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Saint Denis dit oui !

Rédigé par Karl Batty | Lundi 27 Mars 2006 à 11:24

A 64,1 %, les dionysiens ont répondu par la positive au référendum sur le droit de vote et d’éligibilité des résidents étrangers aux élections locales. Invitées à se prononcer ce dimanche 26 mars, et malgré l’illégalité de ce référendum, 11 137 personnes se sont déplacées sur 36 607 inscrits, soit un taux de participation de 30.42%.



Référendum illégal

C’est dans une parfaite illégalité, que ce dimanche 26 mars, 34 bureaux de votes ont ouvert leurs portes afin de permettre aux dionysiens de se prononcer sur la question du droit de vote et d’éligibilité des résidents étrangers aux élections locales. Parmi les électeurs, les étrangers ont donc eu le droit de s’exprimer. Une liste additive a été mise en place afin de permettre à 2997 personnes supplémentaires (étrangers et/ou français inscrits depuis le premier janvier), de participer au vote. « Je suis arrivé d’Algérie en 1977 et je n’ai toujours pas la nationalité française. C’est la première fois de ma vie que je vote dans ce pays et pourtant je paye mes impôts comme tout le monde ! », Affirme Karim, 34 ans, éducateur. François Hollande, porte parole du paris socialiste, présent à la conférence de presse organisée par la mairie de Saint Denis a déclaré : « Il n'est pas normal que dans notre pays ceux qui vivent ici ne puissent voter aux élections locales, alors qu'ils y travaillent et y payent des impôts».
Le tribunal administratif de Cergy a pourtant reconnu le 13 février 2006, l’illégalité de ce référendum, le déclarant sans intérêt local. Cependant, « Rien n’a pu empêcher son organisation. » Déclare M Paillard, maire communiste de Saint Denis. Dans cette ville, ajoute t il, i[« il y a 25% de résidents étrangers […]. Comment espérer construire ce que l’on appelle "le vivre ensemble", […] développer des valeurs de la République, quand un habitant sur quatre est écarté de ce droit essentiel qu’est le droit de voter, et le droit d’être élu ? »]i. Cette polémique s’est d’autant plus développée, que les ressortissants de la communauté européenne ont obtenue ce même droit de vote aux élections locales. « Il n’y a aucune raison qu’un Finlandais arrivé depuis huit jours en France ait plus de droit qu’un Algérien qui y vit depuis trente ans » affirme Jean Pierre Chevènement, porte parole du Mouvement Républicain et Citoyen.

Boycott

Une partie de la droite a appelé au boycott de ce vote i[« les dionysiens doivent dire NON à une nouvelle tentative de dégradation de la France […] »]i déclare le Mouvement National Républicain (MNR). Evelyne Nicol, conseillère municipale pour l’UMP (Union pour un Mouvement Populaire), n’a pas voulu participer à cette organisation se disant i[« respectueuse de la loi et soucieuse des intérêts des contribuables dionysiens, l’UMP ne participera en aucune façon à ce référendum illégal et coûteux malgré la sollicitation de la Marie […] »]i. L’UDF (Union pour la Démocratie Française), mettant en avant le coût exorbitant de cette campagne, accuse le parti communiste : i[« en plain congrès du PC, [de ressortir] de vieilles recettes qui ont fait leur temps, complètement déconnectées des priorités quotidiennes des dionysiens. […] Il aurait mieux valu utiliser cette argent au renforcement du Service Public. »]i D’autres encore sont venus affirmer leur désaccord avec cet évènement. Didier, 50 ans, éducateur sportif, s’exclame : « C’est une stratégie du parti communiste, une manipulation politique. Ils se moquent des étrangers, ce n’est qu’un coup de publicité. Regardez dans les faits, il n’y a pas de diversité dans leur parti politique ; il leur fallait un « nonos » pour rétablir l’image déplorable du parti communiste en France. »

Soutient

Basil Boli et Dominique Voynet posent devant la mairie de Saint Denis avec des jeunes de la ville.
De nombreuses célébrités et personnages politiques ont soutenu cette initiative. Etaient notamment présents, Basile Boli (ancien footballeur), François Hollande, Dominique Voynet (Sénatrice socialiste de Seine Saint Denis), ainsi qu’Arlette Laguiller (porte parole de Lutte Ouvrière). Enfin, Mireille Mendès France et Madame Danielle Mitterrand ont aussi appuyé cette initiative. François Hollande a, quant à lui, promis, en cas de victoire en 2007, un projet de loi sur le droit de vote et d'éligibilité des étrangers aux élections locales. Projet énoncé par François Mitterrand lors de sa campagne électoral en 1981.

Philippe Borderie, Conseiller municipale UDF de Saint Denis
« J’appel au boycott de cet acte antidémocratique. C’est une question juridique, cet évènnement est illégal. De plus, au conseil municipal nous n’avons pas eu le droit de discuter sur la forme et les modalités d’organisation de cet évènement. Ils ont été jusqu'à envoyer des gens non assermentés prendre les inscriptions aux listes électorales, c’est un acte de propagande ! Ils ignorent les réels besoins des étrangers. Enfin, il n’ y a qu’une minorité d’étrangers qui s'est inscrit.»

Niakté, Malien de 39 ans.
« Je suis arrivé du Mali il y a 19 ans. Ici, je suis chez moi, je connais cette ville par cœur, et pourtant je n’ai jamais eu le droit m'exprimer aux élections locales. J’habite dans le nouveau foyer de Saint Denis. C’est très important pour moi de venir voter, je me sens vraiment concerné et ça me donne beaucoup d’espoir pour l’avenir. »

Francis Langlade, Maire adjoint de Saint Denis
« C’est un moment très émouvant. C’est un pas pour la lutte contre la discrimination citoyenne. Il y en a ras le bol de ces humiliations. Si nous devons payer le prix de la démocratie nous le ferons. Si, en guise de punition, le maire est suspendu de ses fonctions nous appellerons à une réaction nationale. Je pense que développer le civisme ce n’est en aucun cas gâcher l’argent du contribuable. »