Évoquer l’Algérie et ses racines n’est pas une nouveauté pour la réalisatrice Yamina Benguigui. Mais avec Sœurs, l’artiste raconte au féminin un conflit qui, aujourd'hui encore, laisse des traces dans les mémoires. Dans son nouveau long métrage, l’ancienne ministre déléguée chargée des Français à l’étranger du temps de François Hollande relate un drame familial, celui de trois sœurs franco-algériennes Zorah, Nohra et Djamila qui, depuis 30 ans, vivent dans l’espoir de retrouver leur frère Rheda, enlevé par leur père et caché en Algérie.
Avec la légendaire Isabelle Adjani dans le rôle de Zorah, Rachida Brakni - révélée au grand public grâce à la comédie Neuilly Sa Mère - dans celui de Djamila, et l’actrice et réalisatrice Maïwenn dans celui de Nohra, Yamina Benguigui rassemble un casting flamboyant qui porte avec brio les tourments d’une famille matriarcale aux prises avec son passé, mais aussi celui de la France et de l’Algérie.
Un passé encore bien trop présent. Tellement présent que Zorah, écrasée par le poids d’un échec que sa mère ne cessera de lui reprocher, décidera d’en faire une pièce de théâtre au grand dam des femmes de sa famille. « Je n’ai pas envie de voir une autofiction sur ce qui m’a détruite », lui lancera Nohra, la plus fragile des trois.
Avec la légendaire Isabelle Adjani dans le rôle de Zorah, Rachida Brakni - révélée au grand public grâce à la comédie Neuilly Sa Mère - dans celui de Djamila, et l’actrice et réalisatrice Maïwenn dans celui de Nohra, Yamina Benguigui rassemble un casting flamboyant qui porte avec brio les tourments d’une famille matriarcale aux prises avec son passé, mais aussi celui de la France et de l’Algérie.
Un passé encore bien trop présent. Tellement présent que Zorah, écrasée par le poids d’un échec que sa mère ne cessera de lui reprocher, décidera d’en faire une pièce de théâtre au grand dam des femmes de sa famille. « Je n’ai pas envie de voir une autofiction sur ce qui m’a détruite », lui lancera Nohra, la plus fragile des trois.
La guerre d'indépendance racontée par des femmes
On connaît Yamina Benguigui pour son engagement politique mais aussi pour son combat en faveur des droits des femmes. Et Sœurs est incontestablement une ode à ce combat. Sauf qu’ici, le féminisme se déploie dans la douleur, la survie et la quête de liberté. Des thèmes incarnés par Leila, la mère de ce trio dramatique et émouvant, qui divorcera d’un mari violent et quittera l’Algérie pour le fuir. « C’est pour vous que j’ai divorcé ! », lancera-t-elle à ses filles au cours d’une discussion pendant laquelle Nohra questionnera ce choix, pour elle à l’origine d’une famille détruite, alors qu’elle ne peut se résoudre à faire le deuil d’un père qui l’envahit par son absence.
Pour autant, Yamina Benguigui nous démontre que c’est ce divorce, signe d’un courage à toute épreuve, qui sauva cette famille tout en la déchirant. La réalisatrice dresse ici le portrait de plusieurs générations de femmes qui peinent à se comprendre et qui devront pourtant apprendre à communiquer.
Si la réalisatrice montre à l’écran trois femmes très différentes qui n’entretiennent pas le même rapport au passé familial, c’est pourtant le pouvoir de l’union, particulièrement entre femmes, qu’elle veut défendre. « SŒURS : c’est ce lien viscéral qui nous arrache à notre histoire individuelle, ce lien qui nous ramène à notre histoire commune. SŒURS c’est aussi le lien de fraternité entre toutes les femmes », explique-t-elle.
A travers ce récit, Yamina Benguigui livre aussi une part d'elle-même. Ses œuvres, qui traite principalement de la mémoire des immigrés, des femmes et des discriminations, est le reflet d'une ambition intime : celle de partir à la quête de son histoire. Sa devise : « A ne pas connaître son histoire, on se trompe d’histoire. »
Pour autant, Yamina Benguigui nous démontre que c’est ce divorce, signe d’un courage à toute épreuve, qui sauva cette famille tout en la déchirant. La réalisatrice dresse ici le portrait de plusieurs générations de femmes qui peinent à se comprendre et qui devront pourtant apprendre à communiquer.
