Extrait du compte rendu du 7 mai 2010 de la Commission Jeunesse et sports de la mairie de Roubaix : elle propose d'interdire l'accès aux loisirs aux usagers jeûneurs.
« C'est inacceptable », s'insurge Tounès Rahim, élue Verts à la mairie de Roubaix, qui ne compte pas rester les bras croisés.
Mise en cause : la note de la commission Jeunesse et sports de la municipalité, que s'est procurée Saphirnews. Celle-ci stipule, au dernier paragraphe, consacré au Ramadan, que : « Pour des raisons sanitaires, [ les centres de loisirs n'accueilleront pas] des enfants qui ne s'alimentent pas ». Elle émet l'interdiction absolue « d'affichage de pratiques par les agents ou les usagers », rappelle aux agents qu'ils « doivent être en pleine possession de leurs moyens, être actifs et vigilants, y compris en période de jeûne ». Et, dernier point : « En cas d'insuffisance, des sanctions disciplinaires seront prises au même titre que n'importe quel agent et sans prise en compte d'un contexte ou de pratiques religieuses », déclare la commission.
Pourquoi ces directives ? La période de jeûne du Ramadan, rappelons-le, commence cette année à la mi-août, en pleines vacances d'été pour les adolescents de confession musulmane qui suivent le rituel.
Ils seront sans doute bien moins nombreux, cette année, à participer aux activités intensives des centres de loisirs, mais, tout de même, la question se pose : si certaines municipalités penchent peut-être pour un réaménagement du planning des centres de vacances de sorte à ce que tous – jeûneurs comme non-jeûneurs – y trouvent leurs comptes, d'autres, à l'instar de Roubaix, optent pour la solution radicale, moins « casse-tête », en refusant tout bonnement l'admission des usagers jeûneurs.
Mise en cause : la note de la commission Jeunesse et sports de la municipalité, que s'est procurée Saphirnews. Celle-ci stipule, au dernier paragraphe, consacré au Ramadan, que : « Pour des raisons sanitaires, [ les centres de loisirs n'accueilleront pas] des enfants qui ne s'alimentent pas ». Elle émet l'interdiction absolue « d'affichage de pratiques par les agents ou les usagers », rappelle aux agents qu'ils « doivent être en pleine possession de leurs moyens, être actifs et vigilants, y compris en période de jeûne ». Et, dernier point : « En cas d'insuffisance, des sanctions disciplinaires seront prises au même titre que n'importe quel agent et sans prise en compte d'un contexte ou de pratiques religieuses », déclare la commission.
Pourquoi ces directives ? La période de jeûne du Ramadan, rappelons-le, commence cette année à la mi-août, en pleines vacances d'été pour les adolescents de confession musulmane qui suivent le rituel.
Ils seront sans doute bien moins nombreux, cette année, à participer aux activités intensives des centres de loisirs, mais, tout de même, la question se pose : si certaines municipalités penchent peut-être pour un réaménagement du planning des centres de vacances de sorte à ce que tous – jeûneurs comme non-jeûneurs – y trouvent leurs comptes, d'autres, à l'instar de Roubaix, optent pour la solution radicale, moins « casse-tête », en refusant tout bonnement l'admission des usagers jeûneurs.
Des prescriptions discriminatoires ?
Mairie de Roubaix (Nord). Les musulmans forment la plus importante minorité de la ville.
La ville de Roubaix attend l'avis de la HALDE pour « valider » ses prescriptions. Des prescriptions « hautement discriminatoires », estime Dounia Bouzar, co-auteure de La République ou la burqa - Les services publics face à l'islam manipulé (Albin Michel, 2010).
Pour restreindre une liberté religieuse, il faut que cette dernière « entrave l’ordre public ou les règles de droit commun (hygiène, sécurité, organisation, etc.), ce qui n’est pas le cas pour des activités en journée qui ne relèvent pas de la pratique sportive intensive », explique-t-elle.
« En quoi une sortie au cinéma ou au bowling peut-elle mettre en danger la santé du jeune musulman ? », s'étonne Raouf. Ancien animateur de centres et aujourd'hui éducateur spécialisé dans la protection de l'enfance, la question du ramadan lui est bien familière. Pour Raouf, la note de la commission Jeunesse de Roubaix entrave la loi : « Les jeunes qui seront présents au mois d'août, c'est bien des jeunes qui n'ont pas pu partir en vacances », tient-il à préciser. « Or la Déclaration des droits de l'enfant stipule que chaque enfant a droit à des loisirs, à des vacances. »
Et s'il arrivait à l'enfant un accident dont la cause serait le jeûne du Ramadan ? Pour Raouf, la solution est toute trouvée : il s'agit tout bonnement – comme cela se fait pour diverses situations – de faire signer par les parents, responsables des choix de leurs enfants mineurs, une décharge qui déresponsabiliserait l'animateur en cas d'accident.
« Ce qui se passe, souvent, c'est que lorsqu'il s'agit de l’islam, on n’applique pas les critères de droit commun pour répondre aux situations, comme si, tout d’un coup, les représentations négatives sur l’islam prenaient le dessus sur la raison », analyse Dounia Bouzar.
