Il y a quelques années, je me suis rendue à Auschwitz avec ma classe de lycéens de Seine-Saint-Denis et me souviens alors des dernières paroles que je leur ai prononcées : « Comprenez l’Histoire, apprenez ses leçons pour qu’elle cesse de bégayer et de se répéter. »
Ces derniers jours, je me suis rendue au Mémorial de Srebrenica, en Bosnie. Sans mes anciens élèves. Pourtant, j’aurais aimé les avoir auprès de moi pour qu’ils puissent écouter Hasan Nuhanovic, un des rares survivants de ce génocide qui s’est déroulé au mois de juillet 1995 et qui lui a retiré son père, sa mère et son frère.
J’aurais aimé voir leurs larmes et leur colère face à ce génocide européen qui s’est déroulé lors de l’année de leur naissance ou peu après.
Aussi loin que je puisse remonter dans mes souvenirs, le génocide bosniaque perpétré par l’Armée serbe bosniaque a forgé ma conscience du monde et de la violence qui y régnait. J’ai fait part de ce souvenir sur le média Saphirnews.com lors de la commémoration des 20 ans du génocide.
Ces derniers jours, je me suis rendue au Mémorial de Srebrenica, en Bosnie. Sans mes anciens élèves. Pourtant, j’aurais aimé les avoir auprès de moi pour qu’ils puissent écouter Hasan Nuhanovic, un des rares survivants de ce génocide qui s’est déroulé au mois de juillet 1995 et qui lui a retiré son père, sa mère et son frère.
J’aurais aimé voir leurs larmes et leur colère face à ce génocide européen qui s’est déroulé lors de l’année de leur naissance ou peu après.
Aussi loin que je puisse remonter dans mes souvenirs, le génocide bosniaque perpétré par l’Armée serbe bosniaque a forgé ma conscience du monde et de la violence qui y régnait. J’ai fait part de ce souvenir sur le média Saphirnews.com lors de la commémoration des 20 ans du génocide.
Le combat de Hasan Nuhanovic
Cet été, dans le cadre d’un programme académique à Sarajevo sur les défis posés et auxquels sont confrontés les musulmans dans une société européenne pluraliste, j’ai enfin pu me rendre et me recueillir au Mémorial de Srebrenica et écouter Hasan Nuhanovic, cet ingénieur de formation qui, par ses propres moyens, a porté le génocide des Bosniaques musulmans au Tribunal International de La Haye sur l’ex-Yougoslavie en portant plainte contre les Pays-Bas, pays en charge de la zone de sécurité au nom des Nations unies et dans laquelle s’étaient retranchés les réfugiés et déplacés Bosniaques musulmans face à l'avancée des forces serbes bosniaques, dont les horreurs étaient connues des habitants.
Le combat de Hasan est le combat de sa vie, le combat d’un peuple et d’une mémoire encore vive.
Beaucoup probablement se souviennent du procès de Slobodan Milosevic, chef des armées serbes de l’époque, peu ont pu écouter le récit de ces femmes qui ont vu leur époux, père et fils partir sous leurs yeux capturés par l’armée génocidaire à la sortie même de la zone de sécurité sous autorité de la communauté internationale.
Hasan a vu sa famille partir sous ses yeux et ne les a jamais retrouvé. Pourtant, il connait les bourreaux de sa mère tuée et continue de porter le cas de sa mère auprès de la justice bosniaque. En vain. Hasan n’a pas oublié. Et n’est pas prêt à pardonner. Il ne réclame pas vengeance mais justice pour sa mère et pour tous les êtres tués lors de cette guerre. Sans ce travail de justice, Hasan ne croit pas en une réconciliation faite d’amnésie.
Beaucoup probablement se souviennent du procès de Slobodan Milosevic, chef des armées serbes de l’époque, peu ont pu écouter le récit de ces femmes qui ont vu leur époux, père et fils partir sous leurs yeux capturés par l’armée génocidaire à la sortie même de la zone de sécurité sous autorité de la communauté internationale.
Hasan a vu sa famille partir sous ses yeux et ne les a jamais retrouvé. Pourtant, il connait les bourreaux de sa mère tuée et continue de porter le cas de sa mère auprès de la justice bosniaque. En vain. Hasan n’a pas oublié. Et n’est pas prêt à pardonner. Il ne réclame pas vengeance mais justice pour sa mère et pour tous les êtres tués lors de cette guerre. Sans ce travail de justice, Hasan ne croit pas en une réconciliation faite d’amnésie.
Pour que notre futur ne soit pas façonné par les semeurs de haine
Ibn Khaldun, auteur des Muqadimma, chef-d’œuvre du monde arabe et musulman et dont l’objectif est de retracer l’Histoire de l’humanité, montre que chaque génération se renouvelle tous les 20 ans portant en elle des changements pour chaque peuple. En lisant les témoignages des survivants bosniaques de Srebrenica et en se recueillant sur les tombes du Mémorial, on se rend aisément compte que l’objectif des Serbes était d’anéantir toutes les générations d’hommes, pères, fils, frères, ainés pour rendre indélébile et irréversible la survie des Bosniaques musulmans dans la région.
Aujourd’hui, la Bosnie-Herzégovine et Sarajevo particulièrement, aussi appelée la Petite Jérusalem, font partie des pays fascinants des Balkans de plus en plus visités et appréciés par les Européens aussi bien par son apparente stabilité que par son Histoire musulmane et européenne et sa position unique.
Si l’Histoire bégaie et s’est répétée en Bosnie avec le génocide de 8 372 hommes, jeunes hommes et enfants bosniaques musulmans en juillet 1995, Srebrenica doit continuer à hanter nos mémoires et nos consciences pour que notre futur ne soit pas colonisé et façonné par les semeurs de haine et de divisions qui hantent notre présent en Europe.
****
Samia Hathroubi, professeure d'Histoire, est déléguée Europe de la Foundation for Ethnic Understanding.
Si l’Histoire bégaie et s’est répétée en Bosnie avec le génocide de 8 372 hommes, jeunes hommes et enfants bosniaques musulmans en juillet 1995, Srebrenica doit continuer à hanter nos mémoires et nos consciences pour que notre futur ne soit pas colonisé et façonné par les semeurs de haine et de divisions qui hantent notre présent en Europe.
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