Points de vue

Soyons tous des champions du don, avec joie et en abondance

La notion de don dans le catholicisme

Rédigé par Vincent Feroldi | Lundi 21 Mai 2018 à 11:38



Voilà peu, le pape François a publié un beau texte sur la joie et l’allégresse où il écrivait que Dieu n’attendait pas de nous que « nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance ». Il veut donc que notre vie soit vivante, dynamique, active et belle. Cela passe avant tout par se donner à Dieu et se donner aux autres, par faire du don l’un des essentiels de notre vie.

Pour un croyant, il est de son devoir de donner de son temps à Dieu en le priant, chez lui ou à l’église, à la mosquée, au temple ou à la synagogue. Heureux est-il s’il rythme sa vie par la prière à l’image des moines dans les monastères qui récitent laudes, vêpres ou complies et du musulman qui se rend à la mosquée à l’appel du muezzin. Mais, nous dit le pape François, « la prière a de la valeur si elle alimente un don de soi quotidien par amour. Notre culte plait à Dieu quand nous y mettons la volonté de vivre avec générosité et quand nous laissons le don reçu de Dieu se traduire dans le don de nous-mêmes aux frères ». Ainsi, pour Dieu, l’homme doit faire de sa vie, au quotidien, une vie où amour et charité se donnent et se partagent à profusion, dans l’abondance et sans compter.

Discrétion et humilité sont de mise. Il ne s’agit pas de le crier sur les toits. Ce serait de la vantardise. Jésus disait : « […] Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra » (Matthieu 6, 2-4). Un beau programme à suivre !

Mais s’il faut donner, il faut aussi pardonner. Donner de l’argent aux personnes dans le besoin, donner de son temps à ses enfants et son conjoint, visiter un malade ou une personne seule, c’est super. Mais n’oublions pas qu’il y a un don qui prime dans nos vies. Il touche à la nature même de l’existence humaine. Il s’agit du pardon. Un homme est avant tout un être-en-relation. La joie l’habite en profondeur quand sa vie de relations se passe bien. Mais est-ce fréquent ? Bien souvent naissent des différends, des blessures, des querelles, des conflits. Peut-on s’en satisfaire ? Non ! Il faut se pardonner les uns les autres. C’est tellement important que, dans la prière que Jésus a apprise à ses amis, il y a cette demande : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. »

Il s’agit de vivre dans sa vie ce que Dieu vit pour moi. Aussi, le pape François écrit : « Donner et pardonner, c’est essayer de reproduire dans nos vies un petit reflet de la perfection de Dieu qui donne et pardonne en surabondance. » Et d’ajouter : « De la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous en retour » (Luc 6, 38). « La mesure que nous utilisons pour comprendre et pour pardonner nous sera appliquée pour nous pardonner. La mesure que nous appliquons pour donner nous sera appliquée au Ciel pour nous récompenser. Nous n’avons pas intérêt à l’oublier. »

Soyons tous des champions du don. Souvent, notre générosité s’émoustille et s’endort. Chaque année, les militants des Restos du cœur, du Téléthon ou de la Virade de l’espoir réveillent notre torpeur. Bénis sont-ils ! Mais il peut y avoir aussi des évènements dramatiques qui vont transformer ceux qui pleurent à être des militants du don. Ainsi en est-il de Xavier et d’Élodie qui ont perdu leur petite fille, Cassandra, atteinte de la leucémie. Ils ont trouvé en eux une formidable énergie et témoignent aujourd’hui que « d’un malheur peut naitre l’espoir », en devenant les champions du don du sang et de la moelle osseuse. Des milliers de personnes les ont rejoints. Imitons-les, à notre façon, avec nos talents, habités par cet amour de la vie et de l’autre !

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P. Vincent Feroldi est directeur du Service national pour les relations avec les musulmans (SNRM), de la Conférence des évêques de France.