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Tuerie d'Orlando : des condamnations unanimes et des interrogations

Rédigé par | Lundi 13 Juin 2016 à 18:05

Les réactions pleuvent pour condamner la fusillade d'Orlando, en Floride, qui a fait 50 morts dans une discothèque. L'attaque, revendiquée par l'Etat islamique, a été commis par un homme dont les motivations restent encore floues pour l'heure.



Dans la nuit du samedi au dimanche 12 juin, une fusillade a éclaté dans une boîte de nuit à Orlando, en Floride. Le bilan actuel fait état de 50 morts et 53 blessés et fait figure d’une des pires tueries de masse de l’histoire des Etats-Unis.

Le Pulse Club est une discothèque fréquentée par la communauté gay de la ville, plus particulièrement des Noirs et des Latinos. L’auteur de la tuerie a été identifié comme étant Omar Mateen, un Américain d’origine afghane né en 1986 à New York.* Quelques minutes avant d’entrer dans le club, il aurait appelé le numéro d’urgence 911 et aurait prêté allégeance à l’Etat islamique... A 2h du matin, armé d’un fusil d’assaut AR-15, il est entré dans la boîte de nuit et a ouvert le feu.

Le tireur a pris en otage les clubbeurs qui n’ont pas pu s’échapper. Une centaine d’officiers du bureau du shérif du comté d’Orange et de la police d’Orlando ont encerclé l’immeuble. Un contact a été établi avec le tireur mais la police locale a décidé pour l’instant de ne pas rendre compte du contenu des échanges. C’est vers 5h que les équipes de l’unité d’élite de la police, le SWAT, ont pris d’assaut le club. A 5h53, les forces de l’ordre ont annoncé avoir tué Omar Mateen. La police reconnaît que « plusieurs » des victimes ont été tuées lors de l’intervention du SWAT, sans préciser leur nombre.

Des interrogations mais des condamnations unanimes

Le FBI a ouvert une enquête pour « acte de terrorisme » mais pour l’heure, il n’a pas été établi qu’Omar Mateen a réellement été en contact avec l’Etat islamique jusqu'au soir de la tuerie. L’organisation terroriste a néanmoins revendiqué l’attaque, donnant à celui-ci une dimension terroriste que n'ont pas, dans le champ politique et médiatique, la plupart des tueries de masse, pourtant très fréquentes aux Etats-Unis.

Des éclaircissements sont encore nécessaires quant aux motivations de l'auteur, essentielles pour qualifier son geste, d'autant que Sitora Yusufiy, l'ex-femme du tireur, a déclaré qu'Omar Mateen, 29 ans, était atteint de troubles mentaux : « Quelques mois après notre mariage (en 2009), j’ai remarqué qu’il était instable et bipolaire, qu’il devenait furieux pour un rien. »

L'ensemble des organisations musulmanes américaines ont condamné sans attendre la fusillade, à l'image du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) qui a dénoncé « un crime de haine (…) qui viole nos principes, en tant qu’Américains et musulmans ». « Nous n’avons aucune tolérance pour l'extrémisme de toute nature. J'ai un mot pour l'EI et ses partisans. Comment voulez-vous vous tenir devant Dieu et répondre de vos crimes contre des milliers de personnes innocentes, musulmans, chrétiens et issues d’autres minorités? Vous ne parlez pas pour nous. Vous ne nous représentez pas. Vous êtes une aberration », a lancé Nihad Awad, directeur exécutif du CAIR, lors d'une conférence de presse.

Cette déclaration des plus claires n'a pas empêché Donald Trump de susciter la controverse en accusant les musulmans d'être complices du terrorisme. Le candidat républicain à la Maison Blanche a de nouveau appelé à l'interdiction d'entrée des musulmans non-américains aux Etats-Unis, oubliant... qu'Omar Mateen est un ressortissant américain.

Le débat sans fin sur le port des armes

Cet événement dramatique, décrit comme « le pire de l’histoire des Etats-Unis », relance une nouvelle fois - mais sans jamais ne trouver aucune issue - le débat sur le port d’armes aux Etats-Unis. L’AR-15 utilisé par Omar Mateen est l’arme de prédilection des tueurs de masse américains. En décembre 2015, elle a été employée par les assaillants de San Bernardino qui ont exécuté 14 personnes.

Quelques semaines plus tôt, un homme a abattu neuf personnes avec cette arme à l’Umpqua Community College, à Roseburg, dans l'Oregon, de même que lors de la tuerie de Newtown en 2012, qui avait fait 26 victimes dont 20 enfants dans une école primaire. Trois millions d’exemplaires de ce fusil d’assaut circulent actuellement aux Etats-Unis.

*Mise à jour mardi 14 juin : Le profil d'Omar Mateen se précise, des clients du Pulse le décrivant comme un habitué du club gay. Pour en savoir plus.

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