Côté parents, c'est l'indignation. Par cette directive, « ils [les membres de la commission, ndlr] considèrent que les parents sont incompétents ! », s'offusque Mariam, enseignante en mathématiques et mère de deux enfants. « Le jeûne de Ramadan n'est pas obligatoire pour les enfants », explique-t-elle, « et si ma fille souhaite jeûner et que je ne la vois pas dans la capacité de suivre pleinement les activités de la colo, je lui interdis tout bonnement de faire le ramadan. »
Pour restreindre une liberté religieuse, il faut que cette dernière « entrave l’ordre public ou les règles de droit commun (hygiène, sécurité, organisation, etc.), ce qui n’est pas le cas pour des activités en journée qui ne relèvent pas de la pratique sportive intensive », explique-t-elle.
« En quoi une sortie au cinéma ou au bowling peut-elle mettre en danger la santé du jeune musulman ? », s'étonne Raouf. Ancien animateur de centres et aujourd'hui éducateur spécialisé dans la protection de l'enfance, la question du ramadan lui est bien familière. Pour Raouf, la note de la commission Jeunesse de Roubaix entrave la loi : « Les jeunes qui seront présents au mois d'août, c'est bien des jeunes qui n'ont pas pu partir en vacances », tient-il à préciser. « Or la Déclaration des droits de l'enfant stipule que chaque enfant a droit à des loisirs, à des vacances. »
Et s'il arrivait à l'enfant un accident dont la cause serait le jeûne du Ramadan ? Pour Raouf, la solution est toute trouvée : il s'agit tout bonnement – comme cela se fait pour diverses situations – de faire signer par les parents, responsables des choix de leurs enfants mineurs, une décharge qui déresponsabiliserait l'animateur en cas d'accident.
« Ce qui se passe, souvent, c'est que lorsqu'il s'agit de l’islam, on n’applique pas les critères de droit commun pour répondre aux situations, comme si, tout d’un coup, les représentations négatives sur l’islam prenaient le dessus sur la raison », analyse Dounia Bouzar.
Côté parents, c'est l'indignation. Par cette directive, « ils [les membres de la commission, ndlr] considèrent que les parents sont incompétents ! », s'offusque Mariam, enseignante en mathématiques et mère de deux enfants. « Le jeûne de Ramadan n'est pas obligatoire pour les enfants », explique-t-elle, « et si ma fille souhaite jeûner et que je ne la vois pas dans la capacité de suivre pleinement les activités de la colo, je lui interdis tout bonnement de faire le ramadan. »
Obligation de neutralité, même pour les usagers ?
Quant à l' interdiction « d'affichage de pratiques par les agents ou les usagers » mentionnée par la commission, elle est « absolument illégale au vu de la loi lorsqu'elle s'applique aux usagers », explique Mme Bouzar. Le centre social « n’est pas l’école », pour laquelle une loi spéciale a été votée.
Les centres de loisirs seraient d'ailleurs un bon moyen pour « apprendre aux enfants à respecter la vision du monde des autres », « cela n’est pas encore le cas », estime l'anthropologue.
Là où il doit y avoir réflexion, c'est sur l'organisation que pourrait adopter un camp en prenant en considération l'heure plus tardive que les autres à laquelle dîneraient les jeûneurs, sans pour autant perturber le fonctionnement des activités. L'anthropologue évoque plusieurs possibilités pour préserver « la cohésion du groupe de jeunes mélangés » sans qu’une norme s’impose aux uns ou aux autres.
Les centres de loisirs seraient d'ailleurs un bon moyen pour « apprendre aux enfants à respecter la vision du monde des autres », « cela n’est pas encore le cas », estime l'anthropologue.
Là où il doit y avoir réflexion, c'est sur l'organisation que pourrait adopter un camp en prenant en considération l'heure plus tardive que les autres à laquelle dîneraient les jeûneurs, sans pour autant perturber le fonctionnement des activités. L'anthropologue évoque plusieurs possibilités pour préserver « la cohésion du groupe de jeunes mélangés » sans qu’une norme s’impose aux uns ou aux autres.
Critères de sécurité et de performance économique ?
Un élu roubaisien avance, pour sa part, le motif de « performance économique » : « Si on commence à reconnaître toutes les exigences, et des végétariens qui ne sont pas végétaliens, etc., on va arriver à un coût économique du repas qui n'est pas conforme au business plan », défend-il.
Une idée que ne partage pas vraiment Dounia Bouzar pour ce cas, puisqu’il s’agit de prise en journée uniquement journalière. D’autre part, en cas de colonie, elle plaide pour « le plus petit dénominateur commun », qui ne coûte pas plus cher : poisson, œufs, repas végétariens...
« On aurait crié haro si ces mêmes ados demandaient à ne pas assister à des cours d'EPS au nom du Ramadan, car nul place au particularisme », regrette Raouf. « Encore une fois), poursuit-il, on enferme les musulmans dans des dispositifs stigmatisants quand ils peuvent enfin souffler l'espace d'un été ! »
Qu'en dira la HALDE ? L'institution de lutte contre les discriminations, fort critiquée par ses alliances politiques plus ou moins tues, est donc attendue au tournant.
Une idée que ne partage pas vraiment Dounia Bouzar pour ce cas, puisqu’il s’agit de prise en journée uniquement journalière. D’autre part, en cas de colonie, elle plaide pour « le plus petit dénominateur commun », qui ne coûte pas plus cher : poisson, œufs, repas végétariens...
« On aurait crié haro si ces mêmes ados demandaient à ne pas assister à des cours d'EPS au nom du Ramadan, car nul place au particularisme », regrette Raouf. « Encore une fois), poursuit-il, on enferme les musulmans dans des dispositifs stigmatisants quand ils peuvent enfin souffler l'espace d'un été ! »
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