Sur le vif

Séparatisme : un amendement anti-voile pour les assesseurs de bureaux de vote rejeté

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 30 Juin 2021 à 11:25



A peine l’examen en deuxième lecture du projet de loi séparatisme lancé à l’Assemblée nationale que la question du voile revient sur les devants des discussions. Elle a, en effet, animé la séance du mardi 29 juin après le dépôt d’un amendement du Modem visant à interdire le port de signes religieux – plus particulièrement le voile – par les assesseurs de bureaux de vote.

Les défenseurs de cette proposition ont mis en avant que les présidents des bureaux de vote sont tenus à la neutralité religieuse et qu’il faudrait, en conséquence, l’étendre aux assesseurs.

« On est à côté de la plaque », s’est insurgée la députée du Gard, Annie Chapelier (ex-LREM). « On sort d'une élection où il y a eu 25 % de participation et où des bureaux de vote ont cherché désespérément des assesseurs et on est en train de théoriser sur le fait qu’on va interdire aux personnes qui sont engagées dans la citoyenneté de ne pas pouvoir être assesseures. »

« Je ne comprends pas on cible la femme qui porte un voile et pas le reste », déclare-t-elle. Aux députés qui lui répondent que l’amendement vise tous les signes religieux, y compris la kippa, Annie Chapelier lance : « Ne trouvez pas de faux prétextes à ce que vous voulez incriminer et que vous pointez du doigt et qui est la femme voilée que vous ne voulez pas accepter. La citoyenneté est ouverte à tous et être assesseur doit pouvoir être ouvert à tous. »

« Oser dire que la France aujourd’hui n’est pas un pays multiculturel… Je ne sais pas dans quel pays vous vivez mais vous ne vivez pas dans le même pays que moi », a fait part, tout colère, Lamia El Aaraje auprès du député LR Julien Aubert, pour qui la France « n’est pas une démocratie multiculturelle ou communautaire ». « J’espère que vous avez honte de ce que vous avez dit. Personnellement, vous me donnez envie de vomir », a conclu la députée de Paris.

La ministre chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, a appelé à « ne pas alimenter une spirale de stigmatisation et de haine », déplorant un amendement inspiré par le cas de Jordan Bardella, candidat du Rassemblement national (RN) aux élections régionales en Île-de-France, qui avait voté dans un bureau où une assesseure voilée était présente. « Peut-être qu’avec plus dames comme elle et moins de gens comme vous la démocratie s’en porterait mieux », a-t-elle lâché au député Eric Ciotti, qui défendait cette mesure anti-voile parmi tant d'autres.

Après de multiples passes d'armes entre les députés, l’amendement a finalement été rejeté.

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