Aujourd’hui, je vous propose un roman historique de l’écrivaine turque Elif Shafak qui excelle dans la description du tassawuf (soufisme), qui est le cœur même de la spiritualité musulmane.
Dans Soufi, mon amour, un roman dans le roman, Elif Shafak raconte une histoire d’amour, d’abord platonique entre Ella Rubinstein, femme au foyer, américaine, juive non pratiquante, et un musulman soufi résidant aux Pays-Bas, A. Z. Zahara. Celui-ci adresse par la poste un manuscrit à une maison d’édition basée aux États-Unis, « Doux Blasphème », qui en confie la lecture à Ella, dont c’est la première tâche de lectrice dans ce qui est son tout nouvel emploi.
« Doux Blasphème » relate le lien spirituel qui a fortement uni Djalâl ad-Dîn Rûmî (1207-1273), mystique persan musulman ayant grandement marqué le soufisme, et Shams ed Dîn Tabrîzî (« Soleil de la religion », originaire de Tabriz), soufi itinérant, originaire de Perse.
Ella va vivre cet éveil spirituel qui implique, comme le révèle Maître Eckhart (1260-1328), « un changement profond et vaste dans nos vies : passer d’une vie fondée sur le mensonge selon lequel nous serions uniquement humain à une vie fondée sur la vérité de qui nous sommes vraiment ».
Pour opérer l’éveil spirituel, il est nécessaire d’aller chercher ce qui est enfoui en nous à la quête de ce trésor intérieur qui nous permettra inéluctablement de nous affranchir des contingences insignifiantes.
« Doux Blasphème » va transformer de manière irréversible la vie d’Ella. Elle va méditer à travers ce manuscrit les quarante règles de vie de Shams de Tabriz. Nous également !
Le dénominateur commun de ces règles est d’aimer, d’un amour qui guide nos pas à tout instant, naturellement, en toute liberté, lucidement, afin de laisser notre cœur se révéler, sans aucune retenue. Extraire le meilleur de nous-même pour se consacrer à l’essentiel et rejoindre la pratique religieuse de ses hommes exceptionnels, en prenant allègrement le chemin qui nous mène à Lui.
Dans Soufi, mon amour, un roman dans le roman, Elif Shafak raconte une histoire d’amour, d’abord platonique entre Ella Rubinstein, femme au foyer, américaine, juive non pratiquante, et un musulman soufi résidant aux Pays-Bas, A. Z. Zahara. Celui-ci adresse par la poste un manuscrit à une maison d’édition basée aux États-Unis, « Doux Blasphème », qui en confie la lecture à Ella, dont c’est la première tâche de lectrice dans ce qui est son tout nouvel emploi.
« Doux Blasphème » relate le lien spirituel qui a fortement uni Djalâl ad-Dîn Rûmî (1207-1273), mystique persan musulman ayant grandement marqué le soufisme, et Shams ed Dîn Tabrîzî (« Soleil de la religion », originaire de Tabriz), soufi itinérant, originaire de Perse.
Ella va vivre cet éveil spirituel qui implique, comme le révèle Maître Eckhart (1260-1328), « un changement profond et vaste dans nos vies : passer d’une vie fondée sur le mensonge selon lequel nous serions uniquement humain à une vie fondée sur la vérité de qui nous sommes vraiment ».
Pour opérer l’éveil spirituel, il est nécessaire d’aller chercher ce qui est enfoui en nous à la quête de ce trésor intérieur qui nous permettra inéluctablement de nous affranchir des contingences insignifiantes.
« Doux Blasphème » va transformer de manière irréversible la vie d’Ella. Elle va méditer à travers ce manuscrit les quarante règles de vie de Shams de Tabriz. Nous également !
Le dénominateur commun de ces règles est d’aimer, d’un amour qui guide nos pas à tout instant, naturellement, en toute liberté, lucidement, afin de laisser notre cœur se révéler, sans aucune retenue. Extraire le meilleur de nous-même pour se consacrer à l’essentiel et rejoindre la pratique religieuse de ses hommes exceptionnels, en prenant allègrement le chemin qui nous mène à Lui.
En compagnie de Rûmî
Dans ce livre passionnant, on découvre les règles du soufisme qui se conjuguent nécessairement à la stricte application des cinq piliers de notre religion (attestation de la foi ; les cinq prières quotidiennes ; le jeûne ; l’aumône légale ; le pèlerinage à La Mecque). Un savant mélange entre Orient et Occident, qui se réalise au gré des sensibilités du lecteur.
Avec délectation, nous côtoyons en tournant les pages, Djalâl ad-Dîn Rûmî, au surnom de Mawlânâ, « notre maître », qui a fondé l’ordre des derviches tourneurs, une des principales confréries soufies de l’islam, dans la ville de Konya en Turquie. Ses écrits ont été fortement inspirés par son meilleur ami Shams de Tabriz.
Dans la « Parabole de l’éléphant », Rûmî disait :
« Différend au sujet de sa description et de sa forme.
Des Indous avaient amené un éléphant; ils l’exhibèrent dans une maison obscure.
Plusieurs personnes entrèrent, une par une, dans le noir, afin de le voir.
Ne pouvant le voir des yeux, ils le tâtèrent de la main.
L’un posa la main sur sa trompe ; il dit : “Cette créature est telle un tuyau d’eau.”
L’autre lui toucha l’oreille : elle lui apparut semblable à un éventail.
Lui ayant saisi la jambe, un autre déclara : “L’éléphant a forme de pilier.”
