Plus de 100 ans après la loi de 1905 légiférant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la laïcité a été le thème fort de l'année 2011. Le débat qui l'entoure a bel et bien été ravivé pour se concentrer essentiellement sur les musulmans et l’islam de France.
Preuve en était du très médiatique « débat » sur la laïcité, organisé par l’UMP en avril dernier.
Le besoin d’invoquer la laïcité pour légiférer sur des pratiques religieuses des musulmans, pourtant minoritaires ou relevant de la sphère privée, s’est illustré par l’interdiction du port du niqab, entrée en vigueur depuis avril dernier, ou encore par la proposition de loi élaborée par la gauche au Sénat en novembre visant à élargir l’interdiction du port du voile dans les structures privées de la petite enfance et aux domiciles des assistantes maternelles. Le ministre de l’Education a également appelé à l’interdiction du voile des mères souhaitant accompagnant leurs enfants lors de sorties scolaires.
Des lois que l’on voit surtout dirigées contre les femmes musulmanes, premières victimes de la stigmatisation.
Le voile est en effet un véritable objet de crispation. « Les jurisprudences du Conseil d’Etat et de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) considèrent le voile comme un signe religieux uniquement au même titre que la kippa ou le turban mais, dans le débat français, il est, au mieux, une preuve de prosélytisme et, au pire, une preuve d’islamisme », avait récemment déclaré Dounia Bouzar à Saphirnews. Signe d'une laïcité dévoyée désormais instrumentalisée à des fins électorales.
Preuve en était du très médiatique « débat » sur la laïcité, organisé par l’UMP en avril dernier.
Le besoin d’invoquer la laïcité pour légiférer sur des pratiques religieuses des musulmans, pourtant minoritaires ou relevant de la sphère privée, s’est illustré par l’interdiction du port du niqab, entrée en vigueur depuis avril dernier, ou encore par la proposition de loi élaborée par la gauche au Sénat en novembre visant à élargir l’interdiction du port du voile dans les structures privées de la petite enfance et aux domiciles des assistantes maternelles. Le ministre de l’Education a également appelé à l’interdiction du voile des mères souhaitant accompagnant leurs enfants lors de sorties scolaires.
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Le voile est en effet un véritable objet de crispation. « Les jurisprudences du Conseil d’Etat et de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) considèrent le voile comme un signe religieux uniquement au même titre que la kippa ou le turban mais, dans le débat français, il est, au mieux, une preuve de prosélytisme et, au pire, une preuve d’islamisme », avait récemment déclaré Dounia Bouzar à Saphirnews. Signe d'une laïcité dévoyée désormais instrumentalisée à des fins électorales.
Les actes islamophobes en hausse
Les discours politiques ont grandement appuyé la stigmatisation constante des musulmans, touchés par une vague sans précédent d’actes anti-musulmans qui se sont produits tout au long de l’année, dont six mosquées et une trentaine de stèles ces dernières semaines, et cela sans que la classe politique s'en émeuve.
Si le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) a pris du galon en 2011 depuis qu'il est reconnu d'intérêt général et accrédité à l'ONU, la situation sur le terrain des discriminations reste alarmante et peu prise au sérieux par les pouvoirs publics.
Si le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) a pris du galon en 2011 depuis qu'il est reconnu d'intérêt général et accrédité à l'ONU, la situation sur le terrain des discriminations reste alarmante et peu prise au sérieux par les pouvoirs publics.
La droitisation de la classe politique française
L’immigration a aussi été l'un des thèmes récurrents du gouvernement Sarkozy. Un homme incarne à lui seul le durcissement de sa politique du chiffre : Claude Guéant, dont la circulaire des étudiants étrangers lui vaut toutes les critiques en cette fin d'année 2011.
Malgré tout, son discours anti-immigration est sa façon pour lui de draguer l’aile dure de l’UMP et les sympathisants du Front national (FN). Ce dernier, qui gagne en popularité, est désormais incarnée par Marine Le Pen, devenue le symbole d’une extrême droite en expansion en Europe, dont le tueur d’Oslo se revendique et qui a ensanglanté la Norvège fin juillet.
Face à l’UMP et au FN, la gauche ne s'est guère présentée jusque-là comme une alternative politique convaincante. Le Parti socialiste (PS), qui a organisé pour la première fois cette année des primaires dont est sorti vainqueur François Hollande, fait partie du même système capitaliste dont l'ex-patron du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a été un des leaders... jusqu'à cet été, lorsque a éclaté le scandale du Sofitel, à New York, avec Nafissatou Diallo, ébranlant le monde politique français. Celui qui ambitionnait l’Elysée a bénéficié d'un non-lieu dans cette affaire mais a été rattrapé par son passé avec l’affaire du Carlton de Lille.
Malgré tout, son discours anti-immigration est sa façon pour lui de draguer l’aile dure de l’UMP et les sympathisants du Front national (FN). Ce dernier, qui gagne en popularité, est désormais incarnée par Marine Le Pen, devenue le symbole d’une extrême droite en expansion en Europe, dont le tueur d’Oslo se revendique et qui a ensanglanté la Norvège fin juillet.
Face à l’UMP et au FN, la gauche ne s'est guère présentée jusque-là comme une alternative politique convaincante. Le Parti socialiste (PS), qui a organisé pour la première fois cette année des primaires dont est sorti vainqueur François Hollande, fait partie du même système capitaliste dont l'ex-patron du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a été un des leaders... jusqu'à cet été, lorsque a éclaté le scandale du Sofitel, à New York, avec Nafissatou Diallo, ébranlant le monde politique français. Celui qui ambitionnait l’Elysée a bénéficié d'un non-lieu dans cette affaire mais a été rattrapé par son passé avec l’affaire du Carlton de Lille.
Le vivre-ensemble en péril ?
Pour combattre les discours politiques qui alimentent les peurs à l’encontre des cultures et religions, en particulier l’islam, les premières Assises nationales pour la diversité culturelle ont été organisées en novembre par Salamnews et Témoignage Chrétien à l’issue desquelles un appel pour une société interculturelle a été lancé.
Forts du soutien de multiples personnalités, les organisateurs espèrent bien remettre prochainement la pétition aux candidats des élections présidentielle et législatives de 2012.
Car la classe politique se trompe de cible. A prendre les musulmans et les personnes issues de l’immigration pour des boucs émissaires de la société, on en oublie de traiter de véritables problèmes tels la crise économique, qui a plongé la France et l’Europe dans une nouvelle récession, ou encore le chômage, qui a atteint un niveau record en cette fin d’année.
Toutefois, la volonté politique se forge également dès lors qu'un rapport de force s'engage avec des interlocuteurs de poids. Or, après les élections contestées du Conseil français du culte musulman (CFCM) en juin, les fédérations sont plus divisées que jamais. La réforme de l'instance est attendue pour 2012 mais le CFCM continue de susciter bien des scepticismes au sein de la communauté musulmane.
En attendant, les musulmans se doivent de militer pour le changement. A la veille des élections présidentielle et législatives de 2012, des appels au vote comme une arme contre l’intolérance sont lancés. La mobilisation lors des prochains mois sera décisive... ou pas.
Forts du soutien de multiples personnalités, les organisateurs espèrent bien remettre prochainement la pétition aux candidats des élections présidentielle et législatives de 2012.
Car la classe politique se trompe de cible. A prendre les musulmans et les personnes issues de l’immigration pour des boucs émissaires de la société, on en oublie de traiter de véritables problèmes tels la crise économique, qui a plongé la France et l’Europe dans une nouvelle récession, ou encore le chômage, qui a atteint un niveau record en cette fin d’année.
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