Les musulmanes et les musulmans du monde entier accueillent le mois béni du ramadan . Pendant un mois, jour après jour, privés de nourriture terrestre du lever au coucher du soleil, ils vont baigner dans une atmosphère de foi et de spiritualité, d’humanité et de dignité, de chaleur et de proximité.
Le jeûne est sans aucun doute l’une des meilleures et des plus belles écoles de la vie. Cette pratique spirituelle requiert l’exigence du cœur et de la conscience qui demande un sens profond de la responsabilité devant Dieu et un engagement constant pour la justice et la dignité, le don de soi et la solidarité, l’union et la fraternité.
Malheureusement, beaucoup de musulmans ne retiennent du jeûne du mois de Ramadan que le fait de se priver de boire, de manger et d’avoir des rapports sexuels de l’aube au coucher du soleil. De fait, ils perdent la compréhension de la valeur du jeûne dont les dimensions spirituelles sont ainsi reléguées au second plan, voire occultées. Or le sens fondamental du jeûne de ce mois réside essentiellement dans la revitalisation et la revivification de la dimension de la spiritualité dans la vie du croyant. Il nous est demandé de donner au quotidien une densité qui va de la privation du corps à l’élévation du cœur.
Un programme très riche attend les musulmans en ce mois d’effort et d’intériorisation : se réconcilier avec le Tout-Pardonnant, chercher la paix auprès du Créateur de la paix et vivre dans la proximité, la chaleur et la lumière du Tout-Miséricordieux.
« Ô vous qui portez la foi ! Le jeûne vous a été prescrit comme il l’a été prescrit à ceux qui vous ont précédés [aux religions antérieures]. Peut-être atteindrez-vous la piété »]i (Coran, s. 2, v. 183).
Ce verset inscrit le jeûne du mois de Ramadan dans le cycle de la prophétie depuis Adam – paix soit sur lui (PSL) − jusqu’au Prophète Muhammad (PSL), en passant par Abraham (PSL), Moïse (PSL) et Jésus (PSL). Cette pratique n’est donc pas une spécificité musulmane. L’islam la partage avec toutes les spiritualités et les religions qui l’ont précédé. Cela montre l’existence d’une unité de la filiation spirituelle, qui unit toutes les croyances et porte la marque de la fraternité humaine, confirmant l’idée selon laquelle l’humanité constitue une seule et grande famille.
L’unité de la filiation spirituelle n’exclut pas la diversité parmi les hommes quant à leur façon de pratiquer et de vivre cette expérience. Ainsi, le jeûne du mois de Ramadan représente le quatrième pilier de l’islam. C’est une obligation qui consiste à rompre avec l’habitude, à se priver volontairement des plaisirs de la nourriture, de la boisson et du sexe. Le Coran replace le jeûne dans toutes les spiritualités et nous livre un message fondamental : si le jeûne traverse toutes les prophéties, c’est parce qu’il recèle un secret divin. C’est à ce secret que fait référence le hadith du Prophète (PSL) qui dit : « Tout acte du fils d’Adam lui appartient à l’exception du jeûne, car le jeûne est à Moi et c’est Moi qui en définit la récompense » (rapporté par Muslim).
C’est pourquoi il faut bien comprendre le jeûne et le vivre comme une rupture qui réveille la conscience, purifie les cœurs et rapproche de Dieu et pas seulement comme une succession de privations qui gêne. Rompre avec l’habitude, prendre du recul par rapport aux préoccupations de ce bas monde, libérer son cœur du poids des choses matérielles et détourner le regard de soi, tel est le sens véritable du processus d’introspection que représente le jeûne. Et pour atteindre cet objectif, s’abstenir de manger et de boire ne suffit pas. Vivre l’esprit du Ramadan dans l’intime proximité de Dieu consiste à emprunter le chemin de liberté intérieure, à développer une conscience, à intensifier une spiritualité et à entretenir la proximité du Tout-Miséricordieux.
Vivre l’esprit du Ramadan, c’est aussi apprendre individuellement et collectivement à donner, à soulager, à servir et à ne jamais oublier : « Il n’est pas croyant celui qui parmi vous dort repu, alors que son voisin a faim » (hadith rapporté par Tabarani). En ce mois de lumière, cela consiste à accompagner les pauvres, à nourrir les nécessiteux, à apporter un peu de réconfort aux malades et aux laissés-pour-compte de notre société.
Les musulmans n’atteindront le degré de piété dont parle le verset 183 de la sourate 2 qu’au prix d’un long travail intérieur et d’un effort physique exigeant et constant pour obtenir l’accomplissement spirituel destiné à partager cette lumière avec leurs sœurs et leurs frères en humanité.
