Sur le vif

Un élu de Seine-Maritime accusé de possibles « dérives séparatistes » répond au Figaro

Rédigé par | Mercredi 19 Aout 2020 à 12:45



Brahim Charafi ne décolère pas. Ce conseiller municipal à Saint-Etienne de Rouvray (Seine-Maritime) a été désigné parmi des élus pour lesquels l'Etat s'inquièterait de possibles « dérives séparatistes ». Une inquiétude soulevée par Le Figaro dans un article paru samedi 16 août.

Brahim Charafi, qui avait réuni 13,6 % des voix avec sa liste « Osons ensemble l’avenir à Saint-Etienne de Rouvray » aux dernières élections municipales, est décrit par le journal comme un « imam, aumônier à la prison de Rouen, fondateur d’une librairie islamique où l’on trouverait des ouvrages fondamentalistes et auteur par le passé de déclarations antisionistes et anti-israéliennes ».

« Si l’info du Figaro est exacte, comment le gouvernement peut il accepter qu’un imam, fondateur d’une librairie islamiste "où l’on trouve des ouvrages fondamentalistes" soit aumônier à la prison de Rouen ? », a dénoncé sur Twitter le sénateur LR Bruno Retailleau.

« Contrairement à ce qui est écrit dans cet article du Figaro, cette personne n'est plus aumônier pénitentiaire depuis déjà plusieurs années... La détermination du ministère de l’Intérieur est totale contre le séparatisme », a répondu Gérald Darmanin, ne répondant que sur une partie des écrits délivrées par Le Figaro.

Même chose du coté du ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti, qui signale que l’information du Figaro est « fausse ». « Le gouvernement n’a donc rien "accepté". Pas plus que nos prédécesseurs puisque l’aumônier national musulman lui a retiré son habilitation mi-2016 ».

Que répond le principal concerné ?

L'élu local a démenti plusieurs allégations auprès du site d’information Actu. Il indique d'abord que sa librairie est « fermée depuis 2015, après un placement en liquidation judiciaire » et que ce commerce ne servait pas à « propager une idéologie ». « Supposer que j’avais des livres anti-juifs, c’est une insulte envers mes aïeuls juifs », a-t-il ajouté.

Quant à sa supposée identité « frériste », Brahim Charafi déclare n'avoir « jamais appartenu à un mouvement islamiste ou mystique » bien qu'il soit enseignant à l'Institut européen des sciences humaines (IESH) de Paris, à Saint-Denis. Il revendique ses critiques contre Israël mais au même titre que « n’importe quel autre Etat » et assure « défendre constamment les intérêts de la France, de la République, de la police et de la gendarmerie », comme un « simple citoyen intéressée par la vie publique ».

L’élu municipal a annoncé, mardi 18 août, son intention de porter plainte contre Le Figaro qui, déclare-t-il, « n’a même pas pris la peine de l’appeler ».

D’autres élus que Brahim Charafi sont pointés du doigt dans Le Figaro, notamment dans le Val d'Oise. Interrogé au sujet de l'article par Europe 1, le député Aurélien Taché affirme ne pas avoir constaté de telles dérives sur le terrain.

« S'il y a des gens qui, dans leur mandat de maire, posent des actes contraires à nos valeurs, il faut le condamner avec la plus grande fermeté », affirme le député Ecologie, démocratie, Solidarité dans la 10e circonscription valdoisienne. Néanmoins, « ne tombons pas dans le délit d'opinion et respectons la démocratie dans les communes où elle s'est exprimée ».

Le gouvernement entend présenter à la rentrée un projet de loi pour lutter contre le séparatisme religieux.

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