Dans la nuit de samedi à dimanche l’armée israélienne a mené une attaque sur le camp de Ein Saheb, à 22 km de Damas en Syrie. Deux gardes de camp, membre du Front Populaire de Libération de la Palestine ont été blessés. Israël affirme que l’endroit est un camp d’entraînement du Jihad islamique palestinien. Selon le Jihad islamique, il s’agit d’une simple installation où n’avait lieu ' aucune activité d’entraînement '. La Syrie a demandé un réunion d’urgence du Conseil de Sécurité de l’ONU.
La kamikaze voulait venger ses morts
Cette attaque israélienne intervient au lendemain de l’attaque suicide de samedi à Haïfa (Israël) revendiquée par le Jihad islamique. L’opération menée par Mlle Hanadi Tayssir Jaradat, 27 ans, résidente au camp de réfugiés de Jénine et avocate stagiaire a tué 20 personnes et blessé 55 autres.
Ce samedi, en raison de la fête juive du Pardon (Kippur), Israël avait renforcé ses mesures de sécurité. La jeune femme avait réussi à franchir les barrages pour arriver au sud de la ville de Haïfa (Israël) vers 14h30. Au restaurant Maxim, elle a éliminé le garde posté à l’entrée du restaurant, s’est engouffrée dans la salle bondée avant d’activer la charge qu’elle portait sur elle.
Le Jihad islamique a immédiatement revendiqué l’opération la rapportant à une précédente intervention israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine dont la kamikaze était originaire. Le jeudi dernier, Abdallah El Chami, chef du Jihad islamique à Gaza, avait promis une riposte de son mouvement à l’arrestation de Cheikh Bassam Al-Sa’di, chef du Jihad islamique à Jénine. L’armée israélienne avait envahi le camp de réfugiés, à l’aube, par une vingtaine de Jeeps protégées de deux hélicoptères Apache et de chars d’assaut. Aidés de chiens renifleurs, les militaires israéliens avaient arrêté le Cheikh Bassam ainsi que trois autres militants de son mouvement. Le chef du Jihad islamique de Gaza avait déclaré à Reuters que Cheikh Bassam avait été maltraité par les soldats israéliens. Il avait ajouté que 'l'ennemi paiera(it) très cher' cette opération. Le Jihad islamique a armé la kamikaze qui avait perdu son fiancé et son frère, deux membres du Jihad islamique, tués par des soldats israéliens. Son acte serait motivé par la volonté de venger ses morts.
Selon le scenario habituel, l’armée israélienne a dynamité la maison familiale de la kamikaze à Jénine, peu avant l’aube, le lendemain de l’attaque. Un couvre-feu avait été instauré la veille et sur la ville. La maison familiale de Hanadi Tayssir Jaradat était une maison d'un étage où vivaient huit personnes.
Unanimité moins une, contre Israël
Ce dimanche, des avions israéliens ont survolé la Muqata’a, le quartier général de Yasser Arafat. Par crainte d’une attaque du bâtiment, 26 pacifistes y sont entrés pour servir de ' bouclier humain '. En plus des pacifistes israéliens et palestiniens, le groupe comprenait des Australiens, des Canadiens, des Islandais, des Américains et des Britanniques. La Muqata’a n’a pas été bombardée.
La quasi-totalité de la communauté internationale a condamné l’attaque israélienne en territoire syrien à l’exception des Etats-Unis qui se sont refusés à soutenir toute résolution ne condamnant pas également l'attentat de Haïfa. George W. Bush a déclaré que Israël avait 'le droit de se défendre'. Mais il a invité le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, à la modération pour éviter l'escalade dans la région.
Réunie dimanche soir au Caire à la demande de la Syrie, la Ligue arabe a accusé Israël de vouloir entraîner la région dans une 'spirale de violence'. Elle a demandé l’intervention de l’ONU pour arrêter les 'provocations israéliennes' contre la Syrie. Dans un communiqué, la Ligue a exprimé 'son entière solidarité avec la Syrie et son soutien à toutes les mesures qu'elle prendrait pour répondre à cette agression'.
De son coté, Hosni Moubarak, président égyptien a téléphoné à son homologue syrien Bachar al-Assad pour l'assurer du 'soutien total de l'Egypte'. Il a ajouté que l'Egypte 'condamnait l'agression contre la Syrie et se tenait fermement aux côtés de ce pays'.