La table, c’est-à-dire symboliquement le repas de famille, que ce soit sur une table ou par terre, est une fenêtre à travers laquelle on peut voir les grandes tendances d’une société : l’industrialisation de l’agriculture, l’accélération de la vie quotidienne, la centralité du travail qui arrache chaque membre de la cellule familale, la malbouffe, etc.
La table comme miroir de la crise de la famille
La table est aujourd’hui le théâtre de l’individualisme qui se manifeste dans la façon même de prendre son repas : on ne mange plus le même plat à la même table ; on ne mange plus aux mêmes heures ; en semaine, on ne mange plus ensemble et encore moins avec sa famille élargie.
Au moment du repas, la tablette numérique concurrence la table : il est difficile de réunir les enfants, les frères et sœurs et mêmes les adultes, car ils sont absorbés par leurs écrans respectifs (télévision, tablettes, smartphones) qui ont tendance à enfermer chacun dans une bulle et à rendre plus superficielles et plus rares les discussions en famille.
La généralisation des divorces et des séparations, du célibat et du fait d’habiter de plus en plus seul sont autant de causes qui ont contribué à l’éclatement du repas de famille (Martin Latreille et Françoise-Romaine Ouellette, Le repas familial. Recension d’écrits, Centre – Urbanisation Culture Société Institut national de la recherche scientifique Montréal, 2008, p. 33).
Dans les grandes villes, l’architecture des appartements incarne bien cette évolution. En effet, à la seconde moitié du XXe siècle, au nom de la « modernité culinaire » (Jean-Claude Kaufmann, Casseroles, amour et crises. Ce que cuisiner veut dire, éd. Armand Collin, 2005, p. 108), les architectes tendent à faire de la cuisine un petit espace ne pouvant plus accueillir de grande table. Les grands appartements sont découpés en petits logements plus adaptés pour des personnes qui vivent de plus en plus seules.
Au moment du repas, la tablette numérique concurrence la table : il est difficile de réunir les enfants, les frères et sœurs et mêmes les adultes, car ils sont absorbés par leurs écrans respectifs (télévision, tablettes, smartphones) qui ont tendance à enfermer chacun dans une bulle et à rendre plus superficielles et plus rares les discussions en famille.
La généralisation des divorces et des séparations, du célibat et du fait d’habiter de plus en plus seul sont autant de causes qui ont contribué à l’éclatement du repas de famille (Martin Latreille et Françoise-Romaine Ouellette, Le repas familial. Recension d’écrits, Centre – Urbanisation Culture Société Institut national de la recherche scientifique Montréal, 2008, p. 33).
Dans les grandes villes, l’architecture des appartements incarne bien cette évolution. En effet, à la seconde moitié du XXe siècle, au nom de la « modernité culinaire » (Jean-Claude Kaufmann, Casseroles, amour et crises. Ce que cuisiner veut dire, éd. Armand Collin, 2005, p. 108), les architectes tendent à faire de la cuisine un petit espace ne pouvant plus accueillir de grande table. Les grands appartements sont découpés en petits logements plus adaptés pour des personnes qui vivent de plus en plus seules.
Le repas : un accueil, un rituel, un don
Or, dans toutes les civilisations, partager un repas, c’est partager plus qu’un repas : c’est partager du sacré, des prières à Dieu ; c’est partager du plaisir et de la joie ; c’est partager des histoires, des expériences et des connaissances ; c’est apprendre la maîtrise de soi et le don de soi ; c’est rassembler toute une communauté de personnes : la famille, y compris les proches, voisins, amis et nécessiteux…
Cuisiner, c’est plus que nourrir le corps : c’est l’art d’accueillir, de donner de la joie, de l’amour autour de soi. De même, faire du thé, dans la tradition japonaise, chinoise, indienne ou arabe, c’est un rituel, une « voie » par laquelle on crée de la joie, de l’harmonie, de l’union, de la conversation avec sa famille élargie.
On a tous un proche, une mère ou une tante chez qui on a plaisir à aller parce qu’on sait qu’on va y trouver tel plat, telle pâtisserie ou tel thé qu’il ou elle fait particulièrement et qui répand de la douceur dans notre quotidien.
Cuisiner, c’est plus que nourrir le corps : c’est l’art d’accueillir, de donner de la joie, de l’amour autour de soi. De même, faire du thé, dans la tradition japonaise, chinoise, indienne ou arabe, c’est un rituel, une « voie » par laquelle on crée de la joie, de l’harmonie, de l’union, de la conversation avec sa famille élargie.
On a tous un proche, une mère ou une tante chez qui on a plaisir à aller parce qu’on sait qu’on va y trouver tel plat, telle pâtisserie ou tel thé qu’il ou elle fait particulièrement et qui répand de la douceur dans notre quotidien.
