Sur le vif

Un militant contre l’islamophobie expulsé de Pologne, Cage accuse la France

Rédigé par Lina Farelli | Jeudi 5 Octobre 2023 à 12:45



Le directeur de Cage, Muhammad Rabbani, a déclaré avoir été interdit d'entrée en Pologne à la demande de la France. © Cage
L’association britannique de lutte contre l’islamophobie, Cage, a fait savoir, mardi 3 octobre, que son directeur, Muhammad Rabbani, s'est vu interdire l'entrée en Pologne, et met en cause le gouvernement français dans cette décision. L’activiste, qui accuse la France de mettre en œuvre une « persécution systématique des musulmans » sur son territoire, a été expulsé la veille, à son arrivée à Varsovie, où se tient une conférence organisée par le Comité de la dimension humaine de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Cage explique que Muhammad Rabbani, invité à l'événement, avait l’intention de « prononcer un autre discours critique contre l'islamophobie d'État en France », comme il l’avait fait en septembre 2022 devant l’OSCE. Le directeur de Cage avait alors accusé la France d’avoir lancé une « persécution religieuse » contre les musulmans... à l’image de ce que font la Chine aux Ouïghours et l’Inde aux minorités non-hindoues.

Ces virulentes critiques lui ont valu, selon l’association, d’être interdit d’entrée en France en juillet dernier. Les autorités avaient alors accusé son directeur de faire partie d’un « mouvement islamiste radical » et de répandre « des propos calomnieux » sur « une prétendue persécution islamophobe et sur la surveillance de masse exercée par les gouvernements occidentaux, y compris la France », rapporte The Guardian.

Les autorités polonaises ont montré à Muhammad Rabbani des documents indiquant qu'il leur avait été recommandé de refuser son entrée dans les pays européens mais, toujours selon le quotidien britannique, il ne ressort pas clairement que la France est responsable de cette recommandation d’interdiction européenne de voyager.

Muhammad Rabbani a affirmé, pour sa part, qu’il s’est vu notifié des Polonais qu’ils avaient « des instructions de la France ». Celle-ci « persécute sans relâche Muhammad Rabbani, un défenseur des droits humains, en étendant cette fois son influence à la Pologne au travers de l'abus du partage international d’informations entre États pour faire taire la dissidence », déplore Cage, qui dénonce « une attaque flagrante contre la liberté d’expression » et une « atteinte à la crédibilité de l’OSCE en tant que plateforme de dialogue et de défense des droits de l’Homme ».

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