissant du gaspillage durant le mois de Ramadan. Certes, des voix commencent à s’élever contre la surconsommation durant ce mois de privation. Mais beaucoup reste à faire.
Si la prise de conscience se fait tardive à l’échelle mondiale, elle est plus lente encore s’agissant du gaspillage durant le mois de Ramadan. Certes, des voix commencent à s’élever contre la surconsommation durant ce mois de privation. Mais beaucoup reste à faire.
Les yeux plus gros que le ventre
En août 2011, Els Huybrechts, une Belge vivant à Dubaï, dans les Émirats arabes unis, lançait via Facebook une campagne intitulée « Make Iftar Modest ». Le but ? Lutter contre le gaspillage alimentaire quotidien, que la jeune femme de 36 ans observait alors dans l’émirat durant le mois de Ramadan. « Chaque jour, des tonnes de nourriture sont jetées après l’iftar [repas de rupture du jeûne] », s’indigne-t-elle alors. « Quelle honte quand on sait que Ramadan est synonyme de modestie et de charité ! »
Toujours dans le Golfe, à Bahrein, un écologiste et spécialiste de l’environnement et des déchets, Mohammed Aman, a réalisé en 2012 une étude sur la consommation durant le mois de Ramadan. Les résultats qu’il avance sont effarants. Ainsi, 40 % des plats préparés avant la rupture du jeûne finissent à la poubelle. Car « les gens ont tendance à multiplier par trois la quantité de nourriture qu’ils consomment durant l’iftar », souligne M. Aman, qui estime qu’il y a « entre quatre à six types de plats sur les tables des musulmans durant l’iftar, ce qui signifie que plus de trois d’entre eux seront gaspillés ». Pour Mohammed Aman, il est donc urgent de mettre en place des « campagnes de sensibilisation pour éduquer le public s’agissant des bonnes méthodes de consommation, tout en étant économiques, lors de ce mois sacré ».
Toujours dans le Golfe, à Bahrein, un écologiste et spécialiste de l’environnement et des déchets, Mohammed Aman, a réalisé en 2012 une étude sur la consommation durant le mois de Ramadan. Les résultats qu’il avance sont effarants. Ainsi, 40 % des plats préparés avant la rupture du jeûne finissent à la poubelle. Car « les gens ont tendance à multiplier par trois la quantité de nourriture qu’ils consomment durant l’iftar », souligne M. Aman, qui estime qu’il y a « entre quatre à six types de plats sur les tables des musulmans durant l’iftar, ce qui signifie que plus de trois d’entre eux seront gaspillés ». Pour Mohammed Aman, il est donc urgent de mettre en place des « campagnes de sensibilisation pour éduquer le public s’agissant des bonnes méthodes de consommation, tout en étant économiques, lors de ce mois sacré ».
« Moins de consommation, plus de modération » est l’invitation de l’Union française des consommateurs musulmans lancée à travers ce tract, distribué pendant le Ramadan 2012.
Les dépenses alimentaires augmentent de 30 %
Dans l’Hexagone, c’est l’Union française des consommateurs musulmans (UFCM) qui, depuis le Ramadan 2012, encourage les musulmans de France à modérer leur consommation pendant ce mois normalement dédié à la tempérance et à la sobriété. Pour cela, l’association a diffusé des tracts très parlants appelant à moins de gaspillage et à plus de modération.
L’UFCM a également mis à disposition des consommateurs musulmans un tract répertoriant dix conseils pratiques tels que « Refusons les achats compulsifs », « Préférons les œufs à la viande », « Réduisons les emballages » ou encore « Diminuons notre consommation de viande ».
Selon le cabinet d’études marketing Solis, pendant le mois de Ramadan les dépenses alimentaires des ménages musulmans augmentent de 30 %. Un vrai paradoxe donc, quand on sait que, jeûne oblige, seuls deux repas sont consommés dans la journée. Or, toujours selon Solis, les ménages musulmans français dépensent 350 millions d’euros dans l’alimentaire durant le mois de Ramadan. Poste de dépense le plus important, la viande « pèse fortement dans le budget des ménages ». D’où l’insistance de l’UFCM de diminuer de la consommation de viande.
