Le ramadan ne devrait pas être une source de stress. C’est en partant de ce postulat que l’Alliance de solidarité et d’assistance aux femmes (Asaf) a lancé, l’an passé, l’opération « ramadan paisible ». Forte de son succès, Abibatou Gigi Mboup, présidente et fondatrice de l’association sociale et humanitaire, reconduit la manifestation ces vendredi et samedi. Pendant ces deux jours de « solidarité et de partage », quelque 3 000 adhérentes et sympathisantes de l’Asaf sont attendues de 9h à 18h à l’institut islamique de Dakar pour recevoir du riz, du sucre, des dattes ou encore de l’huile qui leur permettront de tenir tout le mois sacré. Objectif : vivre son ramadan sereinement, sans se demander avec quoi rompre le jeûne. Explications de la dynamique Abibatou Gigi Mboup, esthéticienne et commerçante de profession.
Afrik : Vous menez de nombreuses activités sociales. Comment avez-vous été sensibilisée à la question des femmes et du ramadan ?
Abibatou Gigi Mboup : Depuis toute jeune, je voyais des femmes venir demander de quoi rompre le jeûne. Je me suis toujours dit que je ferais quelque chose pour elles un jour. J’ai une fibre sociale très développée.
Afrik : Pourquoi avoir choisi le nom de « ramadan paisible » ?
Abibatou Gigi Mboup : Ces dix dernières années, nous avons constaté une féminisation de la pauvreté. Les femmes s’appauvrissent chaque jour et deviennent des chefs de famille sans ressource. Vous avez des femmes divorcées avec 7 ou 8 enfants. Des veuves qui attendent que leurs enfants soient en âge de les aider. Des femmes mariées dont le mari reste à la maison à ne rien faire ou à s’occuper de sa dernière épouse et qui laisse les autres en rade... En période de ramadan, leur fardeau s’alourdit car elles doivent jeûner en se demandant en plus avec quoi faire le ndogou, le repas qui coupe le ramadan. Vous imaginez le stress que cela provoque lorsqu’on a des enfants ? C’est pour cela que nous avons choisi le nom « ramadan paisible ». C’est ce que nous voulons apporter aux femmes.
Afrik : Quel est le programme des deux journées de sensibilisation ?
Abibatou Gigi Mboup : Nous allons sensibiliser les gens qui viendront pour que des bonnes volontés viennent et renforcent nos capacités. Nous attendons 3 000 femmes à qui nous donnerons des vivres : 25 kilos de riz, du sucre, deux à trois sachets de lait de 500 gr, un pot de café, des dattes. Les femmes sont notre cible principale mais si des jeunes qui sont dans le besoin arrivent, nous leur donnerons du sucre. Le reste du stock sera donné aux familles des femmes incarcérées car elles sont aussi parfois le seul soutien de leur famille. Et s’il reste de la nourriture, nous la partagerons avec des associations qui comportent des femmes nécessiteuses.
Afrik : Quel est votre objectif ?
Abibatou Gigi Mboup : Initier et inciter les femmes au travail pour qu’elles deviennent indépendantes financièrement, qu’elles soient autonomes. Elles doivent se lancer dans des activités génératrices de revenus.
Afrik : Comment savez-vous que 3 000 femmes viendront ?
Abibatou Gigi Mboup : Ce sont des membres et des sympathisantes de l’association. Car il existe la pauvreté du silence qui atteint des femmes qui n’osent pas quémander, tendre la main. Nous faisons de la sensibilisation de proximité en leur demandant d’adhérer en payant 2 000 FCFA parce que de cette manière ce qu’on leur donne est un dû et n’a rien à voir avec la charité.
Afrik : Comment avez-vous recueilli les vivres ?
Abibatou Gigi Mboup : Pendant les deux mois qui ont précédé le commencement du ramadan, nous avons collecté les vivres en faisant notamment du porte à porte. Cette semaine, les gens apportent de la nourriture directement à l’Institut islamique. Nous avions fait la même chose l’an passé, mais cela avait été plus difficile parce que c’était la première fois. Cette année, nous avons les bonnes volontés et des partenaires sociaux officiels : l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique, et l’association mondiale de l’appel islamique.