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Trois jours de jeûne, c’est l’heure d’un premier bilan

Les petits mots du coeur

Rédigé par Sami Abdessalem | Vendredi 7 Octobre 2005 à 21:38

Ca y est, nous voici de pleins pieds dans le mois sacré de ramadan. Trois jours se sont écoulés, c’est l’heure d’un premier réexamen de notre engagement. Notre engagement de jeûner. En ce mois de piété, tout musulman jeûneur, est invité à procéder à un bilan personnel. Après trois jours de jeûne, chacun est exhorté à s’arrêter pour méditer sur ces premiers jours. Et l’on doit s’interroger : comment ai-je passé ces trois premiers jours ? La réponse attendue doit être profonde, elle ne peut souffrir d’être superficielle.



Il ne s’agit pas de répondre « oui les premiers jours ont été faciles » ou bien « non, les premiers jours ont été difficiles ». Cela est simplement superficiel. Toute personne sait que priver le corps de sa substance matérielle quotidienne, de ses besoins vitaux durant toute une journée entière, n'est pas chose facile. Cela est une évidence du jeûne. Mais s’interroger sur les premiers jours du jeûne, c’est jauger le degré de son engagement dans l’acte de jeûner. C’est aussi se regarder en face, dans le miroir de sa foi et se dire : « alors, comment, moi le jeûneur, je me sens dans ma relation à Dieu ? ».

Jeûner avec son cœur, sa parole et ses actes

Cette mesure de notre degré d’engagement doit se faire aussi par rapport à nos actions en relation avec notre état de jeûne. Certes vous avez jeûné avec le ventre, mais avez-vous jeûné avec la parole ? Vous êtes-vous abstenu de paroles futiles et inutiles ? Avez-vous jeûné avec le cœur ? A savoir, avez-vous veillé à élever votre niveau de conscience de l’autre, ceux qui partagent votre quotidien dans le cercle de votre famille et ceux qui, dans le mouvement de votre activité professionnelle, vous côtoient ? Mais aussi, avez-vous jeûné avec vos actes ? Autrement dit : avez-vous pensé à éviter tout acte qui soit de nature à affecter autrui ?



S’interroger sur son jeûne c’est s’arrêter sur ces menus détails afin de ne jamais rabaisser, ni trahir, ni offenser autrui, volontairement ou involontairement. Si telle doit être notre attitude tout au long de l’année, nous devons profiter de notre jeûne pour nous y exercer de manière plus intensive.



S’interroger sur son jeûne c’est chercher un refuge spirituel, dans le monde de la droiture et de la purification... Cela exige que l’on se regarde en détail et sans concession afin de se réconcilier avec soi, de s’engager dans la paix avec soi en cherchant à mieux se connaître. C’est pourquoi nous disons que le mois de ramadan est le mois de la découverte de soi !



Il est aussi le mois du self-contrôle. Savoir se contrôler, ne pas céder à la colère. Cultiver son intérieure en cultivant sa discrétion. Pour cela, ne jamais afficher son état de jeûneur. Ne surtout pas en faire un objet de conflit. Pour cela, le Prophète nous a conseillés de répondre aux provocations par « je jeûne, je jeûne ». C’est ainsi que nous faisons de notre jeûne pas seulement un moment d’abstinence, mais un état continu de recueillement qui nous épargne tout excès, toute réplique, toute violence.

Profiter de la nuit durant le ramadan

Voilà trois jours que nous jeûnons, interrogeons-nous donc : « comment ai-je jeûné ces premiers jours ? » Méditons un instant sur notre relation avec l’autre après ces trois premiers jours de jeûne. Interrogeons-nous encore, dans l’intimité de notre foi : « comment suis-je aujourd’hui avec mon Créateur ? » Ai-je le sentiment d’être un humble serviteur qui se prive de manger et de boire pour répondre à l’appel de Dieu ? Après trois jours de pénitence, avons-nous le sentiment de vivre dans le désir d’adoration malgré la fatigue normale liée à notre état de jeûne ? Ou sommes-nous dans l’état de révolte du rebelle qui veut défier Dieu et contourner les obstacles ?



Après trois jours de jeûne, c’est aussi l’heure d’un premier bilan sur la manière dont nous avons passé ces dernières soirées de ramadan. La prière rituelle du Soubh, celle que nous célébrons à l’aube, est une manne dont le jeûneur se nourrit pour raffermir son intention de jeûner. Le repas du Sahor est une bénédiction que le jeûneur offre à son corps et dont il ne faut point le priver. Et se poser pour ouvrir le saint Coran, y lire les nobles versets est un geste simple et une source d’énergie pure que nous devons offrire en cadeau à notre âme de jeûneur.



Après trois jours de jeûne, nous devons faire ce bilan partiel avec foi et dans la recherche de l’obéissance à Dieu afin de nous tenir prêts pour la suite du chemin. Oui, ce bilan est à faire ! Et il nous faut le faire avant que nos habitudes inscrites dans le temps ne nous rattrapent et ne nous dépassent.

A toutes et à tous, bonne journée de jeûne.