Si la réalisatrice montre à l’écran trois femmes très différentes qui n’entretiennent pas le même rapport au passé familial, c’est pourtant le pouvoir de l’union, particulièrement entre femmes, qu’elle veut défendre. « SŒURS : c’est ce lien viscéral qui nous arrache à notre histoire individuelle, ce lien qui nous ramène à notre histoire commune. SŒURS c’est aussi le lien de fraternité entre toutes les femmes », explique-t-elle.
A travers ce récit, Yamina Benguigui livre aussi une part d'elle-même. Ses œuvres, qui traite principalement de la mémoire des immigrés, des femmes et des discriminations, est le reflet d'une ambition intime : celle de partir à la quête de son histoire. Sa devise : « A ne pas connaître son histoire, on se trompe d’histoire. »
L’Algérie, l’autre héroïne du film
Le long-métrage, qui a été tourné en 2018 alors qu’ Abdelaziz Bouteflika était encore au pouvoir, nous raconte une autre quête de liberté : celle du peuple algérien. Dans le film, c’est Soumaya, la cousine des trois sœurs interprétée par l’auteur du roman à succès Kiffe Kiffe demain Faïza Guène qui incarne cette soif de changement. Farouchement indépendante, célibataire heureuse, elle est le lien entre les trois sœurs et une Algérie moderne. « La révolution, elle est d’abord populaire », clamera un de ses amis, illustrant dans la réalité le soulèvement de la population algérienne contre le cinquième mandat de l’ancien président.
Malgré le regard fier que porte Yamina Benguigui sur un pays qui ne s’affirme jamais mieux que dans la lutte, la Franco-Algérienne n’oublie pas d’évoquer le sujet de la double appartenance culturelle. « Pour toi, on est des étrangères », jettera Nohra au visage de sa cousine Soumaya, qui vit dans cette nouvelle Algérie en pleine mutation. Une phrase qui semble être le symbole d’une quête de reconnaissance d’un pays qu’elle-même ne connaît plus. Une phrase qui fait aussi écho à l’expérience individuelle et collective de tous ceux dont l’identité se divise entre deux terres, deux nations qui, aujourd’hui encore, cherchent à tourner la page d’un passé lui aussi, trop présent.
Féminisme, union, quête de soi, quête de sens… Sœurs nous apprend qu’il est toujours temps d’avancer, de lutter, mais aussi de guérir. « J’ai plus l’âge d’être torturé », dira l’un des personnages principaux du film, incarnant l’absolu nécessité de réconcilier des mémoires en mal de reconnaissance.
Malgré le regard fier que porte Yamina Benguigui sur un pays qui ne s’affirme jamais mieux que dans la lutte, la Franco-Algérienne n’oublie pas d’évoquer le sujet de la double appartenance culturelle. « Pour toi, on est des étrangères », jettera Nohra au visage de sa cousine Soumaya, qui vit dans cette nouvelle Algérie en pleine mutation. Une phrase qui semble être le symbole d’une quête de reconnaissance d’un pays qu’elle-même ne connaît plus. Une phrase qui fait aussi écho à l’expérience individuelle et collective de tous ceux dont l’identité se divise entre deux terres, deux nations qui, aujourd’hui encore, cherchent à tourner la page d’un passé lui aussi, trop présent.
Féminisme, union, quête de soi, quête de sens… Sœurs nous apprend qu’il est toujours temps d’avancer, de lutter, mais aussi de guérir. « J’ai plus l’âge d’être torturé », dira l’un des personnages principaux du film, incarnant l’absolu nécessité de réconcilier des mémoires en mal de reconnaissance.
Soeurs de Yamina Benguigui
France, 99 minutes
Avec Isabelle Adjani, Rachida Brakni, Maïwenn, Hafsia Herzi, Faïza Guene, Rachid Djaïdani, Fettouma Bouamari, Djanis Bouzyani, Nabil Asli, Mabrouk Ferroudji
Sortie en salles le 30 juin
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