J’ai 35 ans. Je suis l’aînée d’une fratrie de trois frères et d’une sœur. Je vis chez mes parents mais je suis autonome, je travaille dans le domaine médico-technique. J’ai des copines, certaines mariées, avec enfants ou non.
Le problème, c'est que ma mère veut absolument me voir mariée, même avec un vieux, et que j'ai un enfant car, pour elle, la femme n’a aucune « valeur » sans enfant et que je finirai seule ainsi.
La chose qu'elle ignore est que le fait de parler de mariage « me provoque la nausée ». Je ne me vois pas vivre avec un homme et, de loin, être enceinte. Avoir des enfants, jamais, même si j'aime les enfants. Certes, je suis musulmane, je prie, je suis voilée (sauf sur mon lieu de travail) mais je n'ai jamais vraiment fréquenté un homme, même quand j'ai été étudiante et que je vivais seule loin de ma famille.
Je suis fatiguée, je ne veux plus rentrer à la maison, je préfère effectuer des heures supplémentaires ou aller boire un café avec des collègues.
J'ai l'impression qu'elle a hâte que je quitte la maison. Je peux le faire et, effectivement, j'ai commencé les démarches mais là, elle refuse que je parte !
Je ne sais pas quoi faire. Pourriez-vous me dire ce que vous en pensez ? Merci.
Le problème, c'est que ma mère veut absolument me voir mariée, même avec un vieux, et que j'ai un enfant car, pour elle, la femme n’a aucune « valeur » sans enfant et que je finirai seule ainsi.
La chose qu'elle ignore est que le fait de parler de mariage « me provoque la nausée ». Je ne me vois pas vivre avec un homme et, de loin, être enceinte. Avoir des enfants, jamais, même si j'aime les enfants. Certes, je suis musulmane, je prie, je suis voilée (sauf sur mon lieu de travail) mais je n'ai jamais vraiment fréquenté un homme, même quand j'ai été étudiante et que je vivais seule loin de ma famille.
Je suis fatiguée, je ne veux plus rentrer à la maison, je préfère effectuer des heures supplémentaires ou aller boire un café avec des collègues.
J'ai l'impression qu'elle a hâte que je quitte la maison. Je peux le faire et, effectivement, j'ai commencé les démarches mais là, elle refuse que je parte !
Je ne sais pas quoi faire. Pourriez-vous me dire ce que vous en pensez ? Merci.
Sabah Babelmin, psychanalyste
Chère Sirine,
Votre lettre m’émeut, vous avez dû beaucoup travailler pour arriver là ou vous êtes, être autonome et vouloir vivre une vie que vous désirez sans vous plier au diktat du mariage et de la famille. Mais ce qui me touche particulièrement, c’est que vous n’osez pas tenir tête à cette maman, qui est trop soumise au regard de l’autre et à son jugement et veut vous faire plier en vous dévalorisant et en vous faisant du chantage.
Malgré votre volonté de partir et de vous projeter dans la vie d’une femme libre qui suit son chemin et s’écoute, elle s’y oppose et vous n’osez pas franchir le pas. C’est comme si la femme libre retrouvait la petite fille soumise, qui lui susurre à l’oreille de ne pas désobéir à sa maman !
Vous écrivez que le fait de parler mariage vous « provoque la nausée » et que vous ne vous voyez pas avoir des enfants. Plusieurs questions me viennent. Quelle image avez-vous du couple pour que ça vous provoque la nausée ? Qu’est-ce qui vous dégoûte à ce point ? L’image est forte ! Le couple de vos parents était-il conflictuel ? Y’avait-il de la maltraitance verbale ou physique, qui peut provoquer la peur et la nausée chez une petite fille impuissante ? Quelle image de couple vous renvoie vos amies, vos frères et sœurs, vos proches ?
En tout cas, il ressort de votre lettre un traumatisme important autour du couple. Comment êtes-vous arrivée à cette décision ? Vous dites n’avoir jamais fréquenté un homme, même quand vous étiez étudiante et viviez seule. Le couple est une expérience fabuleuse et riche quand on rencontre quelqu'un qui nous respecte, nous aime, nous fait confiance, quand la communication est fluide et authentique, il peut être la source de beaucoup de joie et de plaisir, mais aussi il peut virer très vite à l’enfer s’il n’y a pas d’amour ni de respect.
Votre maman fait partie d’une génération qui n’osait pas lever la voix ou désobéir à ses parents et, après, à son mari. Se marier avec un homme que la famille a choisi ne pouvait nullement être remis en question dans la plupart des cas, mais cela est sa vie et elle ne peut pas vous imposer ses vues en 2019. Lui avez-vous expliqué votre position par rapport au mariage ?
