Sur le vif

Soudan: Hassan Al-Tourabi accepterait un chrétien ou une femme comme président

| Mercredi 7 Juin 2006 à 12:37



Le leader islamique soudanais, Hassan al-Tourabi, a déclaré hier qu’il accepterait qu’un chrétien soit président du Soudan, un pays multiconfessionnel, estimant en outre que la charia, la loi islamique, était mal interprétée. « S’il y a un candidat chrétien honnête, qui puisse résister à la corruption, qui soit juste et n’abuse pas de la force contre les autres, je voterai pour lui », a affirmé M. Tourabi au cours d’un entretien accordé à l’AFP. « Je ne m’oppose pas non plus à ce que ce soit une femme », a ajouté M. Tourabi.
Le Soudan, le plus vaste pays d’Afrique, est divisé entre une large partie arabo-musulmane, au nord, ouest et est, et sa partie sud, chrétienne et animiste. Mais selon Hassan al-Tourabi, le régime de son ancien allié le président Omar el-Béchir ne permettra pas la tenue d’élections libres, compte tenu de la manière dont celles de 2000 se sont déroulées. « Est-ce qu’on peut les qualifier d’élections ? Les deux tiers des sièges n’étaient pas disputés et parfois le décompte des voix pour une région dans son entier ne prenait pas plus de 10 minutes », s’est-il exclamé. Après les élections de 2000, Hassan al-Tourabi a été emprisonné par le régime du président el-Béchir.
« Les gens ne comprennent pas ce que signifie la charia. Ils pensent que c’est un système légal, mais, en réalité, c’est un mode de vie », a affirmé, par ailleurs, le leader de 74 ans. « Un chrétien peut boire de l’alcool, mais ne pas trop s’afficher avec sa boisson, et ne pas la vendre à un musulman. C’est ça la charia. » Selon lui, la charia appelle à la vraie démocratie. « Elle nous apprend que le gouvernement doit être l’émanation du peuple. Il n y a pas de monarchie en islam ni d’usurpation du pouvoir. Le pouvoir appartient au peuple », a-t-il ajouté. « Ce que nous voulons introduire, c’est un gouvernement élu. Qu’il n y ait pas de coercition ni dans le mariage ni dans la religion », a affirmé M. Tourabi, n’excluant pas la conversion d’un musulman à une autre religion.