Le Maire de Saint-Etienne, Michel Thillière, a participé hier, à la pose de la première pierre de la nouvelle mosquée de sa ville. A l’étude depuis quatre ans, le projet était prévu par le Contrat de ville au mois de juillet 2001. Il est à l’instigation de l’Association socio-culturelle marocaine de Saint-Etienne. Le complexe de la mosquée comprendra une école et une salle de réunions qui en feront ' le plus grand centre culturel de la région Rhône-Alpes ', selon M. Larbi Marchiche président de l’association.
' L’unique centre culturel marocain de France '
La cérémonie s’est déroulée en présence de M. Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman (CFCM) et recteur de la Grande mosquée de Paris. Plusieurs centaines de personnes y ont pris part, dans le quartier Soleil. L’édifice qui est prévu sur le site d’une ancienne usine d’hydrocarbure, s’étendra sur une superficie de près de 1400 mètres carrés et portera un minaret de 14 mètres. Le coût des travaux est estimé à près de trois millions d’Euros.
Pour l’Association socio-culturelle marocaine de Saint-Etienne, cette nouvelle mosquée est l’aboutissement d’un long processus lancé quatre années plus tôt. M. Larbi Marchiche, directeur du centre socio-culturel marocain de Saint-Etienne, est aussi l’un des dirigeants de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), présidée par M. Mohamed Béchari, vice-président du CFCM.
Ce centre culturel fut inauguré en 1995, par l’Ambassadeur du Maroc en France. Et de l’avis de M. Marmiche il est ' l’unique centre culturel marocain en France et le plus grand dans l’Europe '. Néanmoins, dans les colonnes de Maroc-Hebdo, M Marchiche déplore l’absence de soutien du Maroc à son centre. Il écrit que son centre est ' totalement ignoré lors des manifestations officielles organisées sur les RME par les autorités marocaines. Ce fut le cas lors des dernières rencontres organisées par la Fondation Hassan II, mais aussi lors des précédentes rencontres organisées à Tanger par les autorités marocaines, et bien d'autres encore organisées en France. '
Sortir l’Islam des caves vers les mosquées
Avant de se rendre à Saint-Etienne pour la pose de la première pierre de la future Grande mosquée de la ville, le président du CFCM a d’abord participé à la pose de la première pierre de la nouvelle mosquée d’Asnière-sur-Seine, en région parisienne. Cette cérémonie s’est déroulée en présence du président du Conseil général du département et de M. Nicolas Sarkozy, ministre de l’Economie (mais ex-ministre de l’Intérieur en charge du culte musulman en France). Cette initiative de mosquée est à mettre sur le compte de l’association Al Hidaya al Islamya installée dans la ville d’Asnière depuis 1974 où elle gère une petite mosquée. Cette petite mosquée va bientôt s’étendre sur 1 800 mètres carrés, devenant ainsi l’une des plus grandes de la région. Le coût de la rénovation est estimé à 3,6 millions d'euros.
Ce samedi, lors d’une réunion publique, l’Association des Musulmans de Bobigny (93) a officialisé son projet de construction de mosquée. Un projet soutenu par le maire de la ville M. Bernard Birsinger, qui a accordé un bail emphytéotique concernant un terrain municipal de 2.280 mètres carrés destiné à accueillir la mosquée.
Le problème du financement se pose
S’il est nécessaire pour les Musulmans de France de sortir leurs lieux de prières des caves, le financement des grands projets demeure un problème majeur. Mais l’idée de petites mosquées de proximité ne semble pas faire recette. Avec l’avènement du CFCM, et de ses représentants régionaux que sont les CRCM, l’autorité politique ne manque plus d’interlocuteurs pour réaliser les projets de mosquées généralement prévus dans leurs projets d’urbanisation. Mais l’Etat ne saurait, même s’il l’estime nécessaire, intervenir directement dans le financement de ces lieux de culte. Laïcité oblige.
Dans la pratique, des stratagèmes existent toujours pour contourner ces restrictions selon le degré de dialogue et de coopération établi entre responsables associatifs musulmans et responsables politiques locaux. La mairie de Garge-lès-Gonnes (95) tente par exemple d’empêcher la construction d’une mosquée qu’elle avait promise durant la campagne municipale et qu’elle semble avoir oubliée après les élections. Un groupe de dissidents a acquis un bâtiment qu’il compte rénover. La mairie a signé le permis de détruire, mais pas le permis de construire ! Certains de ces responsables associatifs estiment être objets de pressions. Et des agents de la police municipale ont été surpris, au mois d’août, en train de prendre des photos des fidèles au sortir de leur salle de prières du vendredi.
L’association Al Hidaya al Islamiya d’Asnières-sur-Seine n’a pas eu besoin d’un tel conflit. Proche de la Grande mosquée de Paris, elle a simplement apporté quelques changements administratifs à ses statuts, au mois d'avril, pour pouvoir espérer bénéficier d’une aide du département.
Sur le terrain, peu de mosquées se réduisent à des lieux de célébration du culte musulman. Généralement, elles sont de hauts lieux de culture et d’instruction pour les adultes qui en expriment une grande demande. Pour les enfants musulmans, la mosquée est aussi, souvent, un lieu d’éducation, de socialisation, de soutien scolaire et de cours complémentaires de langue arabe.