Nous recevons d’innombrables courriers de la part de femmes victimes de cette pression familiale et sociétale qui, à 30 ans, paniquent de ne pas avoir d’enfants et se jettent dans les bras du premier homme les yeux fermés, consomment un mariage avec un homme qu’elles ne connaissent même pas ou à peine et, après quelques mois de vie commune, découvrent l’enfer d’un mariage hâtif avec un homme qu’elle croyait être l’homme de sa vie mais qui s’avère le contraire de ce qu’elles attendaient.
C’est pourquoi je trouve votre position très respectable. Quelles que soient vos motivations profondes, il me semble important que vous en parliez à votre mère et, si elle persiste, trouvez un logement et allez vivre ailleurs, la pression sera peut-être moins forte. Et si, vraiment, elle vous aime et vous veut du bien, elle respectera votre volonté de ne pas vous marier et avoir des enfants !
Vous n’êtes pas fille unique, vos trois frères et votre sœur pourraient combler son désir de mariage et peut-être l’envie d’être grand-mère si ce n’est déjà fait. Mais si vous ne lui dites rien, comment pourrait-elle deviner votre désarroi ?
Il me semble aussi important de vous faire accompagner par un thérapeute pour comprendre votre histoire et assumer vos décisions. Bon courage.
Votre lettre m’émeut, vous avez dû beaucoup travailler pour arriver là ou vous êtes, être autonome et vouloir vivre une vie que vous désirez sans vous plier au diktat du mariage et de la famille. Mais ce qui me touche particulièrement, c’est que vous n’osez pas tenir tête à cette maman, qui est trop soumise au regard de l’autre et à son jugement et veut vous faire plier en vous dévalorisant et en vous faisant du chantage.
Malgré votre volonté de partir et de vous projeter dans la vie d’une femme libre qui suit son chemin et s’écoute, elle s’y oppose et vous n’osez pas franchir le pas. C’est comme si la femme libre retrouvait la petite fille soumise, qui lui susurre à l’oreille de ne pas désobéir à sa maman !
Vous écrivez que le fait de parler mariage vous « provoque la nausée » et que vous ne vous voyez pas avoir des enfants. Plusieurs questions me viennent. Quelle image avez-vous du couple pour que ça vous provoque la nausée ? Qu’est-ce qui vous dégoûte à ce point ? L’image est forte ! Le couple de vos parents était-il conflictuel ? Y’avait-il de la maltraitance verbale ou physique, qui peut provoquer la peur et la nausée chez une petite fille impuissante ? Quelle image de couple vous renvoie vos amies, vos frères et sœurs, vos proches ?
En tout cas, il ressort de votre lettre un traumatisme important autour du couple. Comment êtes-vous arrivée à cette décision ? Vous dites n’avoir jamais fréquenté un homme, même quand vous étiez étudiante et viviez seule. Le couple est une expérience fabuleuse et riche quand on rencontre quelqu'un qui nous respecte, nous aime, nous fait confiance, quand la communication est fluide et authentique, il peut être la source de beaucoup de joie et de plaisir, mais aussi il peut virer très vite à l’enfer s’il n’y a pas d’amour ni de respect.
Votre maman fait partie d’une génération qui n’osait pas lever la voix ou désobéir à ses parents et, après, à son mari. Se marier avec un homme que la famille a choisi ne pouvait nullement être remis en question dans la plupart des cas, mais cela est sa vie et elle ne peut pas vous imposer ses vues en 2019. Lui avez-vous expliqué votre position par rapport au mariage ?
Nous recevons d’innombrables courriers de la part de femmes victimes de cette pression familiale et sociétale qui, à 30 ans, paniquent de ne pas avoir d’enfants et se jettent dans les bras du premier homme les yeux fermés, consomment un mariage avec un homme qu’elles ne connaissent même pas ou à peine et, après quelques mois de vie commune, découvrent l’enfer d’un mariage hâtif avec un homme qu’elle croyait être l’homme de sa vie mais qui s’avère le contraire de ce qu’elles attendaient.
C’est pourquoi je trouve votre position très respectable. Quelles que soient vos motivations profondes, il me semble important que vous en parliez à votre mère et, si elle persiste, trouvez un logement et allez vivre ailleurs, la pression sera peut-être moins forte. Et si, vraiment, elle vous aime et vous veut du bien, elle respectera votre volonté de ne pas vous marier et avoir des enfants !
Vous n’êtes pas fille unique, vos trois frères et votre sœur pourraient combler son désir de mariage et peut-être l’envie d’être grand-mère si ce n’est déjà fait. Mais si vous ne lui dites rien, comment pourrait-elle deviner votre désarroi ?
Il me semble aussi important de vous faire accompagner par un thérapeute pour comprendre votre histoire et assumer vos décisions. Bon courage.
La rubrique « Psycho », qu’est-ce que c’est ?
Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme », mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
Contactez-les (anonymat préservé) : psycho@saphirnews.com
Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme », mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
Contactez-les (anonymat préservé) : psycho@saphirnews.com