La table du Ramadan, un outil pour renforcer l'unité de la famille
Ainsi, la Table est l’outil par excellence pour provoquer et cultiver l’amour entre toute une communauté de personnes. Le Ramadan est le mois par excellence pour dresser la Table et faire circuler l’amour.
Très concrètement, la Table du Ramadan est l’occasion de s’entraîner à expérimenter toute une série de changements :
• Apprendre l’art de cuisiner, qui est aussi l’art d’accueillir ses proches, de leur prêter attention et de leur offrir de la douceur et de la joie.
• Faire le jeûne technologique : s’abstenir ou réduire l'utilisation des tablettes et téléphones pour offrir son attention aux proches, pour cultiver la conversation.
• En tant que jeune ou adolescent, offrir son aide pour se préparer concrètement à sa vocation d'adulte : aider à préparer la table, à faire les courses, à cuisiner, à soulager les parents et les plus petits…
• En qu’adulte ou personne âgée, retirer la centralité de la télévision et des tablettes numériques, et reprendre sa place et sa fonction familiale dans le quotidien : raconter des histoires, l’histoire des grands noms de sa culture, l’histoire et l’expérience des générations qui ont marqué sa famille...
• Discuter sur le sens du Ramadan, sur l’islam comme sagesse universelle pour la vie quotidienne...
• Faire la tournée de sa famille, de ses proches et de ses amis, en les invitant chez soi pour le repas de rupture du jeûne (al-iftâr) ou en partageant le repas chez eux.
• Accueillir la veuve, l’orphelin et le nécessiteux autour de la table. « La veuve, l’orphelin et le nécessiteux », ce peut être simplement des étudiants, des célibataires, des travailleurs ou des personnes sans activité économique, des réfugiés ou encore toute personne qui se retrouve seule. Ce peut être aussi des personnes qu’on n’apprécie pas forcément, avec lesquelles il n’y a pas a priori de sentiment positif. Accueillir la veuve, l’orphelin et le nécessiteux, c’est accueillir plus grand que ce que nous dictent nos désirs et préférences individuelles.
Ainsi, chacun-e d’entre nous a entre les mains le pouvoir de répandre la joie et l’amour autour de soi, grâce à la Table : en redonnant vie au repas du soir en semaine, en instituant un repas de famille le vendredi soir et le weekend.
Et l’esprit de la Table du Ramadan se perpétue tout au long de l’année, en profitant des jours fériés et des fêtes telles que Noël, pour fédérer les membres de sa communauté amicale et familiale et redonner continûment une âme à sa famille en la vivifiant.
Très concrètement, la Table du Ramadan est l’occasion de s’entraîner à expérimenter toute une série de changements :
• Apprendre l’art de cuisiner, qui est aussi l’art d’accueillir ses proches, de leur prêter attention et de leur offrir de la douceur et de la joie.
• Faire le jeûne technologique : s’abstenir ou réduire l'utilisation des tablettes et téléphones pour offrir son attention aux proches, pour cultiver la conversation.
• En tant que jeune ou adolescent, offrir son aide pour se préparer concrètement à sa vocation d'adulte : aider à préparer la table, à faire les courses, à cuisiner, à soulager les parents et les plus petits…
• En qu’adulte ou personne âgée, retirer la centralité de la télévision et des tablettes numériques, et reprendre sa place et sa fonction familiale dans le quotidien : raconter des histoires, l’histoire des grands noms de sa culture, l’histoire et l’expérience des générations qui ont marqué sa famille...
• Discuter sur le sens du Ramadan, sur l’islam comme sagesse universelle pour la vie quotidienne...
• Faire la tournée de sa famille, de ses proches et de ses amis, en les invitant chez soi pour le repas de rupture du jeûne (al-iftâr) ou en partageant le repas chez eux.
• Accueillir la veuve, l’orphelin et le nécessiteux autour de la table. « La veuve, l’orphelin et le nécessiteux », ce peut être simplement des étudiants, des célibataires, des travailleurs ou des personnes sans activité économique, des réfugiés ou encore toute personne qui se retrouve seule. Ce peut être aussi des personnes qu’on n’apprécie pas forcément, avec lesquelles il n’y a pas a priori de sentiment positif. Accueillir la veuve, l’orphelin et le nécessiteux, c’est accueillir plus grand que ce que nous dictent nos désirs et préférences individuelles.
Ainsi, chacun-e d’entre nous a entre les mains le pouvoir de répandre la joie et l’amour autour de soi, grâce à la Table : en redonnant vie au repas du soir en semaine, en instituant un repas de famille le vendredi soir et le weekend.
Et l’esprit de la Table du Ramadan se perpétue tout au long de l’année, en profitant des jours fériés et des fêtes telles que Noël, pour fédérer les membres de sa communauté amicale et familiale et redonner continûment une âme à sa famille en la vivifiant.