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Strasbourg : une balle accidentelle dans la tête

Rédigé par Benbarek Hakim | Lundi 22 Mars 2004 à 00:00

Hassan Jabiri, 33 ans, résident à Strasbourg est mort d’une balle dans la tête ce vendredi 19 mars suite à un contrôle de gendarmerie. La victime s’était fait arrêter lors d’un contrôle alors qu’il se rendait à Colmar par l’autoroute A35, le jeudi 18 mars. Son véhicule qui avait perdu son pare-chocs arrière avait été suspecté par les agents de l’ordre. Le parquet de Colmar a qualifié le coup mortel d’« accidentel ». « le coup de feu est parti accidentellement du bas vers le haut » a précisé M. Pascal Schultz, procureur de la République. La famille endeuillée a annoncé son intention de porter plainte pour homicide involontaire. Une marche silencieuse a réuni près d’un millier de personnes le samedi dans le centre de Strasbourg.



Hassan Jabiri, 33 ans, résident à Strasbourg est mort d’une balle dans la tête ce vendredi 19 mars suite à un contrôle de gendarmerie. La victime s’était fait arrêter lors d’un contrôle alors qu’il se rendait à Colmar par l’autoroute A35, le jeudi 18 mars. Son véhicule qui avait perdu son pare-chocs arrière avait été suspecté par les agents de l’ordre. Le parquet de Colmar a qualifié le coup mortel d’« accidentel ». « le coup de feu est parti accidentellement du bas vers le haut » a précisé M. Pascal Schultz, procureur de la République. La famille endeuillée a annoncé son intention de porter plainte pour homicide involontaire. Une marche silencieuse a réuni près d’un millier de personnes le samedi dans le centre de Strasbourg.

 

Les gendarmes ont affirmé qu’ils avaient dû prendre la 405 de M. Jabiri en course-poursuite à une vitesse d’au moins 180km/h pour le contraindre à s’arrêter. Selon les mêmes gendarmes, le contrôle d’identité opéré sur la bande d’arrêt d’urgence se déroulait de façon classique jusqu’au moment où la victime pourtant calme au départ, s'est soudainement rebellée, portant 'un coup sur le bras d'un gendarme', ce qui aurait entraîné un tir 'accidentel'. Transporté à l’hôpital Pasteur de Colmar, M Jabiri était maintenu en vie dans un état critique. C’est vers 16 H ce vendredi que l’hôpital a contacté la famille pour lui annoncer le décès. « Ils l'ont débranché… » a indiqué à l'AFP l’une des sœurs du défunt. M. Jabiri était père d’une fillette de 8 ans.

 

La psychose gagne du terrain

L’un des proches de M. Jabiri ne cache pas sa douleur. Il accuse la politique sécuritaire du gouvernement : « Hassan est arrêté par la gendarmerie de Colmar sur L'A35 où, soit disant, il a voulu les semer. Il s'arrête sur la bande d'arrêt d’urgence, ils lui demandent de couper le moteur, de sortir de la voiture et de déposer les mains sur le capot ce qu'il exécute. D'après les gendarmes il gesticule, la main de notre frère touche la main d'un gendarme qui le tenait à bout portant avec son arme, le coup part. La balle traverse son cerveau de bout en bout passant par la tempe droite et sortant au dessus du crâne. Comment les représentants de la justice peuvent-ils abattre un père de 34 ans sans histoires et aimé de tous alors qu'il était seul et n'avait aucune arme d'aucune sorte à une heure du matin entouré de quatre gendarmes armés jusqu'aux dents ?

Est ce parce que notre frère est marocain et musulman ?En donnant carte blanche et les pleins pouvoirs aux gendarmes, Sarkozy a ouvert les portes aux drames! »

 

Aucune sanction officielle n’a été prise pour l’instant à l’encontre des quatre gendarmes intervenus. Au travers de cet événement, de nombreux citoyens Musulmans de France se sentent à la portée de bavures semblables que favorisent la pression médiatique qu’ils ont supportée ces derniers mois. D’aucun y voient des manœuvres politiciennes du pouvoir désireux de sauvegarder l’aile la plus à droite de son électorat.

Les conclusions de la commission Stasi, suivies du vote de la loi anti-foulard ont contribué à créer un sentiment de stigmatisation des Musulmans de France. Les nombreuses bavures consécutives à cette loi ont entretenu cette psychose alimentée par les incendies criminels de mosquées et la perspective d’exclusion massive de jeunes filles musulmanes des établissements scolaires français au mois de septembre prochain. La nomination d’un préfet de référence musulmane n’a pas suffit à faire avaler cette couleuvre. Surtout que, à peine nommé, ce préfet défraie la chronique nationale dans une atmosphère de violence répétée à caractère criminel non encore totalement éludée.

 

Les Musulmans de Strasbourg sous le choc

Les événements sanglants du 11 mars espagnol, suivi d’énigmatiques lettres de menaces terroristes  rendues publiques et faisant référence à des groupes de Musulmans n’ont fait qu’aggraver cette situation déjà explosive au sein de la communauté. Trois jours après le décès de M. Jabiri une vingtaine de voitures ont été brûlées lors des manifestations de rue dans certains  quartiers de Strasbourg classés « sensibles ».

 

Sur le site Internet du journal régional « Dernières Nouvelles d’Alsace », cette bavure est rapportée dans la rubrique des faits divers. Et il ne fait de doute qu’elle n’aurait trouvé d’autres échos dans la presse nationale si les deux nuits suivants les faits n’avaient été émaillées de violences manifestes. La police de Strasbourg a reçu le renfort de gendarmes mobiles pour faire face à la situation dont nul ne peut présager actuellement du dénouement.

 

Les représentants des pouvoirs publics attendent les résultats de l’enquête pour se prononcer sur les responsabilités dans cette affaire. Les responsables politiques sont, pour leur part, trop occupés par les élections régionales et cantonales pour exprimer leur réconfort à la famille Jabiri.