« On ne peut que se féliciter des annonces du Premier ministre » en faveur de l’aumônerie musulmane des prisons, nous déclare d’emblée Hassan El Alaoui Talibi. L’aumônier national finit cependant par très vite tempérer.
« On parle de création de postes mais le mot porte à confusion, il n’a pas la même portée que ce qu’on pourrait croire. Les postes annoncés par Manuels Valls ne sont en fait que des vacations pour les aumôniers intervenants, indemnisés seulement de leurs frais de transport » par les administrations pénitentiaires, rappelle-t-il.
Les aumôniers des prisons, dont les faibles indemnités varient aujourd'hui « en fonction des déplacements effectués », n'ont pas de droits à la retraite et au chômage ; ils ne disposent pas non plus d'une couverture santé. Un statut semblable à celui du bénévole et synonyme de précarité qui ne suscite en conséquence que peu de vocations. Il ne permet pas non plus de garder les personnes en poste très longtemps. Or, pour faire un travail d’accompagnement efficace auprès des détenus, le mieux est encore d’assurer un suivi à long terme.
« On parle de création de postes mais le mot porte à confusion, il n’a pas la même portée que ce qu’on pourrait croire. Les postes annoncés par Manuels Valls ne sont en fait que des vacations pour les aumôniers intervenants, indemnisés seulement de leurs frais de transport » par les administrations pénitentiaires, rappelle-t-il.
Les aumôniers des prisons, dont les faibles indemnités varient aujourd'hui « en fonction des déplacements effectués », n'ont pas de droits à la retraite et au chômage ; ils ne disposent pas non plus d'une couverture santé. Un statut semblable à celui du bénévole et synonyme de précarité qui ne suscite en conséquence que peu de vocations. Il ne permet pas non plus de garder les personnes en poste très longtemps. Or, pour faire un travail d’accompagnement efficace auprès des détenus, le mieux est encore d’assurer un suivi à long terme.
Reconsidérer le statut pour un vrai changement
Hassan El Alaoui Talibi, l’aumônier national musulman des prisons.
Le seul moyen pour les aumôniers des prisons de sortir de la précarité, pérenniser leur activité et rendre leur métier attractif est de se voir octroyer par leur ministère de tutelle, celui de la Justice dont dépendent les prisons, un statut professionnel, comme en bénéficient les aumôniers militaires et hospitaliers. En juin 2014, la demande a été publiquement exprimée dans une lettre ouverte où était déploré le manque de reconnaissance de leur travail. Tout est une question de volonté politique pour M. El Alaoui Talibi : « Si elles (les autorités, ndlr) veulent vraiment nous donner les moyens de réussir notre mission et de lutter contre la radicalisation, les actes suivront. »
« On réclame un statut pour l'aumônerie de tous les cultes, pas seulement pour les musulmans », insiste-t-il. « Tous les aumôniers des prisons sont dans la même situation », à la différence notable que « les autres religions ont un budget plus conséquent et des institutions derrière les aumôniers pour leur permettre de faire leur travail de manière convenable, de payer les charges et leur couverture santé. Nous, le CFCM n’a absolument pas les mêmes moyens », lance-t-il.
« On réclame un statut pour l'aumônerie de tous les cultes, pas seulement pour les musulmans », insiste-t-il. « Tous les aumôniers des prisons sont dans la même situation », à la différence notable que « les autres religions ont un budget plus conséquent et des institutions derrière les aumôniers pour leur permettre de faire leur travail de manière convenable, de payer les charges et leur couverture santé. Nous, le CFCM n’a absolument pas les mêmes moyens », lance-t-il.
450 aumôniers musulmans nécessaires
242 aumôniers, en additionnant 182 à la soixantaine de « postes » que Manuel Valls a annoncé d’ici à 2018 : mais est-ce bien suffisant pour couvrir l’ensemble des prisons françaises ? « Il faudrait avoir au moins 450 aumôniers musulmans », annonce Hassan El Alaoui Talibi. Le gouvernement est très loin du compte.
Pour répondre au mieux aux demandes, et malgré la précarité de leur mission, de nombreux aumôniers acceptent de travailler dans plusieurs prisons à la fois, à l’instar de Samia Ben Achouba qui officie dans cinq établissements pénitenciers. Dans la région Nord-Pas de Calais où la secrétaire de l’aumônerie nationale exerce, 15 aumôniers sont répartis dans 22 établissements. « On a eu trois démissions cette année car il faut comprendre qu’il est difficile de joindre les deux bouts », nous indique-t-elle. Pour elle aussi, le salut des aumôniers musulmans des prisons passe par l'obtention d'un statut professionnel.
Après les attentats de Paris, les attentions politiques et médiatiques se sont nettement focalisées sur le rôle et la responsabilité de l’aumônerie musulmane dans la lutte contre la radicalisation. La pression sur les aumôniers des prisons, renforcée par le manque de moyens, est plus forte que jamais et elle est bien mal vécue par une partie des effectifs. Avant de passer par la case prison, les personnes radicalisées ont souvent fait face à « un échec scolaire. Mais met-on en question l’institution scolaire ? Ou l’éducation en foyer par où sont passés Nemmouche et les Kouachi ? (...) Pourquoi stigmatise-t-on l’aumônerie musulmane ? Pourquoi mettre tous les problèmes sur son dos ? », s’interroge Hassan El Alaoui Talibi. Il plaide pour « une responsabilité partagée par tous les acteurs de la société » afin de lutter efficacement contre l’extrémisme.
Pour répondre au mieux aux demandes, et malgré la précarité de leur mission, de nombreux aumôniers acceptent de travailler dans plusieurs prisons à la fois, à l’instar de Samia Ben Achouba qui officie dans cinq établissements pénitenciers. Dans la région Nord-Pas de Calais où la secrétaire de l’aumônerie nationale exerce, 15 aumôniers sont répartis dans 22 établissements. « On a eu trois démissions cette année car il faut comprendre qu’il est difficile de joindre les deux bouts », nous indique-t-elle. Pour elle aussi, le salut des aumôniers musulmans des prisons passe par l'obtention d'un statut professionnel.
Après les attentats de Paris, les attentions politiques et médiatiques se sont nettement focalisées sur le rôle et la responsabilité de l’aumônerie musulmane dans la lutte contre la radicalisation. La pression sur les aumôniers des prisons, renforcée par le manque de moyens, est plus forte que jamais et elle est bien mal vécue par une partie des effectifs. Avant de passer par la case prison, les personnes radicalisées ont souvent fait face à « un échec scolaire. Mais met-on en question l’institution scolaire ? Ou l’éducation en foyer par où sont passés Nemmouche et les Kouachi ? (...) Pourquoi stigmatise-t-on l’aumônerie musulmane ? Pourquoi mettre tous les problèmes sur son dos ? », s’interroge Hassan El Alaoui Talibi. Il plaide pour « une responsabilité partagée par tous les acteurs de la société » afin de lutter efficacement contre l’extrémisme.
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