Après lui avoir posé la main sur le dos, un autre dit : “En vérité, cet éléphant est comme un trône.”
De même, chaque fois que quelqu’un entendait une description de l’éléphant, il la comprenait d’après la partie qu’il avait touchée.
Leurs affirmations variaient selon ce qu’ils avaient perçu ; l’un l’appelait “dal”, l’autre “alîf”.
Si chacun d’eux avait été muni d’une chandelle, leurs paroles n’auraient pas différé.
L’œil de la perception est aussi limité que la paume de la main qui ne pouvait cerner la totalité (de l’éléphant).
L’œil de la mer est une chose, l’écume en est une autre ; délaisse l’écume et regarde avec l’œil de la mer.
Jour et nuit, provenant de la mer, se meuvent les flocons d’écume ; tu vois l’écume, non la mer. Que c’est étrange ! Nous nous heurtons les uns contre les autres comme des barques ; nos yeux sont aveuglés ; l’eau est pourtant claire. Ô toi qui t’es endormi dans le bateau du corps, tu as vu l’eau ; contemple l’Eau de l’eau.
L’eau a une Eau qui la pousse, l’esprit un Esprit qui l’appelle. »
Le 17 décembre 1273, Mawlânâ adressa à son fils Sultan Walad son dernier poème :
« Va, et pose ta tête sur l’oreiller, laisse-moi seul.
Quitte ce pauvre qui est condamné et qui passe ses nuits à errer.
Les nuits, jusqu’au matin, nous les passons à lutter, à nous débattre dans les vagues de l’Amour.
Si tu le veux, viens et pardonne-nous
Si tu le veux, va-t-en et tourmente-nous. »
Bonne lecture !
Chems-eddine Hafiz, avocat au barreau de Paris, est co-auteur de Droit et religion musulmane (Éd. Dalloz, 2005) et auteur de De quoi Zemmour est devenu le nom (Éd. du Moment, 2010).
Avec délectation, nous côtoyons en tournant les pages, Djalâl ad-Dîn Rûmî, au surnom de Mawlânâ, « notre maître », qui a fondé l’ordre des derviches tourneurs, une des principales confréries soufies de l’islam, dans la ville de Konya en Turquie. Ses écrits ont été fortement inspirés par son meilleur ami Shams de Tabriz.
Dans la « Parabole de l’éléphant », Rûmî disait :
« Différend au sujet de sa description et de sa forme.
Des Indous avaient amené un éléphant; ils l’exhibèrent dans une maison obscure.
Plusieurs personnes entrèrent, une par une, dans le noir, afin de le voir.
Ne pouvant le voir des yeux, ils le tâtèrent de la main.
L’un posa la main sur sa trompe ; il dit : “Cette créature est telle un tuyau d’eau.”
L’autre lui toucha l’oreille : elle lui apparut semblable à un éventail.
Lui ayant saisi la jambe, un autre déclara : “L’éléphant a forme de pilier.”
Après lui avoir posé la main sur le dos, un autre dit : “En vérité, cet éléphant est comme un trône.”
De même, chaque fois que quelqu’un entendait une description de l’éléphant, il la comprenait d’après la partie qu’il avait touchée.
Leurs affirmations variaient selon ce qu’ils avaient perçu ; l’un l’appelait “dal”, l’autre “alîf”.
Si chacun d’eux avait été muni d’une chandelle, leurs paroles n’auraient pas différé.
L’œil de la perception est aussi limité que la paume de la main qui ne pouvait cerner la totalité (de l’éléphant).
L’œil de la mer est une chose, l’écume en est une autre ; délaisse l’écume et regarde avec l’œil de la mer.
Jour et nuit, provenant de la mer, se meuvent les flocons d’écume ; tu vois l’écume, non la mer. Que c’est étrange ! Nous nous heurtons les uns contre les autres comme des barques ; nos yeux sont aveuglés ; l’eau est pourtant claire. Ô toi qui t’es endormi dans le bateau du corps, tu as vu l’eau ; contemple l’Eau de l’eau.
L’eau a une Eau qui la pousse, l’esprit un Esprit qui l’appelle. »
Le 17 décembre 1273, Mawlânâ adressa à son fils Sultan Walad son dernier poème :
« Va, et pose ta tête sur l’oreiller, laisse-moi seul.
Quitte ce pauvre qui est condamné et qui passe ses nuits à errer.
Les nuits, jusqu’au matin, nous les passons à lutter, à nous débattre dans les vagues de l’Amour.
Si tu le veux, viens et pardonne-nous
Si tu le veux, va-t-en et tourmente-nous. »
Bonne lecture !
Chems-eddine Hafiz, avocat au barreau de Paris, est co-auteur de Droit et religion musulmane (Éd. Dalloz, 2005) et auteur de De quoi Zemmour est devenu le nom (Éd. du Moment, 2010).
Elif Shafak, Soufi, mon amour, Ed. 10/18, 473 p., 9,10 €.
Lire aussi :
Le Livre des pénétrations métaphysiques
Les Joyaux éclatants de l’exégèse du Coran
Traité sur les Noms divins, de Râzi
Eric Geoffroy : Le soufisme, mode d’emploi
La tolérance de Rûmî, au-delà des clichés
Le voyage soufi d’Isabelle Eberhardt
Eva de Vitray-Meyerovitch : une chercheuse d’absolu, amoureuse de l’islam
Centenaire d’Éva de Vitray-Meyerovitch
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