Sur le vif

Turquie: le Conseil de l'Europe s'insurge

Rédigé par Laila Elmaaddi | Lundi 30 Avril 2007 à 17:30



Lundi, le secrétaire général du Conseil de l'Europe, plus haute instance de défense des droits de l'homme de l'UE, a fait part de sa préoccupation après la prise de position de l'armée turque dans la crise politique actuelle en Turquie.

L'armée, engagée dans un bras de fer avec le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan qu'elle accuse de favoriser l'émergence d'un Etat islamique, a menacé vendredi d'intervenir dans la prochaine élection présidentielle.

"Ces déclarations apparaissent comme une tentative délibérée des forces armées d'influencer l'élection d'un nouveau président", a déclaré Terry Davies, secrétaire général du Conseil de l'Europe, dans un communiqué. "Elles devraient rester dans leur baraquements et demeurer en dehors de la politique".

Le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül, soutenu par le Parti de la justice et du développement (AKP), formation islamique modérée majoritaire au gouvernement, tente actuellement de se faire élire président de la Turquie par le Parlement du pays. Il fait face à l'opposition de l'armée, censée garantir la laïcité de l'Etat.

"Dans une démocratie, l'armée est sous le commandement des autorités de l'Etat démocratiquement élues", a estimé M. Davies. "Les forces armées n'ont aucune légitimité démocratique propre et ne peuvent donc pas jouer un rôle politique", a-t-il ajouté.

"Je suis choqué que l'armée dans un Etat membre du Conseil de l'Europe se conduise de cette manière au milieu d'un processus démocratique et constitutionnel", a affirmé M. Davies, invitant les partis politiques trucs "à prendre clairement position contre l'interférence des forces armées dans le processus politique".

Cet appel intervient au lendemain d'une manifestation géante en Turquie pour exiger la démission du gouvernement, et alors que Recep Tayyip Erdogan doit s'adresser ce lundi soir à la population.