L’UFCM a également mis à disposition des consommateurs musulmans un tract répertoriant dix conseils pratiques tels que « Refusons les achats compulsifs », « Préférons les œufs à la viande », « Réduisons les emballages » ou encore « Diminuons notre consommation de viande ».
Selon le cabinet d’études marketing Solis, pendant le mois de Ramadan les dépenses alimentaires des ménages musulmans augmentent de 30 %. Un vrai paradoxe donc, quand on sait que, jeûne oblige, seuls deux repas sont consommés dans la journée. Or, toujours selon Solis, les ménages musulmans français dépensent 350 millions d’euros dans l’alimentaire durant le mois de Ramadan. Poste de dépense le plus important, la viande « pèse fortement dans le budget des ménages ». D’où l’insistance de l’UFCM de diminuer de la consommation de viande.
Quand le surplus ne finit pas à la poubelle
Certains, pourtant, dérogent à la règle. Commerçants, entrepreneurs, ils ont choisi de faire don de leurs surplus. C’est le cas, par exemple, de Karim, gérant de la boulangerie Al Bousata, située dans le 11e arrondissement de Paris, qui donne pains et viennoiseries qui lui restent en fin de journée, même hors période de Ramadan. « Au moment de la fermeture, je mets tout dans un sac et je le dépose à la mosquée », explique Karim, qui précise qu’« avec l’arrivée de nouveaux immigrants venus de Tunisie » les besoins se font pressants, car « certains dorment dehors » faute de moyens.
C’est aussi le cas de Salem, qui gère une boulangerie du côté de Ménilmontant (Paris 11e) et qui s’étonne du fait que nous puissions nous poser la question. « Bien sûr » qu’il redistribue son surplus aux mosquées de son quartier. C’est également le cas des autres commerces environnants. Qu’ils soient primeurs, épiciers ou vendeurs de périssables, tous sont farouchement anti-gaspi et refusent de jeter leurs excédents de la journée.
C’est d’ailleurs la même chose du côté des restaurants halal. À Stains (Seine-Saint-Denis), le restaurant La Tribu offre à ses clients, durant le mois de Ramadan, la soupe, les dattes et le lait, et en fin de journée il n’a « rien à jeter ». En effet, « il n’y a pas de pertes parce que nous utilisons des produits frais » exclusivement, nous explique le responsable. À Paris 18e, au restaurant La Palme, « les produits non utilisés durant le service sont donnés à une association » tandis que les restes de plats vont à la poubelle.
C’est aussi le cas de Salem, qui gère une boulangerie du côté de Ménilmontant (Paris 11e) et qui s’étonne du fait que nous puissions nous poser la question. « Bien sûr » qu’il redistribue son surplus aux mosquées de son quartier. C’est également le cas des autres commerces environnants. Qu’ils soient primeurs, épiciers ou vendeurs de périssables, tous sont farouchement anti-gaspi et refusent de jeter leurs excédents de la journée.
C’est d’ailleurs la même chose du côté des restaurants halal. À Stains (Seine-Saint-Denis), le restaurant La Tribu offre à ses clients, durant le mois de Ramadan, la soupe, les dattes et le lait, et en fin de journée il n’a « rien à jeter ». En effet, « il n’y a pas de pertes parce que nous utilisons des produits frais » exclusivement, nous explique le responsable. À Paris 18e, au restaurant La Palme, « les produits non utilisés durant le service sont donnés à une association » tandis que les restes de plats vont à la poubelle.
Pacte national contre le gaspillage alimentaire
La chasse au gaspillage alimentaire dans les restaurants n’est cependant pas propre à la restauration halal. À Louviers, dans l’Eure, un restaurant japonais, le Fujiyama, fait payer 5 € supplémentaires aux clients ne terminant pas leur assiette. Idem à Paris, où un restaurant asiatique du 15e arrondissement fait payer 2 € supplémentaires quand une assiette est encore pleine.
Loin de l’Hexagone, en Arabie Saoudite, un restaurateur de Dammam, dans l’est du pays, inflige depuis Ramadan 2011 une amende à ses clients ne finissant pas leurs plats ; une amende indexée sur la quantité de restes dans les plats en fin de repas…
Il faut dire aussi que si chez les Anglo-Saxons, quand on va au restaurant, il est coutume de faire emballer ses restes dans ce qu’ils nomment un doggy bag, en France la pratique reste encore très marginale. À Bobigny (Seine-Saint-Denis), la gérante du restaurant Chez Abi nous le confirme : « Sur dix clients, seulement deux vont demander à emporter leurs restes » pour les finir à la maison. « Et même quand on propose de les leur emballer, ils refusent en majorité et laissent leurs restes », ajoute-t-elle. Une mentalité qu’il va falloir faire évoluer !