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Azzedine Gaci est recteur de la mosquée de Villeurbanne (Rhône).
Le jeûne est sans aucun doute l’une des meilleures et des plus belles écoles de la vie. Cette pratique spirituelle requiert l’exigence du cœur et de la conscience qui demande un sens profond de la responsabilité devant Dieu et un engagement constant pour la justice et la dignité, le don de soi et la solidarité, l’union et la fraternité.
Malheureusement, beaucoup de musulmans ne retiennent du jeûne du mois de Ramadan que le fait de se priver de boire, de manger et d’avoir des rapports sexuels de l’aube au coucher du soleil. De fait, ils perdent la compréhension de la valeur du jeûne dont les dimensions spirituelles sont ainsi reléguées au second plan, voire occultées. Or le sens fondamental du jeûne de ce mois réside essentiellement dans la revitalisation et la revivification de la dimension de la spiritualité dans la vie du croyant. Il nous est demandé de donner au quotidien une densité qui va de la privation du corps à l’élévation du cœur.
Un programme très riche attend les musulmans en ce mois d’effort et d’intériorisation : se réconcilier avec le Tout-Pardonnant, chercher la paix auprès du Créateur de la paix et vivre dans la proximité, la chaleur et la lumière du Tout-Miséricordieux.
« Ô vous qui portez la foi ! Le jeûne vous a été prescrit comme il l’a été prescrit à ceux qui vous ont précédés [aux religions antérieures]. Peut-être atteindrez-vous la piété »]i (Coran, s. 2, v. 183).
Ce verset inscrit le jeûne du mois de Ramadan dans le cycle de la prophétie depuis Adam – paix soit sur lui (PSL) − jusqu’au Prophète Muhammad (PSL), en passant par Abraham (PSL), Moïse (PSL) et Jésus (PSL). Cette pratique n’est donc pas une spécificité musulmane. L’islam la partage avec toutes les spiritualités et les religions qui l’ont précédé. Cela montre l’existence d’une unité de la filiation spirituelle, qui unit toutes les croyances et porte la marque de la fraternité humaine, confirmant l’idée selon laquelle l’humanité constitue une seule et grande famille.
L’unité de la filiation spirituelle n’exclut pas la diversité parmi les hommes quant à leur façon de pratiquer et de vivre cette expérience. Ainsi, le jeûne du mois de Ramadan représente le quatrième pilier de l’islam. C’est une obligation qui consiste à rompre avec l’habitude, à se priver volontairement des plaisirs de la nourriture, de la boisson et du sexe. Le Coran replace le jeûne dans toutes les spiritualités et nous livre un message fondamental : si le jeûne traverse toutes les prophéties, c’est parce qu’il recèle un secret divin. C’est à ce secret que fait référence le hadith du Prophète (PSL) qui dit : « Tout acte du fils d’Adam lui appartient à l’exception du jeûne, car le jeûne est à Moi et c’est Moi qui en définit la récompense » (rapporté par Muslim).
C’est pourquoi il faut bien comprendre le jeûne et le vivre comme une rupture qui réveille la conscience, purifie les cœurs et rapproche de Dieu et pas seulement comme une succession de privations qui gêne. Rompre avec l’habitude, prendre du recul par rapport aux préoccupations de ce bas monde, libérer son cœur du poids des choses matérielles et détourner le regard de soi, tel est le sens véritable du processus d’introspection que représente le jeûne. Et pour atteindre cet objectif, s’abstenir de manger et de boire ne suffit pas. Vivre l’esprit du Ramadan dans l’intime proximité de Dieu consiste à emprunter le chemin de liberté intérieure, à développer une conscience, à intensifier une spiritualité et à entretenir la proximité du Tout-Miséricordieux.
Vivre l’esprit du Ramadan, c’est aussi apprendre individuellement et collectivement à donner, à soulager, à servir et à ne jamais oublier : « Il n’est pas croyant celui qui parmi vous dort repu, alors que son voisin a faim » (hadith rapporté par Tabarani). En ce mois de lumière, cela consiste à accompagner les pauvres, à nourrir les nécessiteux, à apporter un peu de réconfort aux malades et aux laissés-pour-compte de notre société.
Les musulmans n’atteindront le degré de piété dont parle le verset 183 de la sourate 2 qu’au prix d’un long travail intérieur et d’un effort physique exigeant et constant pour obtenir l’accomplissement spirituel destiné à partager cette lumière avec leurs sœurs et leurs frères en humanité.
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Azzedine Gaci est recteur de la mosquée de Villeurbanne (Rhône).