Sur le vif

Samy Naceri taxe d'islamophobe un film dans lequel il joue

Rédigé par La Rédaction | Jeudi 29 Aout 2013 à 15:56



« Voyage sans retour, la France a aussi ses djihadistes », c'est le titre d'un film, qui se trouve au cœur d'un imbroglio. Son producteur François Gérard, également réalisateur et acteur principal dans le film, a assigné en référé Samy Naceri qui y tient pourtant un rôle. Avec cette action judiciaire, M. Gérard souhaite que l'acteur « cesse de démolir la promo du film », dit-il au Inrocks lundi 26 août. Depuis un mois, Samy Naceri se désolidarise de cette œuvre cinématographique, tournée il y a huit ans.

Il faut dire que l'acteur est la cible de nombreuses critiques depuis la mise en ligne de la bande-annonce du film, que des internautes accusent de faire l'amalgame entre l'islam et le terrorisme et dont la sortie prévue le 11 septembre prochain est mal perçue.« Bonsoir ! Tout le monde me fait chier avec la sortie du film "Voyage sans retour" en me traitant islamophobe ! », écrivait excédé l'acteur sur son compte twitter 21 août.

Quelques jours avant, le 16 août, dans une interview téléphonique accordée au site d'informations subversives Panamza, il accusait le réalisateur d'exploiter son image pour faire la promotion du film où il joue un second rôle, et « d'avoir réorienté le scénario originel, consacré aux zones d'ombre de l'affaire Kelkal, (un jeune terroriste tué lors d’un assaut de la police en 1995, ndlr) dans une direction islamophobe ». « Dans la bande-annonce, il met ma tête et il montre que des trucs islamophobes. Donc moi je suis en train de rattraper le coup. (..). Tous les gens qui disent que je suis un islamophobe, que ceci, que cela, on est bien obligé de se justifier auprès d’eux », lance Samy Naceri., qui dit n'avoir toujours pas vu le film.

Il raconte le parcours d'un voyou de la banlieue toulousaine, devenu un terroriste poseur de bombes après des voyages en Inde, en Afghanistan et au Pakistan. L'ancienne star de la saga taxi y campe un policier antiterroriste.

Loin de s'arrêter à une bisbille entre un acteur et son réalisateur, le film est également sous le coup d'une poursuite judiciaire. L'ancien avocat Karim Achoui, président de la Ligue de défense judiciaire des Musulmans (LDJM) récemment créée, mène « une action en urgence ». « Ma démarche vise à interdire la sortie du film car, pour moi, il pose un problème d’image donnée d’une culture, d’une population et d’une communauté », explique M. Achoui, aux Inrocks.

François Gérard se défend, de son côté, d'avoir réalisé un film islamophobe. « Certaines personnes tentent d’obtenir une tribune sur le dos du film. Il n’y a rien d’anti-musulman dans le film », argue-t-il. Quant à la sortie de son film le jour de commémoration des attaques du World Trade Center, il s'agit d'un « semi-hasard ». « Au départ, il devait sortir plus tôt mais on avait peur qu’il soit noyé dans la masse. Donc on nous a conseillé septembre, mois assez creux au niveau des sorties. Après quand tu as le choix entre le 7 et le 11 septembre, tu prends le 11. C’est le jeu de la com’ ça. », explique-t-il.

Son référé contre Samy Naceri a été « mis en délibéré jusqu’à la fin du mois », précise le réalisateur. En promotion pour un autre film, Tip Top de Serge Bozon, qui sortira également le 11 septembre, Samy Naceri a déjà prévenu qu'il continuerait à démolir le film de François Gérard.

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