En France, ce sont pas moins de 20 kg de nourriture que les Français jettent chaque année. Un constat qui a incité le gouvernement à instaurer un pacte national contre le gaspillage alimentaire. Présenté mi-juin par Guillaume Garot, le ministre délégué chargé de l’agroalimentaire, ce pacte entraînera, par exemple, le remplacement de la DLUO (date limite d’utilisation optimale) sur les boîtes de nourriture sèche par la mention « à consommer de préférence avant ». Les supermarchés, quant à eux, qui jettent 750 000 tonnes de nourriture chaque année, devront cesser de ne présenter que des fruits et légumes aux courbes parfaites.
Le 16 octobre prochain se tiendra ainsi la première Journée nationale de lutte contre le gaspillage.
Loin de l’Hexagone, en Arabie Saoudite, un restaurateur de Dammam, dans l’est du pays, inflige depuis Ramadan 2011 une amende à ses clients ne finissant pas leurs plats ; une amende indexée sur la quantité de restes dans les plats en fin de repas…
Il faut dire aussi que si chez les Anglo-Saxons, quand on va au restaurant, il est coutume de faire emballer ses restes dans ce qu’ils nomment un doggy bag, en France la pratique reste encore très marginale. À Bobigny (Seine-Saint-Denis), la gérante du restaurant Chez Abi nous le confirme : « Sur dix clients, seulement deux vont demander à emporter leurs restes » pour les finir à la maison. « Et même quand on propose de les leur emballer, ils refusent en majorité et laissent leurs restes », ajoute-t-elle. Une mentalité qu’il va falloir faire évoluer !
En France, ce sont pas moins de 20 kg de nourriture que les Français jettent chaque année. Un constat qui a incité le gouvernement à instaurer un pacte national contre le gaspillage alimentaire. Présenté mi-juin par Guillaume Garot, le ministre délégué chargé de l’agroalimentaire, ce pacte entraînera, par exemple, le remplacement de la DLUO (date limite d’utilisation optimale) sur les boîtes de nourriture sèche par la mention « à consommer de préférence avant ». Les supermarchés, quant à eux, qui jettent 750 000 tonnes de nourriture chaque année, devront cesser de ne présenter que des fruits et légumes aux courbes parfaites.
Le 16 octobre prochain se tiendra ainsi la première Journée nationale de lutte contre le gaspillage.
5 astuces anti-gaspi
• Planifiez vos repas en tenant compte de la fraîcheur de vos produits et de leur date de péremption.
• Visitez régulièrement votre congélateur et vos placards pour en sortir les boîtes d’aliments pas encore terminées avant de retourner faire des courses.
• Coupez le pain en tranches tant qu’il est frais et congelez-le. Vous ne prendrez que ce dont vous avez besoin et le passerez une minute au grille-pain.
• Broyez vos pelures d’orange. En été, elles font fuir les moustiques et suppriment les odeurs de moisi.
• Disposé dans une coupelle, le marc de café éloigne les fourmis, débarrasse des odeurs et favorise la croissance des plantes en pot.
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• Visitez régulièrement votre congélateur et vos placards pour en sortir les boîtes d’aliments pas encore terminées avant de retourner faire des courses.
• Coupez le pain en tranches tant qu’il est frais et congelez-le. Vous ne prendrez que ce dont vous avez besoin et le passerez une minute au grille-pain.
• Broyez vos pelures d’orange. En été, elles font fuir les moustiques et suppriment les odeurs de moisi.
• Disposé dans une coupelle, le marc de café éloigne les fourmis, débarrasse des odeurs et favorise la croissance des plantes en pot.
Première parution de cet article dans Salamnews, n° 45, juillet-août 2013
Lire aussi :
Le gaspillage n’est pas halal !
Ramadan 2012 : une surconsommation qui profite aux commerces français
Le Ramadan apporterait 400 millions d'euros à l’économie française
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Embrasser un Ramadan plus écologique
La simplicité volontaire : retour à l’humain
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