Le rabbin Delphine Horvilleur et le comédien Ismaël Saïdi, ici à la synagogue du 15e arrondissement de Paris le 1er juin, ont initié le Shabaddan, pour inviter juifs et musulmans de célébrer Shabbat et le mois du Ramadan ensemble.
A l’office du vendredi soir dirigé par la femme rabbin Delphine Horvilleur, la synagogue du 15e arrondissement parisien est bondée. Un vendredi soir comme un autre dans ce lieu de culte affilié au Mouvement juif libéral de France (MJLF), où les voix des fidèles, réunis dans une assemblée mixte hommes-femmes, s’élèvent en hébreu pour célébrer Dieu, Ses grâces, Sa mansuétude mais aussi l’amour du prochain en musique à l’occasion du Shabbat. A ceci près que la synagogue accueille durant l’office religieux, ce vendredi 1er juin, des musulmans en plein mois du Ramadan. Shabbadan !
A l’initiative du réalisateur, metteur en scène et comédien Ismaël Saïdi et de la rabbin Delphine Horvilleur, une rencontre entre juifs et musulmans a été organisée pour « célébrer shabbat et rompre le jeûne ensemble » afin de se « souvenir de ce qu’on pourrait encore partager ».
A l’initiative du réalisateur, metteur en scène et comédien Ismaël Saïdi et de la rabbin Delphine Horvilleur, une rencontre entre juifs et musulmans a été organisée pour « célébrer shabbat et rompre le jeûne ensemble » afin de se « souvenir de ce qu’on pourrait encore partager ».
« J’ai décidé qu’à partir de ce jour-là j’étais juif »
Invité à s’exprimer face à l’assistance, Ismaël Saïdi ne manque pas d’humour pour faire passer des messages appelant à une coexistence pacifique. « Je suis juif mais ça ne date pas d’aujourd'hui », lance-t-il devant des fidèles attentifs. Il cite sa conversation, lors d’un voyage à Cordoue qu’il a organisé avec des jeunes juifs et des jeunes musulmans peu après les attentats de Bruxelles en 2016, avec un « juif athée ». Celui-ci, dont le grand-père est un survivant de la Shoah, lui raconte qu’il pratique toujours le shabbat.
« Il me dit : "J’ai décidé de rester juif car on a essayé de nous faire disparaître." Moi, c’est une claque que j’ai prise, une leçon de vie à laquelle je ne m’attendais pas », avoue Ismael Saïdi. « Sa douleur, elle ne me parlait pas avant, car ce n’était pas la mienne. A partir du moment où on a mangé, ri, voyagé, parlé ensemble, cette douleur qui était la sienne, sans rien faire, il me l’a transmise. Alors, moi aussi, j’ai décidé qu’à partir de ce jour-là j’étais juif », narre-t-il.
« Ismaël (Saïdi), tu portes le nom d’un patriarche qui est clé dans nos textes respectifs puisque c’est le nom du fils aîné d’Abraham », fait part la rabbin à ses fidèles. Selon la tradition judaïque, « plus jamais ses fils (Ismaël et Isaac) ne reverront leur père, sauf à une occasion : pour son enterrement. Au bord d’une tombe. C’est comme si ce verset murmurait à chaque enfant d’Abraham : "Est-ce que tu sauras, toi, retrouver ton frère ailleurs qu’au cimetière ? Est-ce que tu sauras le retrouver pour faire autre chose qu’ensevelir tes morts ?" », poursuit Delphine Horvilleur.
« Il me dit : "J’ai décidé de rester juif car on a essayé de nous faire disparaître." Moi, c’est une claque que j’ai prise, une leçon de vie à laquelle je ne m’attendais pas », avoue Ismael Saïdi. « Sa douleur, elle ne me parlait pas avant, car ce n’était pas la mienne. A partir du moment où on a mangé, ri, voyagé, parlé ensemble, cette douleur qui était la sienne, sans rien faire, il me l’a transmise. Alors, moi aussi, j’ai décidé qu’à partir de ce jour-là j’étais juif », narre-t-il.
« Ismaël (Saïdi), tu portes le nom d’un patriarche qui est clé dans nos textes respectifs puisque c’est le nom du fils aîné d’Abraham », fait part la rabbin à ses fidèles. Selon la tradition judaïque, « plus jamais ses fils (Ismaël et Isaac) ne reverront leur père, sauf à une occasion : pour son enterrement. Au bord d’une tombe. C’est comme si ce verset murmurait à chaque enfant d’Abraham : "Est-ce que tu sauras, toi, retrouver ton frère ailleurs qu’au cimetière ? Est-ce que tu sauras le retrouver pour faire autre chose qu’ensevelir tes morts ?" », poursuit Delphine Horvilleur.
« Il y a entre nous des liens »
Pour couronner ce sermon qui invite à la réflexion sur les relations judéo-musulmanes, à une période contemporaine troublée, deux chants sont élevés par l’assemblée, dont l’un à la fois en arabe et en hébreu est intitulé « Il y a entre nous des liens ».
Des liens qu’une trentaine de personnes juives et musulmanes vont créer ou renforcer en toute convivialité après l’office du shabbat, à l'occasion de la rupture du jeûne organisée au sein même de la synagogue de MJLF. Parmi les convives, un couple judéo-musulman témoigne avec humour que Delphine Horvilleur et Ismaël Saïdi n’ont pas la primeur sur Shabbadan, puisqu’il est « son quotidien depuis 20 ans avec un iftar casher ». Une soirée à laquelle les participants se souviendront comme d'un beau moment de partage, appelé à se renouveler.
Des liens qu’une trentaine de personnes juives et musulmanes vont créer ou renforcer en toute convivialité après l’office du shabbat, à l'occasion de la rupture du jeûne organisée au sein même de la synagogue de MJLF. Parmi les convives, un couple judéo-musulman témoigne avec humour que Delphine Horvilleur et Ismaël Saïdi n’ont pas la primeur sur Shabbadan, puisqu’il est « son quotidien depuis 20 ans avec un iftar casher ». Une soirée à laquelle les participants se souviendront comme d'un beau moment de partage, appelé à se renouveler.
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